Mohammad Safadi préconise une entente sur un nouveau président avant tout changement ministériel

Le ministre des Transports et des Travaux publics, Mohammad Safadi, a clôturé hier sa visite officielle dans la capitale française. Visite durant laquelle il a rencontré notamment le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et signé un protocole de coopération entre le Liban et la France avec le ministre français des Transports, Dominique Perben. À l’issue d’une rencontre au siège de la presse étrangère avec des membres du Club de la presse arabe, M. Safadi n’a pas manqué de saluer l’engagement français au Liban, sur les plans humanitaire et politique, et au niveau de la reconstruction. Il a indiqué qu’il était impossible de dissocier entre la réalité libanaise et les développements au Moyen-Orient. Constatant l’importance que revêt aujourd’hui le Liban, à l’échelle internationale, il a insisté sur la nécessité de bâtir un État qui bénéficie de la confiance de tous les Libanais et dont la seule armée est chargée de défendre les frontières. Il a ainsi salué la décision historique d’envoyer l’armée libanaise au Sud, pour la première fois depuis 40 ans, tout en observant que le Liban poursuivait ses efforts en vue de libérer les hameaux de Chebaa et les collines de Kfarchouba de l’occupation israélienne, ainsi que les prisonniers libanais détenus en Israël. Il a également estimé qu’il était nécessaire de réviser l’armistice signé entre le Liban et Israël, d’autant que la paix ne s’est toujours pas réalisée. Mohammad Safadi a aussi observé que le Liban faisait face à d’importantes difficultés à l’heure où il s’attelait à la reconstruction de ses institutions sécuritaires, politiques et judiciaires. Des difficultés qui découlent de pressions régionales et de l’affiliation étrangère de certaines parties locales. Ce qui ne manque pas d’inquiéter les Libanais sur l’éventuelle transformation de leur pays en une arène de conflits régionaux et internationaux. Le ministre libanais a alors évoqué les possibles retombées sur le Liban du conflit entre l’Occident et l’Iran autour du dossier nucléaire, du conflit israélo-palestinien et de la volonté syrienne de garder une mainmise sur le Liban. « Nous sommes cependant déterminés à sortir le pays de la bouche du dragon, et le peuple libanais sait pertinemment bien qu’il doit absolument rester uni », a-t-il dit. Quant à la solution qu’il préconise pour sortir de la crise, M. Safadi souligne qu’elle doit d’abord passer par « l’entente sur un nouveau président de la République ». « Une fois que le président changera, le changement ministériel pourra se faire et alors les élections parlementaires auront lieu. Les choses ne pourront changer que dans cet ordre, c’est la seule solution », a insisté le ministre. La revue Magazine publie d’ailleurs dans son numéro d’aujourd’hui une interview du ministre Mohammad Safadi au cours de laquelle il a indiqué que « les chiites – qu’il ne perçoit pas comme étant une menace – et les sunnites étaient condamnés à s’entendre, sinon le Liban n’existera plus ». M. Safadi a également précisé qu’une grande partie des problèmes du Liban venait de la tension entre les deux axes, américano-israélien, d’une part, et syro-iranien, d’autre part.