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Actualités - OPINION

Escalade revendicative avant le 25 janvier, menace le Hezbollah La politique du bord du gouffre se poursuit

La double fuite en avant se poursuit, au sein et en dehors des institutions, entre la majorité et l’opposition, qui continuent d’agir en s’ignorant, pratiquant l’une à l’égard de l’autre une politique du bord du gouffre éprouvante et passablement malsaine. Ayant démissionné du pouvoir exécutif, faute de pouvoir le torpiller, l’opposition n’a plus que la rue et les médias pour s’exprimer, tantôt haut, tantôt bas. Le député Hussein Hajj Hassan (Hezbollah) a annoncé hier que cette opposition se prépare à une escalade du mouvement revendicatif, avant le 25 janvier, date de l’ouverture de la conférence Paris III. D’ici là, l’opposition organisera au moins deux autres manifestations, l’une « symbolique », aujourd’hui, devant le ministère de la Justice, l’autre devant les bâtiments de la société Ogero chargée de l’entretien du réseau téléphonique fixe. Le rassemblement de lundi devant les bâtiments d’Ogero servira de test aussi bien aux autorités qu’à l’opposition, puisque cette institution est située sur la voie express menant du centre-ville à l’aéroport, et que la coupure de cette voie a été considérée comme « une ligne rouge » par l’armée. Tout dépendra donc, ce jour-là, de la masse des manifestants et de leur capacité à perturber la circulation. Le gouvernement, pour sa part, avance aussi prudemment que possible, dans un champ qu’on lui annonce miné. Le Premier ministre, qui a expédié hier, en Conseil des ministres, des affaires courantes datant d’avant la sécession de ses ministres de confession chiite, prend l’avion aujourd’hui pour l’Égypte, première étape d’une tournée arabe qui le mènera dans sept autres pays de la Ligue. Cette tournée doit, notamment, lui permettre de s’assurer que ses alliances arabes sont solides et que les promesses d’aide se concrétiseront. En tout état de cause, l’appui de la France paraît indéfectible, et le président Chirac le réaffirmera dimanche à M. Saad Hariri, qu’il reçoit à l’Élysée. Sur le plan parlementaire aussi, la majorité ne reste pas inactive. Elle a soumis hier au bureau de la Chambre une pétition signée par 70 ministres réclamant l’ouverture d’une session spéciale de la Chambre. Certains de ses membres ne se sont pas privés d’accuser le président du Parlement, Nabih Berry, de violer la Constitution en s’obstinant à ignorer les pétitions qui lui sont présentées. Ce dernier, toutefois, juge la situation « grave et très dangereuse » et pense qu’il faut agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que n’éclate « la tempête ». Ce que redoute Nabih Berry par-dessus tout, c’est que, désespérant de le voir réagir en président de la Chambre et non plus en chef du mouvement Amal, la majorité ne se réunisse sous la présidence du député Farid Makari, vice-président de la Chambre, pour approuver les statuts du tribunal spécial sur le Liban et la convention y relative. Ses cris d’orfraie visent donc à empêcher la Chambre souveraine de prendre cette décision, assurent les observateurs, qui jugent ses mises en garde plus alarmistes qu’efficaces. Dans ce paysage tourmenté, la seule note de sérénité a été apportée hier par les évêques maronites, qui ont poursuivi leurs visites aux chefs politiques « chrétiens », dans l’espoir de ramener les têtes brûlées des deux camps à cette « chose » précieuse et perdue depuis l’été dernier : la raison. Fady NOUN

La double fuite en avant se poursuit, au sein et en dehors des institutions, entre la majorité et l’opposition, qui continuent d’agir en s’ignorant, pratiquant l’une à l’égard de l’autre une politique du bord du gouffre éprouvante et passablement malsaine.
Ayant démissionné du pouvoir exécutif, faute de pouvoir le torpiller, l’opposition n’a plus que la rue et les...