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20 ans après sa disparition, le précurseur du pop art connaît toujours un succès fou Andy Warhol, une célébrité sans égale, mais toujours un personnage mystérieux

Référence des artistes contemporains, chouchou des collectionneurs, Andy Warhol reste, 20 ans après sa mort, un perpétuel objet de fascination, d’autant que le personnage, multiple et complexe, garde une grande part de mystère. «Tous (les artistes) sont influencés par lui d’une manière ou d’une autre, sa créativité était sans bornes », dit Carol Diehl, peintre et critique new-yorkaise, pour qui le travail du plasticien américain, décédé à 58 ans le 22 février 1987, relevait du « magique ». Loin du scandale des années 1960 quand Warhol embrassa le consumérisme avec ses tableaux « Campbell’s Soup », ses œuvres aujourd’hui s’arrachent (jusqu’à ses perruques argentées, dont une s’est vendue 10 800 dollars en 2006 chez Christie’s). En novembre, son « Mao » a battu un record pour l’artiste, à 17,3 millions, payés par un milliardaire de Hong Kong. Le 8 février, un « Brigitte Bardot » trouvait preneur à Londres pour 10,6 millions. « Le marché de Warhol est en croissance exponentielle et chaque saison semble aller plus haut », relève Robert Manley, directeur de l’art contemporain chez Christie’s New York, qui évoque une demande venue du monde entier. « Les artistes au style si reconnaissable exercent un puissant attrait. Si quelqu’un veut monter une collection majeure, il pense à Warhol. » Pour Donna De Salvo, conservatrice au Whitney Museum of American Art et autorité sur Warhol, il fut celui qui mena la grande transition de l’art contemporain : « Son legs majeur est sa volonté d’explorer des terrains nouveaux. » L’artiste cumule les supports : peinture, photo, film. Il utilise des techniques « normalement jugées inappropriées », mêlant photo sérigraphiée et peinture : « Cet acte radical changea le cours de la peinture et annonça des changements pour la photo... Il fit exploser les frontières. » Warhol, qui à son arrivée à New York débuta dans l’illustration pour la publicité, comprit très tôt le pouvoir de l’image, et fut d’ailleurs précurseur dans l’art de s’en créer une, lui si fasciné par la célébrité. Son air mystérieux, son art d’éluder les questions, la vie de la « Factory », son atelier où évolue un entourage bigarré, tout alimente le mythe, même si beaucoup regrettent que cela tende à faire oublier son œuvre. « Son travail est tellement plus complexe que la simplicité apparente, insiste Mme De Salvo. Il a montré le bon et le mauvais de la culture américaine, du consumérisme, de la politique. Prenez l’image de la “Chaise électrique”... Je ne crois pas que Warhol ait été ouvertement politique, mais son art l’est. Il a saisi quelque chose de l’âme américaine, à la fois sombre et optimiste. » Selon elle, « toute une génération d’artistes lui est redevable, et l’admire : Jeff Koons, Damien Hirst... » Là encore, l’art de parler de l’Amérique, de sa noirceur. Carol Diehl cite en possible « fils » de Warhol le Danois Olafur Eliasson : Warhol « incarnait son époque, et ses successeurs se doivent d’incarner la leur ». Souvent, un mot revient pour qualifier le roi du pop art : « observateur ». Mais l’homme lui-même reste insaisissable, catholique pratiquant, issu d’une famille modeste, installé avec sa mère dans une maison du chic Upper East Side, et travaillant à transformer en art jusqu’aux actes les plus autodestructeurs en pratique dans sa Factory en ces temps de « swinging sixties ». Donna De Salvo, qui l’a connu, décrit un homme « gracieux, brillant, affreusement timide ». « Il adorait regarder, et la Factory était cet endroit d’où observer les gens... Certains qui l’ont connu dans les années 1950 ont coupé les ponts quand la Factory a commencé parce que cet homme doux et calme avait disparu. Il avait développé un personnage. » « Il alternait entre la Factory et une vie privée plus conservatrice. Voilà pourquoi, je pense, les gens n’ont jamais connu le vrai Warhol. Peut-être ses amis proches. Il cultivait une sorte de détachement affectif, et beaucoup de gens lui en veulent. »
Référence des artistes contemporains, chouchou des collectionneurs, Andy Warhol reste, 20 ans après sa mort, un perpétuel objet de fascination, d’autant que le personnage, multiple et complexe, garde une grande part de mystère.
«Tous (les artistes) sont influencés par lui d’une manière ou d’une autre, sa créativité était sans bornes », dit Carol Diehl, peintre et critique...