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Transparence… pour arbitrage

Ce qu’endure notre pays depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a eu le mérite de briser une succession de non-dits, rarement adressés depuis le Pacte national de 1943. Cette toute nouvelle transparence dans le débat d’idées et de positions n’est malheureusement pas encore totale. Les tensions politiques actuelles illustrées sur des sujets précis (tribunal international, résolutions 1559 et 1701, Paris 3, loi électorale…), que toutes les parties s’accordent à considérer comme prioritaires, sont en fait adressées par des canaux boiteux et distendus, à consonance constitutionnelle, confessionnelle ou encore puisés dans notre réflexologie historique très riche en repères primaires. La récente adjonction par l’opposition de la « complotite » et de la « martyrologie », érigées en culture politique, en est une dangereuse illustration. Il en résulte un flou total, accentuant la méfiance chez les politiques et perpétuant l’incompréhension au sein de la population, suscitant immobilisme et radicalisation, portes d’accès vers une régression certaine. Et si tous ces artifices n’étaient utilisés que pour masquer ou retarder un non-dit émergent, le plus récent, qui n’a été que timidement approché ? Désaccord sur la vision, ou la finalité, de la République et de ses institutions consensuelles – problème de fond et pas de forme. Une République parlementaire reflétant pluralité socioculturelle des composantes sociales, dotée d’une administration efficace vouée au développement et à la croissance économique de ses habitants. Vision heureusement partagée, dans la forme, par toutes nos forces politiques. Un Liban moulé dans le « modérantisme », tourné vers la récupération de ses droits nationaux, et des justes causes régionales, avec les lents et subtils concours de la communauté internationale, aligné sur le suivisme de la majorité des membres de la Ligue arabe et de l’OCDE, et qui récolterait les fruits financiers de ce positionnement par le biais d’actions locales de redressement et de mise en valeur de ses capacités économiques. Un État avec une primauté affichée au développement interne. Un État arabe avec les pieds dans l’histoire et les bras levés vers le XXIe siècle. Le Liban que n’ose pas ouvertement invoquer la majorité parlementaire. Un Liban moulé dans le militantisme, tourné vers la récupération de ses droits nationaux, et des justes causes régionales, avec le dangereux concours d’une résistance active locale et du support logistique d’États populistes, s’appuyant sur le timide concert des nations du nouveau monde non aligné qui se crée en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est ; nations affranchies de l’hégémonie américaine ou occidentale. Un État avec une primauté affichée à la restauration d’une histoire notionnelle. Un État arabe avec les pieds dans l’histoire et les bras serrant un livre d’histoire. Le Liban que n’ose pas ouvertement invoquer la minorité parlementaire.* Problème de fond, que les forces politiques devraient pouvoir aborder ouvertement au lieu de nous aveugler dans de faux débats autrement plus dangereux et qui nous ancrent dans le passé. Il y a fort à parier que cette transparence retrouvée pourra générer un débat qui libérerait l’opposition de cette surreprésentation massive dans laquelle ses membres se réfugient de manière monochrome et qui permettrait aussi au camp loyaliste de faire avancer ses idées avec bien plus de clarté et de répondant populaire. Un non-dit est une insulte au débat politique ; il occulte les solutions et multiplie les problèmes. Les Libanais devraient pouvoir arbitrer, et pas choisir aveuglement, entre matérialisme et subjectivisme. Fady BUSTROS * Sans le CPL, qui unifie en une vue populiste, forme et fond, vrai et faux, dit et non-dit, matérialisme et subjectivisme. Article paru le Jeudi 30 novembre 2006
Ce qu’endure notre pays depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a eu le mérite de briser une succession de non-dits, rarement adressés depuis le Pacte national de 1943. Cette toute nouvelle transparence dans le débat d’idées et de positions n’est malheureusement pas encore totale.
Les tensions politiques actuelles illustrées sur des sujets précis (tribunal...