SCÈNE PARISIENNE Isild Le Besco et Grégoire Colin pour la première fois sur les planches

Les jeunes acteurs de cinéma Isild Le Besco et Grégoire Colin font leurs premiers pas au théâtre dans La double inconstance de Marivaux, présentée à Chaillot jusqu’au 3 février dans une mise en scène de Christian Colin, qui met en valeur la cruauté et le pessimisme du texte. Pour l’égérie de Benoît Jacquot, qui l’a fait tourner à 16 ans, en 2000, dans Sade, puis récemment dans L’Intouchable, le théâtre est une expérience inédite. À 22 ans, dit-elle dans une récente interview, « cela vaut la peine de prendre un risque ». Quant à Grégoire Colin, qui a déjà derrière lui une longue carrière au cinéma, il retrouve un univers familier, auprès de son père, aujourd’hui son metteur en scène. Sous ses apparences légères, La double inconstance n’est pas une pièce facile. Elle met à mal les sentiments, dévoyés par l’orgueil, la vanité et la corruption, un mélange ambigu de cruauté et de jeu que Christian Colin a choisi de mettre en valeur. L’action est donc située dans le monde contemporain. Le décor est quasi inexistant, les costumes sobres. Trois panneaux servant d’écran montrent par moments des paysages et photos d’enfant, et rien ne vient distraire du texte. On en redécouvre la modernité : Marivaux se plaît à décrire les arrangements avec la loi, lorsque le prince enlève la jeune paysanne Silvia mais fait mine de ne pas vouloir la forcer à l’aimer, et les arrangements avec la fidélité, puisqu’Arlequin et Silvia se laissent corrompre facilement l’un l’autre. Mais les comédiens étaient un peu à la peine lors de la première, dans l’atmosphère de froideur imposée par la mise en scène, avec une Isild Le Besco guère à l’aise dans son rôle d’ingénue, tandis que la sévère Flaminia (Audrey Bonnet), tout de noir vêtue, rendait difficilement crédible l’amour que lui porte Arlequin. Après Chaillot, la pièce partira pour cinq mois en tournée à Genève (Suisse), Rennes, Lille, Bordeaux et Marseille.