Rechercher
Rechercher

Actualités

Guinée - Au moins 4 personnes tuées par les forces de l’ordre L’armée détient désormais les rênes du pouvoir pour une période de onze jours

Avec l’instauration d’un état de siège aux très sévères restrictions, l’armée guinéenne, sur laquelle s’appuie le président Lansana Conté depuis son accession au pouvoir en 1984, détient désormais tous les pouvoirs, avec les risques que cela représente. L’annonce lundi soir de l’instauration de l’état de siège « est un message très clair adressé par le président à son armée : il faut tout faire pour rétablir l’ordre. Maintenant tout dépend de la façon dont cela va être interprété », estime Dustin Sharp, un responsable de Human Rights Watch (HRW) en mission en Guinée. Le décret présidentiel instaurant l’état de siège signé lundi soir par le président guinéen prévoit le transfert de l’autorité civile à l’armée pour une durée de onze jours. Dans la banlieue de Conakry et dans la plupart des villes de province hier, seuls militaires, policiers et gendarmes armés occupaient les rues. Certains tirant en l’air pour intimider la population. « C’est un danger car l’armée détient désormais le pouvoir, les soldats peuvent aller au domicile des gens pour piller et ressortir tranquillement. On s’attend à de nouvelles exactions » après celles qui avaient été déplorées lors de la grève générale de janvier, explique Souleymane Diallo, éditorialiste et directeur du groupe de presse guinéen Le Lynx/La Lance. Le chef de l’État, âgé de 72 ans et au pouvoir depuis 23 ans, a demandé à l’armée de « prendre toutes les dispositions » pour contrer une contestation croissante qui a fait plus d’une centaine de morts depuis début janvier. L’état de siège prévoit notamment l’interdiction de « cortèges, défilés et manifestations », ainsi que des « réunions publiques ou privées propres à provoquer ou entretenir le désordre ». « Des perquisitions de jour et de nuit » sont désormais autorisées et de très sévères restrictions sur la presse sont instaurées. « Quand on lit le décret (d’état de siège), on a l’impression que tout est permis, c’est très dangereux. On a vu le comportement des forces de l’ordre en janvier. Ils ont maintenant une sorte de carte blanche », poursuit M. Sharp. Cette situation, fait naître de nombreuses spéculations sur ce que sera le comportement de l’armée, forte d’environ 10 000 hommes, qui aurait toute latitude pour faire basculer le pouvoir. « Même si l’état de siège prend fin le 23 février, l’armée sera désormais omniprésente dans les hautes sphères de l’État », prévient un haut gradé sous le couvert de l’anonymat. Selon la Constitution, le décret proclamant l’état de siège cesse d’être en vigueur après douze jours, à moins que l’Assemblée nationale, saisie par le président de la République, n’en autorise la prorogation pour un délai qu’elle fixe. Dans ce contexte, quatre personnes n’ayant pas respecté le couvre-feu ont été tuées par les forces de l’ordre hier à Labé, dans le centre de la Guinée, selon des témoignages recueillis par l’AFP. Il s’agit des premiers incidents mortels depuis l’instauration de l’état de siège qui prévoit un couvre-feu de 20 heures sur 24. À Dinguiraye (Nord), trois personnes qui refusaient de rentrer chez elles pendant le couvre-feu ont été blessées par un militaire qui a été ensuite battu et grièvement blessé par des habitants en colère, selon des témoins. Il a échappé au lynchage grâce à l’intervention de ses collègues, selon des témoignages. Enfin, les États-Unis ont envoyé en Guinée un avion pour transporter vers le Sénégal des citoyens américains bloqués en raison des violences meurtrières de ces derniers jours, a indiqué hier l’ambassade américaine à Dakar, qui s’est refusé à parler d’évacuation.

Avec l’instauration d’un état de siège aux très sévères restrictions, l’armée guinéenne, sur laquelle s’appuie le président Lansana Conté depuis son accession au pouvoir en 1984, détient désormais tous les pouvoirs, avec les risques que cela représente.

L’annonce lundi soir de l’instauration de l’état de siège « est un message très clair adressé par le...