Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le mouvement sera un test majeur pour la mobilité, l’efficacité et le sang-froid de l’armée et des FSI Avec la grève générale, l’opposition joue son va-tout aujourd’hui Fady NOUN

En campagne depuis début décembre, l’opposition joue aujourd’hui son va-tout, avec un appel à la grève générale, alors même que le Premier ministre, Fouad Siniora, s’apprête à prendre l’avion pour Paris, où s’ouvre, jeudi, le forum économique Paris III. Le mouvement, qui est destiné à se prolonger, en principe, jusqu’à la chute du gouvernement, s’affirme démocratique. Mais le ton des harangues mobilisatrices du général Michel Aoun et de Hassan Nasrallah ne laissent aucun doute sur sa nature. Le secrétaire général du Hezbollah a évoqué en soirée, pour la première fois, la possibilité d’un effondrement des forces de l’ordre, en cas de confrontation avec les manifestants, mais a assuré que le Hezbollah ne se laissera entraîner ni à une guerre civile ni à une guerre confessionnelle. Pour éviter les « incidents » – « certains droits seront bafoués », a-t-il dit –, le général Aoun a « conseillé » aux Libanais de rester chez eux. Pneus enflammés acheminés par milliers, carcasses de voitures et camions de sable déchargés sur les voies de communication et les grands carrefours devraient perturber la circulation dès l’aube, selon des informations. Il s’agira d’un test pour la mobilité, l’efficacité et le sang-froid des forces de sécurité. En soirée, un incident mineur a été signalé à Saïda où une bombe sonore a été jetée sur la corniche du front de mer. Mais la coupure des routes pourrait aussi rapidement se retourner contre les grévistes eux-mêmes, qui pourraient se voir isolés dans leurs propres fiefs. Le Premier ministre a demandé aux Libanais de ne pas se laisser effrayer et assuré que « la discorde ne sera pas ». « Nous continuerons à agir avec l’immense majorité des Libanais pour la vie, la liberté et l’avenir, face aux irréductibles de la paralysie, de la destruction et du chaos. » M. Siniora avait affirmé, plus tôt en cours de journée, que l’armée et les FSI veilleront à ce que l’ordre public ne soit pas troublé. Mais il existe évidemment un risque qu’elles soient débordées par des mouvements bien planifiés. L’un des défis majeurs que va devoir relever l’armée est d’ailleurs le maintien de la circulation sur le boulevard de l’aéroport. Il va de soi, par ailleurs, que si dans les quartiers et villes à prédominance confessionnelle musulmane, le mouvement de grève sera facilement suivi ou ignoré, il n’en ira pas de même dans les régions chrétiennes. C’est dans les régions chrétiennes, en effet, que les frictions seront le plus à craindre, si les grévistes adoptent un profil d’action agressif. Un appel inhabituel du patriarcat maronite a reflété cette préoccupation, pour la plus grande irritation du général Aoun. La lecture politique de ces développements est malheureusement simple, a affirmé hier soir à L’Orient-Le Jour une source ministérielle. Cette escalade reflète l’échec des négociations entre Ryad et Téhéran pour un règlement de la crise au Liban. Un torpillage signé Damas. L’enjeu régional de la crise libanaise, de plus en plus clair, s’est reflété dans de nombreuses déclarations, notamment celle de M. Siniora et d’autres chefs de file du 14 Mars. Pour sa part, l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, qui se trouvait hier chez Nabih Berry, a répété que Paris III profiterait à tous les Libanais. Et d’abord, signale-t-on, aux centaines de milliers de fonctionnaires qui, sans Paris III, pourraient cesser de toucher leurs salaires dans quelques mois. La CGTL a décidé d’emboîter le pas au mouvement de grève. Dommage ! Dans sa liste revendicative, il existe des demandes légitimes. Hélas, elles se retrouvent noyées dans l’anarchie d’un mouvement hautement politisé qui en fausse totalement la portée.
En campagne depuis début décembre, l’opposition joue aujourd’hui son va-tout, avec un appel à la grève générale, alors même que le Premier ministre, Fouad Siniora, s’apprête à prendre l’avion pour Paris, où s’ouvre, jeudi, le forum économique Paris III.
Le mouvement, qui est destiné à se prolonger, en principe, jusqu’à la chute du gouvernement, s’affirme...