L’accord avec Pyongyang n’est guère reproductible avec l’Iran, estiment des experts

L’accord en vue de démanteler progressivement les installations nucléaires de la Corée du Nord, avec participation américaine, n’apparaît guère comme un modèle pour résoudre la crise iranienne, l’autre grande menace de prolifération atomique, selon des analystes. « Le cas de la Corée du Nord ne change rien en ce qui concerne l’Iran. Ce sont des pays différents dans des contextes différents », a déclaré à l’AFP un diplomate européen de haut rang en poste à Vienne, où se trouve le siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). La Corée du Nord est en effet un État paria, exsangue économiquement, alors que l’Iran est une puissance régionale reconnue, font remarquer les analystes. Selon l’expert en non-prolifération Mark Fitzpatrick, de l’Institut international de recherches stratégiques (IISS) à Londres, cet accord pourrait même constituer « un dangereux précédent » vis-à-vis de l’Iran, soupçonné par l’Occident de vouloir mettre au point l’arme nucléaire. « Le cas nord-coréen prouve que si vous agissez de façon provocante, si vous concevez et testez des armes atomiques, les grandes puissances vous prêteront attention », a-t-il déclaré. « C’est une leçon dangereuse, si c’est l’enseignement qu’en tire l’Iran », a commenté Mark Fitzpatrick, rappelant qu’à la différence de Téhéran, Pyongyang avait réussi à fabriquer une bombe nucléaire, ce dont l’Iran est encore loin. En outre, contrairement à la Libye qui avait accepté de livrer tous ses équipements nucléaires en échange d’aide internationale, la Corée du Nord « ne livrera rien » de ses équipements, a relevé M. Fitzpatrick. À la différence toutefois de la Corée du Nord, pays isolé, « l’Iran veut faire partie du monde. Ce sont des gens qui ont une conscience internationale », a expliqué l’expert.