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Actualités - OPINION

L’insistance pour une minorité de blocage démontre que l’opposition n’est pas intéressée par une solution Le pays victime potentielle de la panique syrienne face au tribunal international

Ce n’est plus de la peur, de la frayeur ou des craintes, mais une véritable terreur, une panique syrienne sans nom, irraisonnée, face à l’épée de Damoclès d’un tribunal à caractère international. Damas menace de faire crouler le temple libanais, si l’on n’écarte pas le spectre et le sceptre de la justice à rendre aux mânes des martyrs post-prorogation. Des martyrs dont la longue liste débute par le président Hariri et se termine, du moins à cette date, par Gebran Tuéni. Secondé par de puissants alliés locaux, le régime syrien veut placer le pays devant l’alternative suivante : oublier les victimes, ou en devenir une lui-même. C’est-à-dire renoncer à identifier les (parties) coupables ou plonger dans l’anarchie. Il se confirme ainsi, de jour en jour, que l’histoire du cabinet d’union n’est qu’un prétexte fallacieux. Elle justifie d’autant moins le coup d’éclat des prosyriens, la démission de leurs ministres que les pourparlers pour l’élargissement du gouvernement se poursuivaient, nombre de points étant déjà entendus, sans perspective d’impasse. Du reste, les contestataires développent eux-mêmes, de plus en plus, les arguments relatifs au rejet du tribunal ; et de moins en moins les criailleries au sujet du cabinet. Ils soutiennent qu’ils se sont trouvés privés de leur droit de discuter des détails du brouillon final du statut du tribunal. Et quand on leur objecte que ce droit, ils auraient pu l’exercer s’ils avaient pris au moins la peine d’assister au Conseil des ministres consacré au sujet, ils répliquent que s’ils ne l’ont pas fait, c’est parce qu’ils n’avaient été ni avertis ni consultés à l’avance… Une réponse qui signifie, en fait, que le Conseil des ministres n’est pas un lieu de débat et n’existe pas pour prendre des décisions, mais pour entériner des accords déjà conclus. Rizk Le ministre de la Justice, Charles Rizk, souligne pour sa part que l’approbation par le Conseil des ministres de la mouture finale du statut n’est en réalité qu’un premier pas sur une route encore longue. Une façon de tenter de rassurer les contestataires, en leur montrant en même temps que leur réaction abrupte était prématurée. Abondant dans le même sens, un autre ministre souligne que ceux qui ont des objections pourront encore les formuler lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU aura renvoyé le texte aux autorités libanaises, pour approbation, paraphe décisif ou ultimes retouches. En effet, le Conseil des ministres et la Chambre sont encore appelés à statuer sur le statut, avant la signature de la convention avec les Nations unies. Réfutation À dire vrai, ce même ministre observe que si les réfractaires étaient animés de bonnes intentions et de bonne volonté, ils auraient avancé leurs remarques sur le tribunal d’abord. Avant de démissionner en invoquant le prétexte du cabinet, alors que cette question restait encore sous étude et sous négociation. Ajoutant d’ailleurs à ce propos que l’insistance des prosyriens à décrocher un tiers de blocage indique assez bien qu’une solution ministérielle quelconque ne les intéresse pas du tout. Ils savent en effet que cette condition qu’ils posent est tout à fait inadmissible. Qu’ils ne l’auraient eux-mêmes pas acceptée s’ils étaient au pouvoir. Parce qu’elle signifie, tout simplement, la paralysie de l’État et des institutions. Il ajoute, dans le même sens, que si les prosyriens n’ont pas, comme ils l’affirment, d’objection contre l’existence même du tribunal, ni contre la 1701 (sous réserve de geler pour le moment le problème de l’armement), ils n’auraient pas exigé le tiers de blocage. Car on ne voit pas ce qu’ils auraient voulu bloquer. Lahoud De même, concernant le président Lahoud qui affirme dans sa lettre à Kofi Annan être pour le tribunal, pourquoi n’a-t-il pas assisté alors à la séance du Conseil des ministres relative à cette instance, (se) demande le ministre. Il y aurait exposé officiellement ses objections, condensées dans un texte de trente pages, ce qui ne l’a pas empêché de soutenir qu’il n’avait pas étudié le texte ! Pour déclarer à l’ONU, qui n’en a du reste pas tenu compte, que le document n’engage dès lors pas la République libanaise. Et d’ajouter que si la majorité n’avait pas été convaincue par les arguments du président, il aurait gardé la latitude d’en discuter encore ultérieurement. Et, éventuellement, de ne pas signer, de renvoyer le texte au Conseil pour deuxième étude. En outre, les remarques avancées sont d’un ordre touchant à la forme et non au fond. C’est-à-dire qu’elles ne peuvent en aucune manière justifier une obstruction totale, ni une démission qui équivaut à un refus de discuter. La Syrie Il reste que, comme le souligne le ministre de la Justice, Charles Rizk, la route est effectivement encore longue. La bataille aussi. Sur le plan local sur deux fronts : le texte des statuts, à débattre encore en Conseil des ministres et à la Chambre ; mais également la constitutionnalité, la légalité, la légitimité de la première approbation gouvernementale en l’absence de représentants de la communauté chiite. En tout cas, les présidents Lahoud et Berry peuvent de leur côté retarder l’échéance. Auparavant, et de plus, le Conseil de sécurité de l’ONU doit, lui aussi, examiner une dernière fois le statut, après réception de la lettre d’acceptation gouvernementale libanaise. À ce moment, sur incitation répétée de la Syrie, la Russie et la Chine pourraient de nouveau réclamer un surplus d’amendements restrictifs. En cherchant en outre à retarder le vote. Émile KHOURY

Ce n’est plus de la peur, de la frayeur ou des craintes, mais une véritable terreur, une panique syrienne sans nom, irraisonnée, face à l’épée de Damoclès d’un tribunal à caractère international. Damas menace de faire crouler le temple libanais, si l’on n’écarte pas le spectre et le sceptre de la justice à rendre aux mânes des martyrs post-prorogation. Des martyrs dont la...