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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Le 8 Mars s’échauffe et se prépare, la majorité étudie les moyens de faire face Du cyclone politique pourraît naître la solution-compromis

Comme le calme peut parfois précéder d’infernales tempêtes, il est des cyclones (verbaux) qui ont ce petit ceci de bien qu’ils ne peuvent laisser la place qu’à une solution, au calme. Ou alors au chaos. C’est cela une guerre froide : soit cela se réchauffe, cela s’arrange ; soit cela explose. En attendant, force est de constater que même Nabih Berry s’est radicalisé à outrance. Avant que sa fierté et son orgueil ne prennent un sérieux coup avec la décision de la majorité d’inscrire l’avant-projet du tribunal international à l’ordre du jour du Conseil des ministres de lundi dernier – à moins qu’on ne l’ait obligé à présenter les choses ainsi, et aussi à se dédire, comme il l’a fait de Téhéran –, le président du Parlement était constamment soucieux de jongler entre le juge et la partie, de (se) la jouer équidistant ; un exercice de funambulisme politique cocasse, certes, mais impressionnant. Et la situation actuelle ne lui plaît en aucune façon, au n° 2 de l’État : pas seulement parce que ce qui se passe est grave, dangereux – cela reste secondaire ; c’est surtout parce qu’il n’est plus que partie. Il n’est plus donc cet arbitre que tout le landernau politique veut ménager ; il n’a plus l’ascendant, celui que confère le statut de dernier recours ; il n’est plus au-dessus de la masse, au-dessus, surtout, d’un Hezbollah maître de sa communauté… En un mot comme en cent : Nabih Berry veut une solution qui lui redonne sa singularité, et s’il en est l’heureux papa, c’est encore mieux. Sauf qu’au sein de son 8 Mars de camp, on ne l’aide pas beaucoup, on ne semble pas beaucoup vouloir l’aider, ou alors on montre le contraire – aussi bien le Hezbollah que Michel Aoun. Et ce dernier joue d’une façon totalement incompréhensible, et désormais à fond, le jeu des partis prosyriens. Contre quoi ? Rien n’est gratuit en politique, et certainement pas au Liban : que lui a promis le Hezb en échange de cette caution non chiite, bénie pour le parti de Dieu, personne ne le sait. Et sans doute même pas l’ancien Premier ministre lui-même. À supposer que Damas, Téhéran et leurs alliés au Liban obtiennent des élections anticipées et la majorité dans un nouvel hémicycle (ce scénario tient déjà de la science-fiction), rien, absolument rien ne garantit au général Aoun son élection à la présidence de la République. Ce serait même de l’ordre du fantasme, sachant à quel point l’on prête au Hezb la volonté de tout faire pour donner Baabda à un chrétien faible, à essayer donc de lahoudiser le poste à vie. En attendant, une source bien informée, interrogée par L’Orient-Le Jour, indique que Michel Aoun a dépêché à Bkerké Ibrahim Kanaan, qui a informé le patriarche de la volonté du CPL d’investir la rue pour « manifester son mécontentement profond ». Cette source précise en outre que le Hezb a décidé de ne pas recourir en tant que parti à la rue, mais d’y dépêcher ses alliés (Baas, PSNS, etc.) et de laisser Aoun faire : le Hezb, assure cette source, ne veut pas d’un face-à-face chiito-sunnite. D’autant qu’il semblerait que se multiplient en ce moment de (sérieuses) démarches irano-saoudiennes visant à éviter à tout prix une irakisation du Liban. De l’autre côté, tant bien que mal, avec quelques trébuchements dans la forme par-ci par-là, les forces du 14 Mars continuent, courageusement, de défendre ce en quoi croit la majorité des Libanais : le tribunal international, la résolution 1701 et Paris III. Réunis hier pendant de longues heures à Koraytem, les ténors loyalistes (Joumblatt, Geagea, Hariri, Gemayel, Moawad, Hamadé, Aridi, Safadi, Pharaon, Samir Frangié, Tuéni, Harb, Sabeh, Bou Faour, Nassib Lahoud, Carlos Eddé, Souhaid, etc.) ont débattu des moyens de faire face, des différentes façons d’endiguer les attaques tous azimuts de l’opposition, et ont rappelé, dans un communiqué publié dans la nuit, « leur détermination à relever les défis, et notamment ceux visant à dynamiter la 1701, le tribunal international et Paris III, tout cela pour servir des intérêts étrangers qui n’ont aucun lien avec ceux du Liban et des Libanais ». Quand radicalisation et détermination atteignent de tels degrés, une solution devient impérieuse – à condition naturellement que tout le monde refuse le chaos et que tout le monde se souvienne que les Libanais restent condamnés, en toutes circonstances, à s’entendre. La solution se ferait, selon des sources bien informées, en quatre étapes. Un : que le 14 Mars allège son discours politique, que la majorité cesse d’accuser l’Iran et la Syrie. Deux : amender le projet de tribunal international, en amoindrir les pressions sur le camp du 8 Mars en biffant la mention répétitivité des actes criminels… Trois : aboutir à la formation d’un gouvernement d’union nationale composé de trente ministres répartis ainsi : 19 pour le 14 Mars, 10 pour le 8 Mars et 1 ministre-roi, totalement indépendant, neutre et impartial (s’ils le trouvent…). Ce gouvernement s’attellerait à la préparation de Paris III et d’une nouvelle loi électorale, ainsi qu’à l’application de la 1701 ; il n’évoquerait pas les armes du Hezb. Quatre : s’entendre, d’ici à la Saint-Sylvestre, sur un président de la République ni 14 ni 8 Mars. L’élection d’un tel président créerait, indiquent ces sources, un dégel certain, et pourrait paver la voie, toutes proportions gardées, à la relance du processus de paix dans la région, « surtout que tout le monde est conscient de la nécessité d’une nouvelle vision US pour la paix au P-O, qui se fera au bénéfice du Liban », rassurent-elles. À moins, naturellement, que le Liban et la région n’aient plus la priorité… Mais cela est toute une autre histoire. L’essentiel aujourd’hui reste que ceux qui veulent que le Liban perdure trouvent le moyen de stopper net l’émigration des Libanais. Ziyad MAKHOUL
Comme le calme peut parfois précéder d’infernales tempêtes, il est des cyclones (verbaux) qui ont ce petit ceci de bien qu’ils ne peuvent laisser la place qu’à une solution, au calme. Ou alors au chaos. C’est cela une guerre froide : soit cela se réchauffe, cela s’arrange ; soit cela explose.
En attendant, force est de constater que même Nabih Berry s’est radicalisé à...