Rechercher
Rechercher

Actualités

Depuis 1947, l’Inde et le Pakistan s’affrontent pour revendiquer leur souveraineté sur la province himalayenne Le Cachemire, plus qu’un différend frontalier, un conflit identitaire Dossier réalisé par Antoine AJOURY

Pas un jour ne passe sans que les violences ne fassent plusieurs victimes au Cachemire. Depuis exactement 60 ans, le conflit entre le Pakistan et l’Inde sur l’État du Jammu-et-Cachemire a fait des centaines de milliers de morts et de blessés. Le conflit opposant l’Inde et le Pakistan au sujet du Cachemire trouve son origine dans la partition du sous-continent indien opérée par les Britanniques en 1947. Ainsi, lors de l’indépendance des deux pays, les régions dont la majorité de la population était musulmane sont devenues automatiquement pakistanaises, alors que les États à prédominance hindoue ont été rattachés à l’Inde. En principe, les États princiers, qui avaient conservé une forme d’autonomie, avaient le choix de rallier l’un ou l’autre pays nouvellement constitué. L’État de Jammu-et-Cachemire entrait dans cette dernière catégorie. Située entre l’Inde et le Pakistan, cette région comprenait une majorité musulmane favorable au rattachement à Islamabad, mais elle était gouvernée par un maharadja hindou qui a finalement choisi de se rattacher à l’Inde. Dans un premier temps, le prince Hari Singh a tergiversé, refusant de choisir entre les deux pays. Mais victime de raids de tribus venues du côté pakistanais appuyées par une partie de la population locale, le souverain du Cachemire a demandé l’appui de l’armée indienne pour contrer ces attaques. Dans le conflit qui s’en est suivi, opposant les troupes indiennes à celles du Pakistan, cet État s’est retrouvé divisé en deux parties : la première, au nord, appelée « Azad Cachemire » (le Cachemire libre), occupée par les troupes pakistanaises, et la seconde, au sud, rattachée à l’Union indienne avec un statut particulier. À la demande de l’Inde, l’ONU est intervenue et un accord de cessez-le-feu a été conclu en 1949. Un référendum d’autodétermination aurait dû être organisé, mais l’Inde s’y est refusée par la suite. Deux autres guerres ont lieu en 1965 et en 1971 entraînant également une série de résolutions de l’ONU qui resteront lettre morte. En 1998, les deux adversaires sont devenus des puissances nucléaires. Une 4e guerre a failli éclater en 2002, à la suite d’un attentat mené à proximité du Parlement de New Delhi et attribué à des séparatistes islamistes. Seule l’intervention des États-Unis, à l’époque, a permis d’éviter la catastrophe. En effet, depuis un certain temps, l’affrontement entre les deux frères ennemis se faisait à travers les groupes séparatistes cachemiris, entraînés au Pakistan et qui combattaient les troupes indiennes. Toutefois, avec le temps, cette lutte indépendantiste s’est transformée en une guerre terroriste menée essentiellement par les radicaux islamistes à l’instar des moujahidine afghans. La stratégie de défense indienne ne fut d’ailleurs pas meilleure. Plusieurs observateurs étrangers et des ONG ont dénoncé à plusieurs reprises d’importantes violations des droits humanitaires à l’encontre des populations, faites par les troupes régulières ou paramilitaires indiennes. Cette rivalité ininterrompue entre l’Inde et le Pakistan montre ainsi à quel point le conflit qui oppose ces deux pays au sujet du Cachemire est profond et se trouve au cœur de la rivalité entre Islamabad et New Delhi. La difficulté à résoudre cette question tient à l’identité même des deux États et non pas à un simple différend frontalier. Les deux adversaires revendiquent chacun la souveraineté sur la totalité du territoire concerné. En effet, le Pakistan a été conçu, dans l’esprit de ses fondateurs, comme la « terre d’accueil » des musulmans du sous-continent. Le pays restera ainsi incomplet tant qu’il n’intégrera pas la région du Jammu-et-Cachemire. C’est dans ce contexte que le gouvernement pakistanais a instauré le 5 février une journée spéciale de solidarité avec le peuple cachemiri pour appuyer son droit légitime à l’autodétermination. Parallèlement, à New Delhi, la difficulté de traiter ce sujet tient aux circonstances dans lesquelles l’Inde a acquis son indépendance. Le pays est attaché à son identité laïque malgré sa majorité hindoue, et il entend dès lors conserver sa seule province à majorité musulmane. En cas d’échec, l’Inde redoute un effet de domino concernant d’autres régions qui seraient, à leur tour, tentées par le séparatisme.
Pas un jour ne passe sans que les violences ne fassent plusieurs victimes au Cachemire. Depuis exactement 60 ans, le conflit entre le Pakistan et l’Inde sur l’État du Jammu-et-Cachemire a fait des centaines de milliers de morts et de blessés.
Le conflit opposant l’Inde et le Pakistan au sujet du Cachemire trouve son origine dans la partition du sous-continent indien opérée par les...