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Actualités - CHRONOLOGIE

Réunion préparatoire, ce matin, de la conférence Paris III Le dialogue de sourds atteint des sommets inégalés Fady NOUN

Une conférence préparatoire au forum économique Paris III d’aide au Liban s’ouvre aujourd’hui dans la capitale française, vers laquelle se sont envolés hier le ministre de l’Économie, Sami Haddad, et l’ambassadeur de France, Bernard Émié, et où se trouvaient déjà le ministre de l’Économie, Jihad Azour, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. MM. Azour et Salamé ont eu une réunion de travail, hier, avec Jean-Pierre Jouyet, ancien gouverneur de la Banque de France, chargé par le président Chirac des préparatifs et du suivi de la conférence. Entre les deux hommes, la division du travail sera claire : Salamé pour les questions techniques, Azour pour les questions à connotation politique. L’importance de Paris III pour la stabilité financière et sociale du Liban semble toutefois échapper totalement à la CGTL, qui a manifesté hier sa colère devant les immeubles – symboliques – du ministère des Finances et de la TVA, place du Palais de justice. Mais c’est d’un regard amusé que les journalistes, habitués désormais à compter par dizaines de milliers, ont regardé évoluer les quelques centaines de manifestants rassemblés par la centrale syndicale. Personne n’est venu grossir, hier, les rangs d’une manifestation à laquelle avait appelé une organisation sans crédibilité, rongée par les allégeances politiques. C’est un tout autre spectacle auquel ont eu droit ces journalistes, en soirée, dans le centre-ville, où les manifestants ont marqué bruyamment le 40e de leur installation et de l’usurpation des espaces publics et privés de la capitale. Les préparatifs de Paris III et les manifestations du Palais de justice illustrent, à leur manière, le divorce politique total entre la majorité et l’opposition, et la schizophrénie politique d’un Liban polarisé dans deux directions diamétralement opposées, sans l’ombre d’un début de dénominateur commun qui les unit. Le dialogue de sourds, à son paroxysme, et la porte fermée à tout débat parlementaire, comme l’a bien signifié hier Nabih Berry. Tout espoir d’accord est-il donc perdu ? Pas tout à fait, si l’on constate que le Premier ministre recevait hier les ambassadeurs d’Arabie saoudite et d’Égypte, et que, de son côté, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, appelait de ses vœux le retour du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Toujours sur le plan diplomatique, les observateurs ont relevé hier les insolites visites effectuées par l’ambassadeur US, Jeffrey Feltman, chez Omar Karamé et Michel Murr. S’agit-il de signes avant-coureurs d’un assouplissement – ou d’un revirement – de la diplomatie US au Liban et au Proche-Orient ? Deux autres événements diplomatiques ont par ailleurs marqué la journée : la mise en garde du ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Abou Gheith, contre tout ce qui pourrait provoquer une « discorde confessionnelle » (entendre entre sunnites et chiites) au Liban et, en revanche, l’assurance fournie par le porte-parole du Quai d’Orsay que les manifestations de Beyrouth n’influeront pas sur la tenue de Paris III. En attendant, la venimeuse querelle constitutionnelle opposant les ténors de la vie politique se poursuit, ainsi que les déclarations incendiaires, ou proprement farfelues, émanant de l’opposition, qui entretient sciemment le suspense au sujet des plans d’escalade du mouvement de protestation. À voir le « flop » d’hier, c’est plutôt d’une escalade inversée qu’il s’agit. C’est sans doute la raison pour laquelle des voitures du Hezbollah sillonnaient hier soir la banlieue sud, appelant les partisans à se retrouver dans certains points de rassemblement, pour être transportés vers le bâtiment du ministère de l’Énergie, où la CGTL leur a donné rendez-vous aujourd’hui. La population, en tout cas, est lasse de ces sarabandes à drapeaux et des slogans à l’emporte-pièce qui ne lui laissent plus à la bouche qu’un goût d’amertume et de désabusement. Et parfois un sentiment de honte.
Une conférence préparatoire au forum économique Paris III d’aide au Liban s’ouvre aujourd’hui dans la capitale française, vers laquelle se sont envolés hier le ministre de l’Économie, Sami Haddad, et l’ambassadeur de France, Bernard Émié, et où se trouvaient déjà le ministre de l’Économie, Jihad Azour, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.
MM. Azour et...