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Actualités - OPINION

La nausée

« Dieu, Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécutions. » Voltaire Une semaine noire s’inscrit dans le calendrier surchargé du Liban. Des événements tragiques où les Libanais assistaient stupéfaits à un spectacle d’horreur, de patrie en flammes et d’actes de vengeance irrationnels. Pourtant la prodigieuse aventure de la préhistoire est bel et bien finie, les hommes ont bien abandonné les grottes et se sont regroupés en fondant leur propre civilisation. Pourtant tous les protagonistes affirmaient sans cesse leur attachement à l’entente nationale et rejetaient fermement la guerre civile. L’image reflétée en ces journées n’était pas flatteuse. Nos leaders devraient se rendre compte de leurs échecs, de leurs crimes scandaleux et de leur rôle manipulateur. Ils ont transformé nos jeunes en idolâtres, en marionnettes. Ils ont semé, au fil des jours, la tension entre les Libanais par leurs calomnies et insultes mutuelles. Ils ont récolté avec bravoure une haine destructive, fruit incontestable de leurs différends. Hier, des vandales, à l’image de leurs maîtres, se sont battus les uns contre les autres. Des hommes primitifs, munis de bâtons, laissaient libre cours à leur appétit de déprédation. Des criminels bien dressés s’étaient acharnés sur les autres, pour les chasser de leurs propres pays, pour s’installer à leurs places et s’emparer de leurs droits. Bilan effectif de l’état d’âme des Libanais : un dégoût moral, une nausée intolérable, celle qui empêche de respirer, de vivre ou d’espérer. Il nous a fallu, en plus de la peur qui nous paralysait, supporter les apparitions des leaders sur nos écrans ainsi que la subtilité de leurs raisonnements. Ils ont osé nous conter leurs prouesses suite aux incidents, confirmer leur satisfaction pour certaines mesures et changements fructueux de dernière minute. Mais de grâce, où est la tolérance dans tous leurs actes ? Trente années de guerre civile n’ont-ils pas suffi à guérir leurs appétences meurtrières ? Et dire qu’ils sont tous en parfaites formes alors que le peuple crève tous les jours de leurs mauvaises gérances politiques, de leurs vanités. Trente années d’obscurantisme ont fait oublier à ces responsables les qualités de gouverneur et le sens de la démocratie. Ils s’accaparent du pouvoir contre vents et marées, jusqu’à l’anéantissement complet du Liban et de son économie. Il y a de quoi péter les plombs, les boulons, maudire notre sort et se lamenter sur notre destin ! Chers gouverneurs, rien ne justifie vos dérapages. Les Libanais sont abandonnés à eux-mêmes et traversent grâce à vous de terribles épreuves. Ils n’arrivent plus à travailler pour gagner leur vie ; le travail étant le seul remède contre l’ennui, le vice et le besoin. Il fallait vous conduire avec dévouement, comme une mère qui préserve l’entente dans son foyer. Il fallait sacrifier vos intérêts personnels pour faire prévaloir ceux du peuple. Observez la conduite d’une mère, elle aime tous ses fils, les accepte comme ils sont avec leurs différences. Elle aime le maillon le plus faible, le moins doué, l’entoure discrètement, lui donne confiance et le fait respecter de tous. Elle aime autant le plus fort, celui qui n’a plus besoin d’elle, qui vole de ses propres ailes et qui oublie ses appartenances. Une mère, quand elle s’énerve, ne brise pas son foyer, ne le pollue pas, ne l’incendie pas en voulant faire la leçon à tous. Elle protège sa famille et les biens des siens de tous les dangers extérieurs. Nous ne devrons plus être spectateurs face aux abus de pouvoir. Nous avons une seule vie et un seul devoir sur terre : celui d’être heureux. Nul ne doit nous enlever ce droit et nul ne doit nous anéantir. Un rassemblement sérieux des citoyens mécontents d’être si mal représentés est plus que nécessaire. Les émigrés libanais partout où ils se trouvent devraient œuvrer pour assumer leur responsabilité envers leur patrie trahie, pour exiger des changements radicaux en préconisant des élections libérales. Rien ne vaut la vie dans le bercail familial. « Depuis déjà six mille ans qu’il existe, le Liban vit dangereusement », Michel Chiha l’a parfaitement dit, mais par la tolérance nous pourrons changer les donnes, apaiser les tensions, choisir des représentants qui œuvreront pour tous, pour la civilisation et non la barbarie, pour la démocratie et non le despotisme, pour la transparence, pour l’État de droit et surtout pour la dignité de l’homme. Andrée SALIBI
« Dieu, Tu ne nous as point donné un cœur
pour nous haïr et des mains pour nous égorger ;
que toutes ces petites nuances qui distinguent
les atomes appelés hommes ne soient
pas des signaux de haine et de persécutions. »
Voltaire

Une semaine noire s’inscrit dans le calendrier surchargé du Liban. Des événements tragiques où les Libanais assistaient stupéfaits à un...