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Actualités - OPINION

Constitutionnalité(s)

Septembre 2004 : quelques mois avant la fin du mandat présidentiel, une puissance extérieure exerçant une tutelle de facto sur le Liban intervient en force et n’hésite pas à recourir à l’intimidation pour imposer, dans une pathétique mise en scène, une prorogation de ce mandat. Mars 2005 : la révolution du Cèdre déclenche le processus d’anéantissement de la tutelle extérieure et de tous ses instruments au Liban. En défiance de ce mouvement souverainiste pluriconfessionnel et de la volonté du peuple - que la Constitution désigne comme étant la source de tous les pouvoirs - le président de la République s’accroche à son poste et annonce qu’il y restera jusqu’au dernier jour du mandat prorogé. Juin 2005 : une majorité hostile non seulement à la personne du chef de l’État mais aussi à la légitimité de son mandat prend le contrôle de la Chambre à la suite d’élections organisées sur la base d’une loi électorale votée sous le premier mandat de ce chef de l’État et avec son approbation explicite. Ignorant ce développement, ce dernier s’obstine et rejette tous les appels à la démission. 2006 : le boycottage local et international du chef de l’État s’amplifie. Du fait de l’entêtement de son locataire, qui ne doit plus sa présence à son poste qu’aux contradictions et aux failles du système politique libanais, le palais de Baabda se met à l’écart de la foisonnante activité institutionnelle du pays et ne reçoit plus que d’anciens ministres et ex-députés, tous symboles secondaires de la défunte tutelle. Novembre 2006 : ce même président de la République se pose pour la énième fois en garant de la Constitution et décrète l’illégitimité du gouvernement le plus souverainiste – donc le plus légitime – de l’histoire du Liban. Si ce n’était tragique, on en rirait. L’histoire de tous les pays de la planète est riche en individus qui ont voulu suggérer à leurs contemporains qu’ils respectaient les règles rien qu’en faisant semblant de les respecter. Il y a un mot pour désigner ces individus : « tyrans ». Mais il n’y a pas que le président. À la veille d’une échéance vitale pour le destin d’un pays, un parti politique fait démissionner du cabinet ses ministres et ceux d’une formation coreligionnaire, puis se met à hurler au loup, un affreux loup qui, selon lui, s’en prend à ce pauvre agneau qu’est la Constitution libanaise et à son préambule garant de la coexistence. Ce parti politique, qui entretient un arsenal militaire privé, mène des guerres extérieures, dispose d’une administration privée, souhaite imposer à tout le monde ses vues diplomatiques et exige de la majorité qu’elle ne se comporte pas comme telle … Ce parti politique veut donc défendre la Constitution ! Si ce n’était tragique, ce serait loufoque. Loin de tout débat juridico-sémantique, il y a apparemment au Liban deux façons de lire la Constitution : celle qui consiste à s’en servir pour construire l’indépendance de ce pays et celle qui cherche désespérément à la détruire. Élie FAYAD
Septembre 2004 : quelques mois avant la fin du mandat présidentiel, une puissance extérieure exerçant une tutelle de facto sur le Liban intervient en force et n’hésite pas à recourir à l’intimidation pour imposer, dans une pathétique mise en scène, une prorogation de ce mandat.
Mars 2005 : la révolution du Cèdre déclenche le processus d’anéantissement de la tutelle extérieure...