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EXPOSITION - Une vie politique intense en photos au palais de l’Unesco, jusqu’au 26 janvier Saëb Salam, un rassembleur et un juste

Dans les années 80, l’ancien Premier ministre Saëb Salam a lancé cette boutade émouvante et brûlante d’actualité : «Enlevez donc ces barricades qui les séparent et vous verrez les Libanais s’étouffer à force de s’embrasser.» L’homme à l’œillet et au cigare faisait partie de cette poignée d’hommes qui ont marqué de leur empreinte le premier siècle de la république libanaise indépendante. Il était également l’inventeur de slogans immortels, qui parvenaient à dissiper les querelles et à instaurer la paix entre toutes les familles libanaises. «Nous voulons un seul Liban, pas deux», «Ni vainqueur ni vaincu». Des mots qu’il serait bon de graver dans les têtes et dans les cœurs, et de brandir face à tous les discours fielleux, hypocrites ou vides que l’on entend à longueur de journée. C’est à Saëb Salam, l’un des artisans de l’indépendance, mais également le fervent défenseur de la coexistence, que Georges Zeenni consacre aujourd’hui une exposition de photographies. Plus de 150 panneaux disposés par thèmes retracent les grands moments de la vie de ce vétéran de la politique libanaise. Au palais de l’Unesco, jusqu’au 26 janvier, de 10h00 à 20h00. Les Libanais se souviennent de lui comme étant un rassembleur et un juste. Saëb Salam a mené une vie politique intense : il a été six fois Premier ministre et six fois député. De 1943 à 1984, il a alterné les périodes au pouvoir et dans l’opposition. «Ce militant qui ne baissait jamais les bras a marqué le siècle dernier par sa personnalité remarquable, son courage unique, ses grandes réalisations et sa réputation irréprochable, sur les plans local, régional et international», souligne le curateur de l’exposition. Sa carrière politique se résume, grosso modo, à trois grandes périodes: le nationaliste arabe des années cinquante, l’allié du Helf chrétien au tournant de la décennie suivante et, enfin, l’ardent défenseur du Pacte national durant les années de guerre. C’est peu avant l’indépendance que Saëb Salam est élu pour la première fois député de Beyrouth. Né en janvier 1905, l’homme est issu d’une famille de notables sunnites ; son père, Salim Salam, fut un homme politique important de la période ottomane. Opposé au mandat français comme à la domination britannique, Saëb Salam est de ceux qui militent pour l’indépendance du pays. C’est chez lui que se réunissent les élus indépendantistes lorsqu’en 1943 la puissance mandataire enferme, dans la citadelle de Rachaya, Béchara el-Khoury et Riad el-Solh, qui viennent de jeter les bases du «Pacte national» libanais. Chez lui aussi qu’est approuvé le drapeau national. Saëb Salam entre au gouvernement en 1945 et devient Premier ministre, pour la première fois – il le sera à de multiples reprises –, en 1952. À cette époque, il se sent proche des nassériens et s’oppose, en 1958, à la politique prooccidentale de Camille Chamoun. Il sera, à partir de 1975 et pendant toute la guerre civile, un inlassable avocat de la coexistence entre chrétiens et musulmans. Fin négociateur, il joue les bons offices entre Yasser Arafat et le négociateur américain Philip Habib dont l’accord mettra un terme à la présence militaire palestinienne au Liban. Par la suite, sa prise de position en faveur du traité signé avec Israël par Amine Gemayel lui vaut la disgrâce de Damas. Victime de deux tentatives d’assassinat, il s’exile quelque temps à Genève. Rentré au Liban en 1994, il meurt en 2000. Chasseur et nageur émérite, Saëb Salam avait épousé en 1941 Tamima Rida Mardam Bey et a eu d’elle cinq enfants, deux filles et trois garçons. Son fils aîné Tammam est ancien député de Beyrouth. À côté de ses activités politiques, il fonda la MEA en 1945 dont il fut le premier PDG. Il a mené en outre diverses activités sociales et a été notamment président des Makassed islamiques. «Saëb Salam avait toujours joué le rôle de trait d’union entre les chrétiens et les musulmans. Il estimait que la compréhension mutuelle constituait la voie vers l’entente et c’est cette règle sage qu’il a appliquée durant toute sa vie politique», indique Georges Zeenni, qui espère que les responsables se souviendront de ses slogans d’union nationale, afin qu’on renoue avec l’époque de Saëb Salam, celle de la compréhension et du dialogue. Maya GHANDOUR HERT
Dans les années 80, l’ancien Premier ministre Saëb Salam a lancé cette boutade émouvante et brûlante d’actualité : «Enlevez donc ces barricades qui les séparent et vous verrez les Libanais s’étouffer à force de s’embrasser.»
L’homme à l’œillet et au cigare faisait partie de cette poignée d’hommes qui ont marqué de leur empreinte le premier siècle de la république...