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Égypte - La police est la cible d’accusations croissantes pour la brutalité de ses méthodes Les services de sécurité mis en cause dans un nouveau cas de torture

Un nouveau cas de torture a récemment été révélé par la blogosphère égyptienne, mettant en cause les redoutés services de sécurité de l’État au moment où la police est la cible d’accusations croissantes pour la brutalité de ses méthodes. Hier, la justice n’avait toujours pas décidé de la poursuite ou non d’un procès contre un officier des services de sécurité de l’État, Achraf Safwat, accusé d’avoir torturé jusqu’à la mort un Égyptien il y a trois ans et demi. Une décision est cependant attendue depuis samedi. « L’aspect le plus significatif de cette affaire est qu’il s’agit du premier officier de la sécurité de l’État à être véritablement traduit devant une cour criminelle », estime Mohsen Bahnasi, membre de l’Association des droits de l’homme et de l’assistance légale (Ahrla). L’association est très impliquée dans le procès et cherche à faire en sorte qu’il ne soit pas étouffé. Le 16 septembre 2003, Mohammad Abdel Qader et son frère avaient été convoqués à un poste de police du Caire par Safwat. Cinq jours plus tard, Mohammad Abdel Qader était mort. Le 20 janvier 2007, un blog a publié des photos de son corps malmené et des extraits du rapport d’autopsie. D’après le texte, « il y a la preuve de l’application de température élevée sur les côtés droit et gauche de la poitrine et le pénis, ressemblant aux conséquences d’une électrocution avec un câble électrique ». Mohammad Abdel Qader « a été soumis à ces blessures quelques heures avant sa mort », précise le rapport. L’affaire a traîné en raison de la lenteur des procureurs et du manque de coopération des services de sécurité, à quoi est venue s’ajouter la décision de la famille de Mohammad Abdel Qader d’abandonner les poursuites. Ces derniers mois, les affaires de torture ont pourtant gagné de la visibilité en Égypte en raison d’une blogosphère énergique, qui a publié des photos, des vidéos et des témoignages de la brutalité dans les postes de police. Houssam el-Hamalawy, qui a mis en ligne les photos de Mohammad Abdel Qader, n’est pas surpris que les blogueurs s’intéressent à de telles affaires. « Les blogueurs eux-mêmes ont été victimes de torture ces dernières années », selon lui. Les accusations de torture, dont des ONG estiment qu’elle est une pratique courante en Égypte, contredisent la position des autorités, pour qui elle est du fait de quelques individus. La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur Habib al-Adly a fortement critiqué les blogueurs, en condamnant leur « campagne délibérément antipatriotique, qui frappe un service national cherchant la stabilité du pays ». Il a fallu sept mois pour que Safwat réponde à la citation à comparaître. Et lorsqu’il l’a fait, c’est avec son propre rapport d’autopsie qu’il s’est présenté, affirmant que les brûlures avaient été causées par un défibrillateur utilisé après que Mohammad Abdel Qader eut été victime d’une attaque cardiaque. Un comité spécial d’experts a ensuite mené une nouvelle autopsie, basée sur les photos et les documents disponibles, concluant qu’il y avait bel et bien eu torture et ouvrant la voie à un procès en juin 2006. Mais en novembre, l’avocat d’Achraf Safwat a produit un document signé par la famille de Mohammad Abdel Qader, dans lequel elle annonçait retirer la défense au président de l’Ahrla, Tariq al-Khater, et abandonner le procès en civil contre l’officier. M. Khater se dit convaincu que les services de sécurité de l’État ont fait pression sur la famille, désormais injoignable, en menaçant le frère de Mohammad Abdel Qader, toujours détenu, Sameh. Pour lui, ce type de procès est toujours caractérisé par des reports répétés et par le fait de permettre aux officiers soupçonnés de rester libres durant le procès. « Les procureurs sont de mèche avec la police en Égypte », a assuré M. Khater, qui tente aujourd’hui de rester impliqué en cherchant à représenter les trois filles de Mohammad Abdel Qader.
Un nouveau cas de torture a récemment été révélé par la blogosphère égyptienne, mettant en cause les redoutés services de sécurité de l’État au moment où la police est la cible d’accusations croissantes pour la brutalité de ses méthodes.
Hier, la justice n’avait toujours pas décidé de la poursuite ou non d’un procès contre un officier des services de sécurité de...