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Actualités - OPINION

Changement de cap pour Berry... et de propositions pour la majorité

Le président Nabih Berry a plaidé avec ferveur pour le changement, tout au long des deux tables rondes de dialogue qu’il a initiées. Il démontre aujourd’hui qu’il reste fidèle à ses convictions. Conséquent avec lui-même, il change en effet son fusil d’épaule et le cap conciliateur qu’il s’était choisi pour rivaliser de radicalisme avec le Hezbollah. Un peu trop brusquement, ce qui en étonne plus d’un. Alors qu’en réalité, et finalement, ce n’est pas tellement surprenant. Dans le temps, le chef du Législatif avait également dû modifier ses positions médiatrices quand les tuteurs, tapant du poing sur la table, s’étaient irrités d’une visite qu’il avait rendue à Bkerké, siège et symbole de l’indépendantisme libanais. Le président Berry, il faut le souligner, a opéré son revirement à partir de Téhéran, la capitale d’un Iran qui se pose en patron des patrons, au niveau de ce que l’on pourrait appeler le nouveau front du refus régional. Dans cet esprit, M. Berry va loin, d’un seul coup. Il qualifie le gouvernement Siniora de « Conseil de commandement dirigeant le Liban ». Ce qui est une autre façon de le traiter de despotique et d’anticonsensuel, ajoutant que le gouvernement n’est plus conforme au pacte et que son maintien est contraire à la Constitution. Il se prononce de la sorte pour le renversement du cabinet, voire pour l’exclusion ultérieure de son président, avec qui il avait étroitement coopéré et coordonné pendant la guerre, formant un duo étroitement soudé dans l’action à l’extérieur en vue de la 1701 et de l’arrêt des hostilités, en base des sept points énoncés par Siniora, qu’il avait soutenu à fond. Et pourquoi ce retournement ? Réponse assez pâle des proches de Berry : parce que Siniora n’a pas tenu sa promesse de reporter le débat sur le tribunal du lundi au jeudi… Selon un député majoritaire, ami personnel de M. Berry, ce dernier a pu être influencé par les Iraniens et par les propos de Khamenei affirmant que la déroute des USA surviendrait au Liban. Accordant à son ami le bénéfice du doute, ce parlementaire pense que M. Berry a recouru aux surenchères pour être en mesure, par la suite, de rejouer son rôle de médiateur, sans être récusé par les gens du 8 Mars. Kaput le package deal Du côté de la majorité, on varie également les suggestions, en fonction des nouvelles données de la crise. On ne parle plus ainsi de package deal, d’un panier global incluant la présidentielle, le gouvernement, la 1701, le tribunal, la loi électorale, les législatives anticipées et Paris III. Mais d’un agenda sériel de solutions aux diverses questions. D’un calendrier-programme aux étapes aussi successives que dissociées. Il faut dire que les majoritaires étaient déjà devenus sceptiques, avant la démission des ministres prosyriens, quant à la possibilité effective de mettre un package deal en chantier. Ils s’étaient vite heurtés, en effet, à nombre d’obstacles infranchissables en pratique. Dont le refus absolu de Damas que l’on touche d’abord à la présidence. Ainsi, du reste, que la détermination de chaque camp à obtenir la succession pour l’un des siens. Il convient de relever à ce propos qu’à quelque chose malheur est bon : après la démission des ministres, le 14 et le 8 Mars montrent une tendance semblable à accepter un président de compromis. Temps mort Mais il faut, dans le meilleur des cas, plusieurs semaines pour que l’idée fasse son chemin et soit admise par l’opposition. Que peut-il se passer entre-temps ? Peut-être une mobilisation de la rue par les deux camps antagonistes. Certains médias, et nombre de pôles, poussent à cette roue, pour manifestement dangereuse qu’elle soit. Selon des sources informées, des parties minoritaires auraient déjà commandé des centaines de tentes, pour établir des camps de contestation à l’entour de la place Riad el-Solh. Parallèlement, des cadres du Hezbollah affirment en privé que ce parti ne commettra pas l’erreur, comme antérieurement le 14 Mars qui avait renoncé à organiser une marche sur Baabda, de ne pas compléter son mouvement. Ils précisent cependant que tout serait fait pour éviter une confrontation explosive chiites-sunnites, chiites-druzes, ou chiites-chrétiens. Parce que le pays (« qui est le nôtre », déclare Nasrallah) en pâtirait. Mais aussi parce que le Hezb perdrait les acquis de la « victoire divine ». Il n’y aurait pas de soulèvement de rue, de violences, de manifestations agressives. Mais tous les autres moyens, dont des sit-in et des grèves, des interpellations au Parlement, seraient utilisés pour faire chuter le gouvernement. Et pour obtenir, finalement, un changement du système tout entier, un gommage de Taëf au profit d’une nouvelle formule. Basée sur un partage non plus fifty-fifty entre musulmans et chrétiens, mais 2/3 – 1/3. Permettant par exemple à un chiite d’accéder à la présidence de la République. Philippe ABI-AKL

Le président Nabih Berry a plaidé avec ferveur pour le changement, tout au long des deux tables rondes de dialogue qu’il a initiées. Il démontre aujourd’hui qu’il reste fidèle à ses convictions. Conséquent avec lui-même, il change en effet son fusil d’épaule et le cap conciliateur qu’il s’était choisi pour rivaliser de radicalisme avec le Hezbollah. Un peu trop...