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CONCERT - Avec Laurent de Wilde au Music Hall Une musique pour s’évader le temps d’un soir

Pour le dernier concert de la saison 2006, le Liban Jazz Festival avait invité le Laurent de Wilde Trio à Beyrouth, afin de présenter son dernier album. Il devait venir accompagné, mais il est finalement venu seul, à l’invitation de Karim Ghattas, organisateur du festival, dont la dernière édition s’était déroulée à Paris en raison de la guerre de cet été. Laurent de Wilde est venu, en dépit de la situation que traverse le pays, pour apporter « un peu de paix et de musique » à ceux qui en ont le plus besoin, et offrir au public, présent ce soir-là, un moyen de s’évader, l’espace de quelques instants, tout en restant sur place. À quelques centaines de mètres du Music Hall, l’on pouvait entendre résonner les manifestants toujours là, mais dans la salle pas un bruit n’est venu perturber le long voyage musical que Laurent de Wilde a offert. Voyage d’autant plus passionnant qu’il s’agissait là d’un grand pan de l’histoire du jazz qui se déroulait ce soir-là, le musicien ayant eu la bonne idée d’alterner ses propres compositions et d’autres tirées du répertoire classique ou avant-gardiste (Duke Ellington, Monk…) Seul à son piano, tournant presque le dos au public et éclairé simplement par de nombreuses bougies disposées un peu partout sur scène, Laurent de Wilde a fait progressivement monter la tension tout au long du concert, débutant sur un tempo très lent avant de, peu à peu, accélérer le rythme et finir magistralement, le souffle coupé. À la fin de chaque morceau, le musicien prenait la parole pour dire un peu plus sur ce qu’il venait de jouer et sur ce qu’il s’apprêtait à faire entendre, rendant le voyage encore plus agréable, car parsemé d’anecdotes et de références, en relation directe avec le concert. « Je voulais retrouver l’intimité du son, la possibilité d’un piano ténu, les ombres, le silence, ainsi qu’un matériel plus précieux et plus fragile. » Ainsi s’exprimait le pianiste à la sortie de son dernier album, The Present, qui semble illustrer les paroles qu’écrivait la poétesse Dana Bryant il y a quelques années : «Yesterday is history, tomorrow is a mystery. But today is a gift. That’s why they call it : the Present». Et c’est dans cette optique que le concert semblait se dérouler, faisant de chaque instant et de chaque note un monde en soi, tout à la fois présent et en perpétuel mouvement, schéma bien sûr propre au jazz mais qui dépassait largement le cadre conventionnel de cette musique. Bien sûr, la contrebasse de Rémi Vignolo et la batterie de Laurent Robin auraient permis au musicien d’aller encore plus loin dans son exploration du champ musical. Mais même seul, Laurent de Wilde réussissait à envoûter amateurs de jazz et mélomanes curieux présents dans la salle, tant la légèreté de son jeu et la finesse qui se dégageait de sa relation au piano permettaient à chacun de créer sa propre histoire autour de la musique qu’il donnait à entendre : du jazz bien sûr, mais beaucoup plus que cela aussi, de la musique tout simplement, jouée par un homme qui voit en elle l’une des seules manières de dépasser les errances, les doutes et surtout les conflits. Ziad BOUSTANI
Pour le dernier concert de la saison 2006, le Liban Jazz Festival avait invité le Laurent de Wilde Trio à Beyrouth, afin de présenter son dernier album.
Il devait venir accompagné, mais il est finalement venu seul, à l’invitation de Karim Ghattas, organisateur du festival, dont la dernière édition s’était déroulée à Paris en raison de la guerre de cet été. Laurent de...