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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - Abdel Rahim Diab, grand pêcheur devant le grand bleu, second au tournoi international « Sindbad » Le jeune homme et la mer

Il a « accroché à l’hameçon » à 4 ans à peine. La pêche a remplacé ses jeux d’enfant, les poissons ses jouets. Abdel Rahim Diab, plus connu sous le prénom de Abboudi, a poursuivi cette passion qui ne l’a plus lâché. Au «Sindbad Classic Sport Fishing Competition», tournoi international annuel de pêche au thon qui a lieu à Oman depuis 2005, son équipe a été classée deuxième. Il en est revenu avec deux thons de 89 et 83 kg, beaucoup de bonheur et un ticket pour participer à la Coupe du monde en avril 2008. Pour Abdel Rahim Diab, la pêche est un péché de gosse, qu’il continue à développer avec passion, du haut de ses 33 ans. Loisir plus que sport, moment de sérénité qui se transforme en corps à corps avec l’appât; chacun de ces moments vécus en pleine mer, avec la ville en arrière-plan, où qu’il soit dans le monde, est un moment indélébile. Il vendrait tout, sauf son âme, pour cela. «Lorsque j’étais célibataire, confie le bel homme, toutes les femmes me quittaient parce que la pêche passait avant elles!» Au risque même d’y laisser sa peau, il ne lâche pas. «J’ai été hospitalisé à trois reprises, complètement déshydraté et à bout de forces, après avoir passé plus de quatre heures à essayer d’attraper un thon. 200 kg à bout de bras, c’est violent, agressif et parfois dangereux. Mais tellement prenant!» Il aurait pu être mannequin, marin au flegme anglais, jeune armateur grec! Mais Abdel Rahim Diab a préféré s’occuper de l’entreprise familiale. Ayant grandi entre le Liban et l’Angleterre, il découvre ce loisir au cours de nombreux voyages en Égypte, chez des amis de son père. À 6 ans, il trimballe sa valise de pêcheur, plus grande que lui, et s’installe, petit bout de chou surprenant, auprès de pêcheurs adultes, amusés, qui lui apprendront tous les secrets. Conditions idéales, cycles lunaires, procédés, trucs et techniques divers. Sa passion demeure intacte, dédiée surtout à la pêche au thon, «le roi de la mer, le maître de l’océan». «J’aime la tranquillité de ces instants, poursuit-il, le regard déjà ailleurs. Le silence qui les entoure, l’odeur de la mer. Le paysage, en octobre ou novembre, à 30 km de la côte… C’est une vue que rien ne peut égaler…», précise «Docteur» Diab, qui devient en quelques instants Mister Abboudi. La tension monte et les poissons, presque métalliques, se laissent deviner sur la surface de l’eau. Le silence est rompu par le clapotis des vagues. La chasse est ouverte. Quelques «faux» petits poissons, glissés parmi les sardines tant appréciées par les thons, et le combat peut commencer. La sérénité disparaît très vite au profit d’une pression grandissante. Une mobilité du corps et du regard, une nervosité des gestes, une tension des muscles et la rigidité d’un bras qui ne doit pas lâcher prise avant de venir à bout de sa victime. «Il n’y a pas de plaisir à tuer un poisson, mais un immense frisson à l’attraper. Avec le temps, j’ai appris à devenir plus conservateur et respectueux de l’environnement. Je suis scandalisé par ceux qui abandonnent leurs poissons morts au port. Je ne pêche que quelques poissons. Et lorsqu’il y en a en surplus, je les distribue à des associations caritatives qui s’occupent de vieillards. Ou je les jette vivants à l’eau. Il faut rendre à la mer les bienfaits qu’elle nous donne.» Une victoire méritée «J’ai fait de la pêche à Hawaï, raconte Abdel Rahim Diab qui a retrouvé la sérénité du moment. À San Francisco, en Angleterre, en France, en Grèce, en Égypte, en Thaïlande, aux Émirats, aux îles Maldives, au Zanzibar et à Oman…» C’est là-bas que, il y a trois ans, il a pris part, avec dix compatriotes, à la première édition du «Sindbad Classic». Ils seront classés seconds sur 46. Cette année, il renouvelle l’exploit et représente le Liban sur le ShochoBoto, avec ses coéquipiers et amis Raed Dabbous et Fadi Haïdar. «La première journée était ratée. Le lendemain, je ne l’oublierai jamais, nous avons attrapé les plus grands poissons du tournoi.» Le dernier jour, les problèmes techniques de leur bateau vont gâcher une victoire méritée. Jugés sur les espèces et les kilos pêchés, le thon de 89 kg étant un exploit, ils seront encore une fois seconds. Mais avec, tout de même, une invitation à participer au World Cup of Fishing, au Mexique, en avril 2008. «Le pire, avoue-t-il avec un petit sourire, en guise de conclusion, alors que ses histoires aux goûts de sel et aux couleurs du soleil couchant continuent de bercer nos oreilles, c’est que je déteste la chasse! Certaines choses ne peuvent pas s’expliquer…» On voudrait bien le croire, car en parlant, ses yeux ont pris les teintes de la mer. Un mélange sucré-salé, comme cette partie de pêche qui vacille entre paix et guerre. Carla HENOUD
Il a « accroché à l’hameçon » à 4 ans à peine. La pêche a remplacé ses jeux d’enfant, les poissons ses jouets. Abdel Rahim Diab, plus connu sous le prénom de Abboudi, a poursuivi cette passion qui ne l’a plus lâché. Au «Sindbad Classic Sport Fishing Competition», tournoi international annuel de pêche au thon qui a lieu à Oman depuis 2005, son équipe a été classée...