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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Les Palestiniennes en première ligne

Une grand-mère de 70 ans et une étudiante qui se font exploser ou des mères qui libèrent des combattants : des Palestiniennes sont en première ligne du conflit avec Israël. Chez Fatima al-Najar, à Jabaliya (nord de la bande de Gaza), les murs sont recouverts de portraits géants la montrant le front ceint d’un bandeau vert du Hamas, fusil d’assaut à la main avec l’inscription : « Fatima al-Najar, mère des femmes fedayine. » Cette mère de neuf enfants et grand-mère de 45 petits-enfants, qui militait dans les organisations caritatives du mouvement islamiste, s’est fait exploser près de soldats israéliens à Jabaliya le 23 novembre, en blessant trois. « Cette opération n’était pas un attentat-suicide comme ils l’appellent en Occident. C’était une opération de martyre, une action politique pour l’amour de sa patrie », assure sa fille Fathia, 52 ans, également militante du Hamas. Dans la pièce où elle reçoit les visiteurs, des photos et de poèmes à la gloire de sa mère sont accrochés aux murs. Dehors la tente de deuil est toujours là, pour recevoir les « félicitations » des proches, des voisins. « Des cars entiers sont venus de toute la bande de Gaza », dit un de ses fils, Mohammad, 40 ans. « Ma mère a été bouleversée par les destructions et le massacre de Beit Hanoun », où 19 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués le 8 novembre dans un bombardement israélien, raconte Fathia. « L’opération de notre mère est un message au monde entier, à George W. Bush (le président américain) et à Ehud Olmert (le Premier ministre israélien) pour leur dire : “Changez votre politique vis-à-vis des Palestiniens” », reprend Mohammad. Pendant cinq mois, l’armée israélienne a mené des incursions meurtrières dans la bande de Gaza pour tenter de faire cesser les tirs de roquettes contre son territoire et libérer un soldat enlevé par des groupes armés palestiniens. « Nos enfants valent-ils moins que les enfants des Israéliens ? Si la mère du soldat veut revoir son fils, nos prisonniers doivent être libérés », lance Fathia, se disant elle aussi prête à l’attentat-suicide. « La violence mène à la violence. » Amine Massoud était lui contre l’attentat-suicide commis par sa fille Mirvat, une étudiante de 18 ans et militante de la branche armée du Jihad islamique. Elle s’est fait exploser à Beit Hanoun, le 6 novembre lors d’une large opération de l’armée israélienne. Mais il n’en a rien su. « Si elle m’avait dit qu’elle allait faire ça, j’aurais tout fait pour l’en empêcher. Mais elle n’a rien dit. Elle est partie comme d’habitude à l’université et on a appris sa mort à la télévision », dit-il, assis sur un matelas de mousse posé au sol dans sa maison familiale à Jabaliya. « Je voulais qu’elle finisse ses études, qu’elle vive. » Mirvat a rejoint les rangs du Jihad après un bombardement israélien, le 9 juin, sur une plage de Gaza qui avait décimé une famille, explique son père. Les images de Houda Ghaliya, seule enfant rescapée, s’effondrant en pleurs sur le corps de son père, avaient bouleversé le monde. « Toutes les femmes doivent participer à la résistance. Mais à la résistance politique. Les opérations militaires, c’est pour les hommes », estime le père, membre du Fateh du président palestinien Mahmoud Abbas. La députée du Hamas Jamila Chanti estime, au contraire, que le « Jihad, la protection de son foyer et de ses enfants sont les devoirs de chaque Palestinienne ». Avec la future kamikaze Fatima al-Najar, sa fille Fathia, et des centaines d’autres mères de famille, d’adolescentes et d’enfants, Mme Chanti avait formé un « bouclier humain » à Beit Hanoun pour libérer, à la faveur d’une manifestation, des combattants assiégés par l’armée israélienne dans une mosquée. « Cette opération était une action de jihad pacifique. Une grande victoire pour les Palestiniennes, car nous avons réussi à libérer les combattants », affirme la parlementaire. Mehdi LEBOUACHERA (AFP)
Une grand-mère de 70 ans et une étudiante qui se font exploser ou des mères qui libèrent des combattants : des Palestiniennes sont en première ligne du conflit avec Israël. Chez Fatima al-Najar, à Jabaliya (nord de la bande de Gaza), les murs sont recouverts de portraits géants la montrant le front ceint d’un bandeau vert du Hamas, fusil d’assaut à la main avec...