Kosovo Ahtisaari présente son plan, Belgrade rejette, Pristina approuve

Le médiateur de l’ONU, Martti Ahtisaari, a présenté hier un plan qui ouvre la voie à une forme de souveraineté pour le Kosovo, provoquant un rejet de Belgrade sans même avoir évoqué l’indépendance, réclamée par les Kosovars albanais. Les leaders serbes et kosovars albanais ont interprété de la même manière les propositions que M. Ahtisaari a présentées successivement à Belgrade et Pristina, estimant qu’elles conduiraient à terme à une indépendance du Kosovo. « Le plan Ahtisaari ouvre la possibilité d’un Kosovo indépendant (...) la Serbie et moi-même, en ma qualité de président, n’accepterons jamais l’indépendance du Kosovo », a dit le président serbe Boris Tadic, considéré comme un réformateur proeuropéen. Et le Premier ministre serbe sortant, Vojislav Kostunica, a qualifié d’« illégitime » le plan de M. Ahtisaari, qu’il a accusé d’avoir « clairement outrepassé son mandat ». Pour sa part, le président kosovar Fatmir Sejdiu a déclaré que la proposition du médiateur de l’ONU « aboutira à un État indépendant du Kosovo », en soulignant que les leaders kosovars l’acceptaient et présenteraient « très rapidement » commentaires et suggestions. M. Ahtisaari a pourtant pris soin de ne pas utiliser le mot d’« indépendance » pour ne pas irriter Belgrade et donner ainsi une chance à de nouvelles négociations entre responsables serbes et kosovars albanais. « Nous avons l’intention d’inviter les parties à de nouvelles consultations (...) un compromis est important et ce n’est qu’après que je finaliserai ma proposition pour le Conseil de sécurité » de l’ONU, a-t-il dit à Belgrade. Mais il s’est déclaré pessimiste sur la possibilité d’un compromis. Ses propositions reposent sur des éléments-clés qui pour être mis en œuvre nécessitent effectivement un compromis entre Belgrade et Pristina. Le médiateur de l’ONU propose, d’une part, que le Kosovo obtienne les symboles d’un État avec en particulier une Constitution, un hymne et un drapeau, mais, d’autre part, qu’il accepte d’accorder une très large autonomie aux quelque 100 000 Serbes restés au Kosovo après le conflit de 1998-1999. Les nouvelles consultations proposées par M. Ahtisaari doivent avoir lieu du 12 au 23 février à Vienne.