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CIMAISES - Peintures, dessins et photos du cinéaste américain à la fondation Cartier Dans le labyrinthe onirique et torturé de Mr Lynch

Le cinéaste américain David Lynch entraîne le spectateur dans un labyrinthe d’images fixes où chacun doit mettre en jeu son imaginaire, prolongation du monde intériorisé et onirique, parfois sombre et même violent, qu’il déroule film après film, à la fondation Cartier à Paris. L’exposition «The Air is on Fire», jusqu’au 27 mai, est la première de cette ampleur par le nombre de toiles (une trentaine de 1988 à aujourd’hui), et de dessins et photos (une centaine), dont 80% n’ont jamais été montrés, que le maître en personne est venu présenter. «Peindre est le plus bel acte solitaire qui soit», explique celui qui fut peintre avant d’être cinéaste et de tourner Elephant Man, Blue Velvet, Mulholland Drive, ou Inland Empire plus récemment. Lynch, 61 ans, a lui-même créé la scénographie de l’exposition, de la moquette aux grands portants sur lesquels sont tendues les toiles dans les salles de la fondation conçue par Jean Nouvel, toute de verre et d’acier. Jusqu’à la bande son, au ton mystérieux et sombre, qui évolue si l’on appuie sur l’une des sept bornes sonores installées au milieu des œuvres. Dans ce monde très intériorisé rôdent des doubles: une série de toiles à dominante grise figurent un Bob dans lequel David Lynch reconnaît «pouvoir s’identifier». La violence fait irruption dans la grande toile Do you Really Want to Know What I Think? (Tu veux vraiment savoir ce que je pense?, 2003) qui montre un homme brandissant un couteau en direction d’une femme assise sur un sofa, culotte baissée et jambes écartées, et qui répond, dans une bulle de bande dessinée: «Non.» «Il y a de la violence mais en même temps de l’humour», souligne Hélène Kelmachter, conservateur de la fondation. «Et aussi la réinvention d’un monde à partir du côté organique – certaines toiles portent des mouches et de la viande séchée –, c’est un mot qui revient régulièrement quand il parle de sa peinture», relève-t-elle. Une série de photos de «nus déformés» sont réalisées à partir d’anciennes photographies érotiques. Invité à donner une explication sur cet amour de la métamorphose qui traverse l’ensemble de son œuvre, Mr Lynch répond sobrement: «Je ne sais pas.» Un refus d’explications qui, dans ses derniers films en particulier, déroute bon nombre de spectateurs et de critiques. Les œuvres «sont là, elles parlent par elles-mêmes (...). Le spectateur est en face d’une image et ouvre un cercle magique, alors ce que vous voyez est ce que vous en tirez», lâche l’artiste. «Je crois que les gens comprennent l’abstrait plus qu’ils ne le réalisent, assure-t-il à propos de ses films. Certains se sentent très bien de se sentir perdus pendant un moment, d’autres trouvent cela très frustrant.» L’exposition présente aussi une série de petits dessins, bon nombre sur des serviettes en papier et jusque sur des pochettes à allumettes. S’il les a gardés au fil des ans, et depuis son enfance, c’est parce que «toutes ces choses, vous ne savez pas où elles vont vous conduire. Parfois, ces esquisses vont grandir», explique Lynch. Quant aux visions parfois cauchemardesques reproduites dans ses œuvres, elles ne doivent pas induire en erreur sur leur auteur, adepte de la méditation transcendantale depuis 33 ans: «Je suis très heureux», affirme-t-il.
Le cinéaste américain David Lynch entraîne le spectateur dans un labyrinthe d’images fixes où chacun doit mettre en jeu son imaginaire, prolongation du monde intériorisé et onirique, parfois sombre et même violent, qu’il déroule film après film, à la fondation Cartier à Paris.
L’exposition «The Air is on Fire», jusqu’au 27 mai, est la première de cette ampleur par le nombre...