Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Une escalade se produit toutes les fois qu’un règlement se dessine à Ryad ou au Caire L’opposition renoue avec les ultimatums à une semaine de Paris III

À une semaine de l’ouverture de Paris III, le langage des ultimatums a repris dans les rangs de l’opposition qui fait planer le suspense sur la nature de sa prochaine escalade, encore qu’entre l’un de ses responsables et l’autre des nuances existent. Le plus surprenant restait hier le député Michel Murr qui, tout en annonçant la reprise des manifestations, a assuré que l’effet de surprise exclut quand même... l’usage des armes. Ouf ! L’escalade ira crescendo et culminera le 24 janvier, veille de la réunion de Paris, menace l’opposition. Cette coïncidence déroute quand on pense que l’opposition a appuyé la conférence, même si elle la dissocie du projet de réformes présenté par le gouvernement. Mais à part le pouvoir, l’opposition sait-elle réellement ce qu’elle veut ? À qui profite cette apparente volonté de torpillage de la trêve qui s’était instaurée depuis les fêtes de fin d’année ? Selon une source diplomatique arabe à Beyrouth, citée par notre correspondant Khalil Fleyhane, « la crise s’aggrave toutes les fois que c’est au Caire ou à Ryad que semble se déplacer l’initiative d’un règlement au Liban et toutes les fois que la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, manifeste son appui au Premier ministre Fouad Siniora et à son gouvernement ». Équilibre et simultanéité Pour éviter cette escalade, le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le ministre français des AE, Philippe Douste-Blazy, s’étaient entendus, voici trois semaines, à calmer le jeu en attendant la fin de Paris III. Cet accord prévoyait notamment que le secrétaire général de la Ligue arabe ne reviendrait pas au Liban avant la fin de la conférence d’appui au Liban. Il prévoyait aussi un accord sans réserve sur les principes de « l’équilibre et de la simultanéité » des concessions que feraient la majorité et l’opposition, en vue d’un règlement. Hélas, ces calculs ont échoué et l’opposition est restée inébranlable sur le fond et la forme. Les visites répétées de l’ambassadeur américain Jeffrey Feltman aux représentants de l’opposition, et notamment au général Aoun, chez lequel s’est également rendu l’ambassadeur de France, Bernard Émié, n’ont apparemment pas assoupli les positions du chef du CPL. On cherche toujours, dans les milieux de l’opposition, à détacher le Liban de l’orbite occidentale et à le placer dans l’orbite de l’axe syro-iranien. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons. Mais tous les moyens ne sont pas pour autant efficaces, affirme-t-on dans les milieux de la majorité, qui est déterminée à ne pas céder aux intimidations de l’opposition, ni sur cette exigence déraisonnable de disposer, au sein d’un gouvernement d’entente, d’une minorité de blocage. En d’autres termes, de disposer du pouvoir de torpiller le gouvernement. Du reste, malgré ce désir d’escalade, des observateurs estiment que les chances d’un règlement ne sont pas nulles. Ainsi, une source diplomatique arabe estime que les Libanais ne doivent pas négliger les éventuelles retombées positives d’une rencontre entre le président syrien Bachar el-Assad et le roi Abdallah d’Arabie, en marge du sommet arabe qui s’ouvre le 28 mars à Ryad. L’ouverture sur l’Iran Mais, avant cela, on pourrait aussi placer un mince espoir dans l’ouverture française en direction de l’Iran, encore que, selon Khalil Fleyhane, les États-Unis n’ont pas très bien réagi à la décision française d’envoyer un émissaire à Téhéran. « Cela se fera dans la concertation », a tenu à dire, hier, sur un ton rassurant, Douste-Blazy, tandis qu’on assurait, au Quai d’Orsay, que la visite ne se fera pas dans l’immédiat et que l’émissaire ne sera pas de haut niveau. Et enfin, pour se consoler dans l’immédiat, on se rappellera que si les Libanais se haïssent, l’amitié continue d’avoir un sens dans certaines relations internationales, et que c’est sans doute – aussi – en signe de fidélité à une amitié que se tiendra Paris III. La conférence se présente sous de meilleurs augures qu’on n’en rêvait, a assuré hier le ministre des Télécoms, Marwan Hamadé, tandis que l’ambassadeur de France affirmait que tout le monde, aussi bien au niveau de la majorité que de l’opposition, est conscient de son importance. C’est toujours cela de pris... Fady NOUN

À une semaine de l’ouverture de Paris III, le langage des ultimatums a repris dans les rangs de l’opposition qui fait planer le suspense sur la nature de sa prochaine escalade, encore qu’entre l’un de ses responsables et l’autre des nuances existent.
Le plus surprenant restait hier le député Michel Murr qui, tout en annonçant la reprise des manifestations, a assuré que...