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Des sénateurs américains, en tournée en Irak, appellent à un renforcement des troupes US Enlèvement massif en plein cœur de Bagdad

Plusieurs dizaines de personnes ont été enlevées hier lors d’une opération spectaculaire menée par des inconnus au cœur de Bagdad, où une délégation de sénateurs américains a réclamé le déploiement de plus de troupes pour endiguer la violence en Irak. Des hommes armés portant des uniformes de commandos de la police ont fait irruption en milieu de matinée sur l’avenue Rachid, dans le quartier de Roussafa, le long des rives du Tigre qui traverse le centre de Bagdad. « Une vingtaine de véhicules 4X4 flambant neufs, similaires à ceux du gouvernement, sont arrivés. Il y avait une centaine d’hommes armés portant des uniformes militaires », selon un témoin. « Au début, ils ont coupé les deux bouts de la rue et ont annoncé : “Pas de panique. Nous sommes en mission”. Mais, une fois qu’ils maîtrisaient bien la situation, ils ont commencé à prendre des gens au hasard : sunnites, chiites, Kurdes », a raconté ce témoin. Le nombre exact des otages n’est pas encore connu. Alors qu’une source au sein des services de sécurité donnait le chiffre de 40 et 50 personnes enlevées, des témoins faisaient état d’une cinquantaine de kidnappés. Au moins 25 commerçants de l’avenue Rachid, la plupart avec des noms à consonance chiite, ont été kidnappés, selon un bilan du ministère de la Défense, qui a estimé de 20 à 30 le nombre de passants également enlevés. Les enlèvements, purement crapuleux ou œuvres d’escadrons de la mort qui exécutent ensuite leurs victimes, sont monnaie courante en Irak. En soirée, une source de sécurité irakienne a indiqué qu’une trentaine d’otages chiites avaient été libérés. Toujours dans la capitale, deux personnes, dont un militaire irakien, ont été tuées et neuf blessées dans un attentat-suicide contre un barrage de l’armée dans le quartier al-Jamiyah (Ouest). À 60 km au sud de Bagdad, l’explosion d’une voiture piégée a tué au moins deux personnes, selon la police. Parallèlement, une délégation parlementaire américaine, conduite par l’influent sénateur républicain John McCain, en visite depuis mercredi en Irak, a jugé la situation dans le pays « très, très préoccupante ». « Elle nécessite l’injection de troupes supplémentaires », a déclaré le sénateur McCain, au cours d’une conférence de presse à Bagdad. Le sénateur a évoqué le chiffre de « cinq à dix brigades supplémentaires », soit entre 15 000 et 30 000 hommes, alors que les forces américaines en Irak comptent actuellement 140 000 hommes environ. « La situation se détériore progressivement. Nous devons faire quelque chose pour inverser la tendance », a reconnu M. McCain. « Les forces de sécurité irakiennes ne sont pas capables de faire face seules à la situation. Un point c’est tout », a-t-il analysé. M. McCain a également demandé des mesures à l’encontre du chef radical chiite Moqtada Sadr : « Nous aurions dû arrêter Moqtada Sadr il y a trois ans. » Moqtada Sadr dispose aujourd’hui de 32 députés (sur 275) et disposait de six ministres, qui ont démissionné, au sein du gouvernement de coalition du Premier ministre Nouri al-Maliki. Le président américain George W. Bush mène depuis plusieurs jours d’intenses consultations avec les responsables de son Administration pour déterminer sa nouvelle stratégie en Irak. Il s’est aussi entretenu avec des leaders irakiens, dans le but de former un « bloc modéré » de chiites, de sunnites et de Kurdes soutenant le gouvernement de M. Maliki, et excluant Moqtada Sadr. Le Washington Post a révélé hier que les chefs d’état-major de l’armée américaine, qui se sont entretenus mercredi avec le président Bush, ont recommandé une révision de la stratégie mise en œuvre en Irak afin que la formation de l’armée locale prenne le pas sur les opérations de combat. Hostiles à un accroissement des effectifs militaires américains, les commandants des trois corps d’armée considèrent le renforcement des forces irakiennes comme la pièce essentielle du dispositif de stabilisation. Toujours selon le Washington Post, le général George Casey, commandant du corps expéditionnaire déployé en Irak, examine un projet prévoyant un repli des forces américaines des centres urbains vers une poignée de bases et le transfert des opérations de combat aux forces locales. Casey réfléchirait en outre à une éventuelle demande de renforts, vraisemblablement pour accélérer la formation de l’armée irakienne. Le vice-président irakien, Tarek al Hachemi, en visite à Washington, a d’ailleurs souligné que les États-Unis ne devraient pas se retirer d’Irak sans avoir réformé auparavant les forces de sécurité irakiennes qui sont largement infiltrées par des milices religieuses. À Damas, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a par ailleurs affirmé l’attachement de son pays à « l’unité et à la stabilité » de l’Irak en recevant l’ancien Premier ministre irakien Ibrahim Jaafari.
Plusieurs dizaines de personnes ont été enlevées hier lors d’une opération spectaculaire menée par des inconnus au cœur de Bagdad, où une délégation de sénateurs américains a réclamé le déploiement de plus de troupes pour endiguer la violence en Irak.

Des hommes armés portant des uniformes de commandos de la police ont fait irruption en milieu de matinée sur l’avenue...