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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE - L’homme, effondré sur son lit d’hôpital, peine à faire le décompte des membres de sa famille morts sous les obus israéliens Saad Assamna rescapé d’une famille décimée

Saad Assamna est effondré. Sur son lit d’hôpital, il peine à faire le décompte des membres de sa famille, morts mercredi sous les obus israéliens à Beit Hanoun. La vie de cet homme de 54 ans a basculé en quelques secondes lorsque l’artillerie israélienne a bombardé un quartier d’habitation de cette ville du nord de la bande de Gaza. Pour Saad Assamna, le bilan de cette bavure israélienne est tragique. Il a perdu sa mère, quatre enfants, quatre petits-enfants, trois belles-filles, son frère Massoud, la femme de ce dernier, leur fils et leur belle-fille. En tout seize morts sur les dix-huit tués par le bombardement israélien. Les deux autres sont des voisins accourus pour aider. Il se perd tant dans la liste des victimes de sa famille qu’un de ses voisins, à son chevet, est obligé de le corriger fréquemment. « Mes fils, ma mère, mes petits-enfants. Tous ont disparu. Tous sont morts. Maintenant, je voudrais mourir moi aussi », sanglote Saad. Il a été hospitalisé pour une blessure au bras et des éclats d’obus qui se sont logés dans son dos, son cou et une des ses joues. Les membres de la famille de Saad Assamna qui on survécu sont éparpillés dans les salles d’opérations et de soins intensifs des hôpitaux de Gaza. Ils vivaient dans plusieurs appartements répartis dans deux bâtiments voisins, qui ont été touchés de plein fouet par les obus. « Le frère de ma femme et une de ses filles ont été tués », poursuit-il d’une voix brisée. « Non. Ce sont ses deux filles qui ont été tuées », le reprend son voisin, provoquant un redoublement des pleurs du blessé. Il ne parvient pas non plus à mentionner le nom de sa fille de 20 ans sans sangloter. Jihane étudiait à l’Université islamique de Gaza. Parmi les quatre enfants morts de Saad figurent ses trois garçons adolescents. En tout, l’armée israélienne a tué un tiers des 15 enfants de Saad Assamna, un d’entre eux il y a quelques années et quatre autres dans le bombardement de mercredi. Saad Assamna travaille comme huissier dans un tribunal local pour 30 shekels (environ 5 euros) par jour. Avant qu’Israël ne supprime les permis de travail pour les Palestiniens, il était chauffeur de taxi à Tel-Aviv. Alors qu’il fait péniblement le décompte de ses proches tués, un de ses fils, éventré dans le bombardement, est en salle d’opérations. Un de ses petits-enfants a été amputé d’un bras. Les victimes ont été tuées pendant leur sommeil et dans les cages d’escalier alors qu’ils tentaient de fuir. Certains ont été touchés dans la rue par une nouvelle salve d’obus, alors qu’ils tentaient de porter secours aux blessés. Selon des témoins, en fin de matinée mercredi, les seules traces visibles du drame étaient des mares de sang et des murs détruits. Beit Hanoun, situé à moins d’un kilomètre d’Israël, est utilisé par les activistes palestiniens comme une zone de lancement de roquettes sur les localités israéliennes à la lisière de la frontière. La semaine dernière, l’armée israélienne a lancé une vaste opération militaire dans le nord de la bande de Gaza, destinée à arrêter les tirs de roquettes. Beit Hanoun a été occupé pendant six jours, et plus de 50 Palestiniens, dont environ 30 activistes, ont été tués et plus de 200 blessés pendant l’opération. « Les soldats israéliens nous ont gardés en otages chez nous pendant une semaine. Mais au moins, à ce moment-là, j’avais encore ma famille », se lamente Saad Assamna. Charles LEVINSON (AFP)
Saad Assamna est effondré. Sur son lit d’hôpital, il peine à faire le décompte des membres de sa famille, morts mercredi sous les obus israéliens à Beit Hanoun. La vie de cet homme de 54 ans a basculé en quelques secondes lorsque l’artillerie israélienne a bombardé un quartier d’habitation de cette ville du nord de la bande de Gaza.
Pour Saad Assamna, le bilan de cette bavure...