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La mort de milliers d’Italiens victimes du régime communiste de Tito en ex-Yougoslavie refait surface Vifs échanges entre Rome et Zagreb autour de la Seconde Guerre mondiale

Épisode « oublié » de la Seconde Guerre mondiale, la mort de milliers d’Italiens victimes du régime communiste de Tito en ex-Yougoslavie a brusquement refait surface dans les relations italo-croates et provoqué un regain de tension entre Rome et Zagreb. Le chef de la diplomatie italienne Massimo D’Alema devait recevoir l’ambassadeur croate, convoqué d’urgence après les déclarations du président Stipe Mesic accusant Rome de « racisme, de révisionnisme historique » et d’une « volonté de revanche politique ». Le président croate visait l’hommage rendu samedi par son homologue italien Giorgio Napolitano à l’occasion du « Jour du souvenir », un discours où il a évoqué un « mouvement de haine et de furie sanguinaire, un dessein d’annexion slave (...) qui prit les sinistres contours d’un “nettoyage ethnique” ». En Italie, les massacres perpétrés dans cette région qui comprend aujourd’hui le Frioul-Vénétie-Julienne (nord-est de l’Italie) ainsi que l’ouest de la Slovénie et de la Croatie, sont appelés les « Foibe », du nom des cavités naturelles en formes de grottes ou furent jetées les victimes. La répression du régime de Tito visait alors les militants fascistes du régime mussolinien, mais aussi tous ceux qui s’opposaient à l’annexion du nord-est de l’Italie par l’ex-Yougoslavie, ainsi que des anticommunistes et des nazis. À Rome, le discours de Giorgio Napolitano a été accueilli comme un acte de courage de la part d’un ancien membre du puissant Parti communiste italien (PCI, aujourd’hui dissous), qui s’était employé pendant des décennies à enfouir cette page d’histoire pour ne pas gêner ses relations avec l’ex-Yougoslavie de Tito. Peu d’historiens italiens se sont intéressés aux « Foibe » depuis la Seconde Guerre mondiale et les estimations sur le nombre de victimes oscillent entre 5 000 et 20 000. Le « Jour du souvenir » des « Foibe » n’a été instauré qu’en 2004, à l’initiative de l’ancien président Carlo Azeglio Ciampi (1999-2006). Côté croate, on reproche au discours de M. Napolitano de faire l’impasse sur le « contexte historique », notamment l’occupation sanglante de plusieurs régions de l’ex-Yougoslavie par les troupes fascistes pendant la guerre de 1939-45. « Le président croate s’est récemment prononcé à plusieurs reprises et clairement pour la condamnation de tout crime commis par les “vainqueurs”, avant et après la Seconde Guerre mondiale », a souligné la déclaration de la présidence croate. M. Mesic s’est dit en revanche « opposé à toute tentative d’occulter les faits ou d’essayer de transformer en vainqueurs les perdants de l’histoire ». Mais les accusations de « racisme » et de « révisionnisme historique » ont fait hurler la classe politique italienne, qui a pris la défense du président Napolitano dans un rare moment d’unanimité droite-gauche. « Nous avons pris contact avec le Premier ministre croate pour exprimer notre mépris contre ces paroles absolument injustifiées », a déclaré hier le chef du gouvernement italien Romano Prodi, depuis l’Inde où il est en visite. De son côté, l’ex-ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini, leader du parti de droite Alliance nationale, né en 1994 sur les décombres du mouvement postfasicte MSI, a estimé que les « paroles de Mesic créent plus d’un problème, parce qu’un pays peut entrer dans l’UE surtout s’il respecte la vérité historique ». La Croatie a entamé en 2005 des négociations d’adhésion à l’UE.

Épisode « oublié » de la Seconde Guerre mondiale, la mort de milliers d’Italiens victimes du régime communiste de Tito en ex-Yougoslavie a brusquement refait surface dans les relations italo-croates et provoqué un regain de tension entre Rome et Zagreb.

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