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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Imitateur de plus de 200 personnalités du monde de la politique et de l’art Jean Bou Gédéon, ou le talent des métamorphoses

Figure familière et sympathique du grand public et cependant jamais la même! Paradoxe du comédien ou don des métamorphoses? Voilà un «comique» au talent fou pour imiter Monsieur Tout-le-monde ou des personnalités du monde politique comme celui de l’art. «Plus de 200 personnalités», confesse Jean Bou Gédéon dans un grand éclat de rire et une étincelle de joie et de fierté qui brille au fond des yeux. Qui aurait dit que cet acteur sérieux, qui a commencé sa carrière sous les feux de la rampe avec des pièces de Durrenmatt et de Shakespeare (heureux et nostalgique temps de la salle Maroun Naccache), allait être le comédien le plus drôle et le plus populaire du pays du Cèdre et du monde arabe? Rien que l’impressionnant audimat de l’excellente émission télévisée Bass Matt Watan de Charbel Khalil, où il sévit, le prouve. Nul besoin pour lui de prouver encore sa popularité, son talent d’imitateur impayable et sa drôlerie. Aujourd’hui, la quarantaine élégante avec des tempes où pointent quelques cheveux blancs, le regard vif, la voix tonnante, les sourcils broussailleux, Jean Bou Gédéon, père de deux enfants, est préoccupé par la situation sociale. «Quel avenir préparons-nous à nos familles? Si le passé du Liban est une grande civilisation, l’avenir reste toutefois, en ce moment, bien inquiétant…» Réflexions communes à tous les citoyens, mais qui ne font pas l’objet de notre discussion à bâtons rompus avec ce comique hors pair. Plus de trente ans de carrière déjà sous les spots, mais l’histoire d’amour de l’univers des planches et de la magie des spots remonte bien entendu à la prime enfance. Un enfant de huit ans en faisait voir à l’épicier du village, et les farces passaient dans une délicieuse atmosphère de détente au cours de soirées où se formait déjà un public enthousiaste d’amis et de voisins prêt à rigoler de ces ressemblances avec des clones avant terme confondants…Et puis, à la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise, un jeune étudiant imitait le concierge et son professeur de dramaturgie, en l’occurrence Antoine Moultaka, l’un des plus éminents et vénérables fondateurs du théâtre libanais! Là encore, rires, étonnements et applaudissements pour un imitateur qui s’ignore encore… Tout dans la voix Ce ne sont pas les accessoires (costumes, maquillage, etc.) qui ont les faveurs de Jean Bou Gédéon pour atteindre «l’autre». «Ces accessoires aident sans nul doute, mais ils ne sont pas la clef de l’essence des choses, explique Jean Bou Gédéon. L’essence est surtout dans la voix. La voix véhicule une foule d’éléments qui fait la particularité et la spécificité de chaque être. Je commence toujours par la voix. La voix dévoile la personnalité. Elle vit dans mes oreilles et m’influence. La voix me guide vers les bons gestes, les tics secrets et imperceptibles de prime abord. C’est le meilleur moyen pour incarner une personnalité autre que la mienne. Ainsi je “m’habille” des personnes que je veux imiter… Bien sûr, il faut aussi un sens aigu de l’observation. Cela aide énormément.» De George W. Bush à Ben Laden, en passant par Bill Clinton, Saddam Hussein ou Yasser Arafat, pour le répertoire international, les imitations ont surpris les spectateurs. Jean Bou Gédéon ne se contente pas de tailler seulement dans le local… Plus proche de nous, il y a Michel Murr, Najah Wakim, Nabih Berry, Élie Ferzli, Zaher Khatib, Sleimane Frangié, Karim Pakradouni, Neemtallah Abi Nasr, Mikhaël Daher et la liste, bien longue, semble une inépuisable source d’inspiration, pour épingler l’inénarrable de la vie politique. Côté chansonnettes et poésie, il y a Saïd Akl (qui le récompense d’un prix), Melhem Barakat, Waël Kfoury et la brochette est loin de pointer le bout de son nez... Ne croyez surtout pas que cela se passe toujours sans accroc, avec un esprit accueillant et sportif. Les réactions, positives ou négatives, ne tardent jamais à surgir. Car il y en a toujours! Selon les susceptibilités ou l’ouverture d’esprit des têtes choisies dans ce tableau de chasse bien singulier. Quelle a été la métamorphose la plus difficile pour Jean Bou Gédéon? «Celle d’Antoine Choueiri, dit-il immédiatement. À cause de la voix de fumeur… car je ne bois pas et je ne fume pas. Il fallait tout un travail sur la gorge et les cordes vocales.» Féru des Guignols, admirateur de Benny Hill et médusé par les performances de Daoud Hussein, Jean Bou Gédéon a gardé la tête bien solide sur les épaules malgré le succès, les applaudissements et le public qui croulait par terre de rire lors des spectacles donnés à l’hôtel Habtoor. Il a plus d’une corde à son arc, ce jeune homme de quarante-deux ans qui a soif de culture, d’ordre, d’organisation et de probité. Il aime peindre, écrire, jouer du oud, chanter, faire du cinéma. Ses rêves sont infinis, mais le plus persistant d’entre eux est celui d’écrire et produire un scénario… Dans le registre comique ou dramatique car, dit-il, «celui qui te fait rire peut aussi te faire pleurer»… Le mot de la fin pour cet incroyable imitateur, au registre étonnamment riche? «J’aime ce qui est lumineux et non les coins d’ombre… confie-t-il. C’est pour cela que je travaille dans un programme télévisé audacieux…» Edgar DAVIDIAN
Figure familière et sympathique du grand public et cependant jamais la même! Paradoxe du comédien ou don des métamorphoses? Voilà un «comique» au talent fou pour imiter Monsieur Tout-le-monde ou des personnalités du monde politique comme celui de l’art. «Plus de 200 personnalités», confesse Jean Bou Gédéon dans un grand éclat de rire et une étincelle de joie et de fierté qui...