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Actualités - CHRONOLOGIE

Siniora s’entretient au téléphone avec Chirac sur la conférence Le Conseil des ministres adopte le plan de réformes en prévision de Paris III Fadi NOUN

Arbitrairement contesté dans sa légitimité par le président de la République et celui de l’Assemblée nationale, le gouvernement de M. Fouad Siniora a décidé de passer outre et d’assumer les responsabilités historiques qui sont les siennes, en adoptant hier le programme de réformes économiques pour le soumettre à la conférence internationale d’aide au Liban, prévue le 25 janvier à Paris. Pour l’occasion, tous les ministres ont tenu à faire acte de présence, à la réunion d’hier, à l’exception des six ministres démissionnaires, dont cinq ministres chiites. Une délégation libanaise se rendra la semaine prochaine à Paris pour participer aux travaux préparatoires de cette conférence, dont la date a été fixée au 10 janvier. La délégation comprendra les ministres des Finances et de l’Économie, respectivement Jihad Azour et Sami Haddad, ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a reçu un appel téléphonique hier soir du président Jacques Chirac, avec lequel il s’est entretenu de cette échéance cruciale. Si cruciale, du reste, que le Premier ministre a saisi l’occasion du Conseil des ministres pour lancer un appel pressant au secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, lui demandant de renoncer à utiliser la force et de régler les choses selon le double principe « de l’équilibre et de la simultanéité ». Ce sont ces mêmes principes que cherchait à mettre en œuvre le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avant la période des fêtes, et qu’il pourrait reprendre, sur simple demande des protagonistes, pour peu qu’ils soient convaincus de l’inanité de l’épreuve de force entamée fin novembre. Le principe de simultanéité voudrait que le gouvernement et l’opposition fassent, en même temps, les concessions nécessaires à la formation d’un cabinet d’entente nationale, afin qu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu au terme de la crise qui secoue le pays et les institutions. Le bureau de presse du Premier ministre a annoncé hier que ce dernier s’était entretenu, en soirée, avec M. Moussa, sachant par ailleurs que, selon notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane, « un signal positif » de l’opposition devient urgent et ne devrait pas intervenir après le 10 janvier. Le Parlement Si le gouvernement a pris l’initiative d’ignorer la crise politique et d’aller de l’avant, c’est aussi parce que le programme de réformes est un ensemble de titres et de lignes directrices à présenter aux États et fonds amis, mais que de nombreuses réformes à entreprendre devront nécessairement se traduire encore par des projets de loi et être votées par le Parlement. En approuvant les réformes, le gouvernement assume donc sa part de responsabilité, sans empiéter sur les prérogatives du Parlement. Ainsi, des mesures « impopulaires » approuvées par l’Exécutif pourraient toujours être examinées et amendées, en fonction du consensus qui se fera à leur sujet, pour peu que ces discussions se fassent sur une base objective, et non politique. L’élection partielle du Metn Par ailleurs, le gouvernement a examiné hier la question de l’organisation d’une élection partielle au Metn-Nord, pour pourvoir au siège laissé vacant par le tragique assassinat du député Pierre Gemayel. Il l’a fait après consultation de juristes dont certains, affirment des sources informées, appartiennent au courant de l’opposition. À la lumière de ces avis et des débats, le Conseil des ministres a jugé « inadmissible et inconvenant », aux yeux des membres de la famille du député défunt, de laisser traîner les choses. Des constitutionnalistes vont donc s’employer à examiner les moyens légaux de contourner l’obstruction du chef de l’État, qui a déjà refusé par deux fois de signer le décret de convocation du corps électoral, et a été accusé par le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, d’agir « arbitrairement ». Selon M. Aridi, M. Lahoud a signé certains décrets qui lui conviennent, même après la démission des ministres chiites, et laissé en plan d’autres. Par ailleurs, le Conseil des ministres s’est penché hier sur le dossier de la sécurité au Liban, dont la précarité a été mise en évidence, une fois de plus, par la découverte de grandes quantités d’armes, dans la région du Koura. Le ministre de la Justice, Charles Rizk, a informé le gouvernement qu’il suivait l’enquête de très près, confirmant que sur les cinq personnes arrêtées dans cette affaire, deux avaient été relâchées, mais que les trois autres demeurent interpellées aux fins d’interrogatoire. Au vu de la gravité des accusations qui pourraient être lancées contre le parti détenteur de cet armement, le gouvernement a décidé de rester discret, afin que d’éventuelles accusations ne soient pas lancées à la légère. Le projet de budget 2007 On apprend en outre que le ministre des Finances, Jihad Azour, a annoncé que le projet de budget 2007 était prêt, et qu’il sera transmis aux ministres dans les deux prochaines semaines. Entre-temps, le Conseil des ministres ordinaire qui se réunira la semaine prochaine devrait approuver le projet de budget 2006, de sorte que les deux budgets soient approuvés avant le départ pour Paris. En ce qui concerne la nomination des membres de l’autorité de régulation des télécoms (voir page 8), une source ministérielle affirme que ces nominations ont été convenues avant la crise provoquée par la démission des ministres chiites, le 11 novembre, mais que leur approbation définitive avait été reportée de quelques jours, pour permettre au chef de l’État d’en prendre plus ample connaissance. Ces nominations, a précisé la source citée, ont été prises sur la seule base de la compétence et de l’intégrité, à preuve qu’aucun des membres nommés n’appartient à la communauté druze, ou au PSP, ou même à la majorité. La nomination de cette instance, rappelle-t-on, est nécessaire pour le processus de privatisation du téléphone, l’une des clés de voûte du processus de privatisation et de réformes. Notons que le ministre du Tourisme, Joe Sarkis (Forces libanaises), a insisté pour que les réunions régulières du Conseil des ministres reprennent, notant que l’ordre du jour comprend quelque 300 points en retard. Bonus à l’armée Par ailleurs, le Conseil des ministres a félicité l’armée et les forces de police, ainsi que les pompiers et la Défense civile, pour l’effort singulier qu’ils déploient depuis plusieurs semaines, et a décidé d’octroyer un mois de bonus à leurs membres. « Nous espérons que la nécessité des mesures de sécurité prises disparaîtront bientôt », a affirmé le Conseil des ministres. Le gouvernement a décidé aussi de proroger de six mois les licences d’exploitation accordées aux carrières en exercice, une décision qui n’a pas manqué de soulever le holà des environnementalistes. Enfin, le gouvernement s’est solidarisé avec le ministre des Télécoms, Marwan Hamadé, victime d’une campagne de calomnie et de dénigrement.
Arbitrairement contesté dans sa légitimité par le président de la République et celui de l’Assemblée nationale, le gouvernement de M. Fouad Siniora a décidé de passer outre et d’assumer les responsabilités historiques qui sont les siennes, en adoptant hier le programme de réformes économiques pour le soumettre à la conférence internationale d’aide au Liban, prévue le 25...