Unanimes, les lecteurs condamnent le lâche assassinat de Pierre Gemayel

Libanais et Européens Courage amis libanais dans cette nouvelle épreuve que vous infligent les barbares ! Vous êtes le progrès et c’est bien pour cela qu’ils veulent vous détruire, eux qui ne sont que régression, dogmatisme et fanatisme... Ici, en France, nous nous sentons proches de vous, car nous avons aussi subi la barbarie avant que ne viennent la paix et la lumière. Vous êtes européens comme nous dans votre recherche de la justice et de la souveraineté, et nous, nous sommes libanais car nous souffrons de vous voir souffrir. Dominique DEVILLE Saint-Étienne, France Le sens de ton sacrifice Je voudrais rendre un dernier hommage à Pierre Gemayel, un homme d’État prêt à tout pour son pays et le prouvant en cette veille de célébration de l’indépendance ; un autre grand martyr de cette grande famille. Pourquoi les personnalités accèdent-elles au pouvoir et s’en vont aussitôt pour un sommeil éternel ? Une question qui reste sans réponse… Les derniers attentats ne vont pas nous diviser, nous les enfants du Liban ; bien au contraire, ils vont nous rapprocher pour que nous formions un peuple uni, pour que les chrétiens et les musulmans vivent ensemble dans une paix réelle. Nous sommes un peuple libre, indépendant et démocratique. Des milliers de martyrs sont morts pour l’indépendance de notre pays et pour sa démocratie. Pour le même idéal : l’avenir de la prochaine génération qui va leur succéder… Des personnes comme Pierre Gemayel, par leur sacrifice, assurent l’immortalité du pays du Cèdre. Abbas Y. el-HÉLOU Notre-Dame de Jamhour Adieu Pierre Ton grand-père a cru en l’indépendance du Liban contre la France, notre « douce mère » ; il a laissé dans cette aventure un fils et un petit-fils. Ton oncle président est mort en pleine occupation palestinienne. Et te voilà, mon frère, mort pour avoir lutté contre l’occupation larvée de la Syrie. Ceux qui tournent les yeux vers des dictatures obscurantistes plutôt que vers notre patrie sont des traîtres et des assassins. Puisque tu vas rejoindre ton grand-père Pierre, demande-lui ce qu’il pense de l’indépendance du Liban. As-tu demandé à ceux de notre âge ce qu’ils pensent : aiment-ils tant l’exil qu’ils laissent ce vieux pays aux mains de certains ? Ont-ils le choix ? Nicolas ZAHAR Un ange est parti Aujourd’hui, le Liban compte un défenseur de plus qui est tombé, la démocratie connaît un martyr de plus, un ange est parti, mais le diable reste sur le sol du Liban. Il y a une chose que ces terroristes ne comprennent pas : ils peuvent tuer les hommes, mais ils n’arriveront pas à nous faire taire, à faire taire la vérité. Seuls les faibles utilisent la terreur pour arriver à leurs fins. Nous n’avons pas peur. Nous restons et resterons toujours debout, prêts à défendre notre pays, notre démocratie. La cour vous attend. Je serai votre juge, je serai l’avocat de la défense, pour la défense de la nation du Cèdre, contre les compromis. Le martyr Pierre nous rend plus fort ; nous nous battrons pour la justice avec honneur, fierté et avec le sourire, alors que d’autres commettent des crimes et vivent terrés comme les tyrans qui se disent leaders...Nous sommes des hommes, les hommes de la démocratie, nous défendrons cette démocratie. Et vous, que défendez-vous ? Abou HIMAM Avocat Un peu de respect ! Je voudrais juste faire part de mon indignation face aux propos tenus par M. Sleimane Frangié moins d’une heure après l’attentat ignoble visant le ministre Pierre Gemayel. Sur la chaîne al-Arabiya (heureusement que ses propos n’ont pas été rapportés par d’autres chaînes ou journaux), M. Frangié a tenu une conférence de presse durant laquelle il n’a pas hésité à proférer des menaces et à faire des allusions pour le moins condamnables. De quelque bord que l’on soit, on devrait avoir au moins la décence de respecter les morts. « Ne croyez surtout pas que ce qui s’est passé nous arrêtera », disait-il d’un ton menaçant. Même de l’autre côté de la frontière, on a tenu des propos plus modérés. Pauvre pays ! Nawal RAAD Abou Dhabi Le masque est tombé Quinze ans de guerre civile et une période presque équivalente de paix n’ont pas réussi à éloigner le spectre de trente et un ans d’assassinats politiques dans notre pays. De Maarouf Saad à Pierre Gemayel, la liste de nos martyrs est longue. La brutale disparition de notre jeune ministre, deuxième personnalité éminente après le président Moawad à être assassinée à la veille de la fête de l’indépendance, en cette période critique de notre histoire, aura sans doute des répercussions négatives sur l’avenir de nos étudiants. Ces derniers qui ont cru qu’avoir un ministre aussi ambitieux et dynamique incarnait l’espoir et l’attachement à la patrie. Ils se retrouvent aujourd’hui déçus. Plus choquant dans cet assassinat, il y a le fait que c’est probablement la première fois que les assaillants ne sont pas masqués, ils ont défié tout le monde, en plein jour, et ont utilisé des silencieux comme s’ils se moquaient à la fois et des Libanais et du tribunal international dont la création vient d’être votée à l’ONU. Pour toutes ces raisons, on ne peut qu’inciter, en ces moments critiques, tous nos dirigeants à oublier leurs dissensions et à s’unir pour essayer d’édifier les bases d’un État uni et, surtout, solide. Nazira A. SABBAGHA Nous pleurons nos idéaux Voici encore qu’un des partisans de la liberté au Liban tombe sous les balles d’un système qui ne veut pas s’arrêter. Cheikh Pierre Gemayel, Un nom de plus sur la longue liste des martyrs libanais. Au Parlement, vous étiez le plus jeune député ; Dans vos idées, vous étiez le plus moderne ; Dans vos discours, vous étiez le plus proche de notre façon de parler ; Dans tout ce que vous faisiez, Monsieur le ministre, vous étiez l’image du Libanais cultivé, raisonnable et patriote. Vous nous manquerez, nous pauvre peuple du Liban qui n’en finit de pleurer nos idéaux. Reposez en paix et un jour viendra où le Liban dont vous avez tant rêvé naîtra... Christy MASSABNI (17ans) Volcan Nous vivons sur un volcan qui parfois se calme, souvent gronde et soudain se réveille. Que font les peuples quand de leurs propres entrailles sort un monstre ? Tuent-ils ce monstre au risque de se tuer eux-mêmes ? Nous sommes tentés de dire : sacrifions-nous en masse, ce serait moins douloureux que ce sacrifice à petit feu qui étouffe l’espoir, ce saignement continu que les transfusions répétées ne compensent plus parce que d’un groupe sanguin différent. On s’incline devant la douleur des Gemayel, que tout le pays partage, comme on s’est incliné et on a partagé la douleur des Tuéni, Kassir, Hariri, et de tous ceux qui sont morts afin que ce pays vive. Mais toutes les fois qu’on s’incline, on n’arrive plus à se redresser tout à fait, et le jour viendra où notre visage ne quittera plus le sol. Laisserons-nous ce jour arriver ? Dolly TALHAMÉ Appel à la justice À toutes les victimes en ce Liban, nous prions pour vous, nuit et jour. Vous, nos anges gardiens de l’au-delà, gardez vos yeux emplis de la lumière de Dieu sur le pays du Cèdre. Pardonnez à ces criminels sans pitié ni conscience. Vous qui planez dans nos cieux, donnez-nous la chaleur de l’amour et de l’espérance, loin de toute haine et rancune. Que les bougies restent allumées, que la vérité apparaisse et que nos cœurs s’apaisent. Anita DADOURIAN