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Actualités - OPINION

Pour la majorité, un seul axe : le Liban

Le conflit des axes, euro-américain v/s syro-iranien, bat son plein. Accusée par les prosyriens de faire le jeu de Washington, la majorité proteste avec véhémence. En soulignant qu’à ses yeux, il n’y a que le Liban qui compte. Et que, justement, il faut soustraire le pays à la lutte des axes. Car, maillon faible de la chaîne, il en devient facilement la lice de confrontation. Et en fait lourdement les frais, comme l’été dernier. Il n’en reste pas moins que, de toute évidence, les données locales restent sous influence de la sourde guerre froide que se livrent Occidentaux et Irano-Syriens. Ainsi, à travers les concertations initiées par le président Nabih Berry, les majoritaires entendent soulever la question des intentions des opposants. Quel sens faut-il vraiment donner à la revendication d’un cabinet dit d’union nationale ? Que signifie l’exigence d’un tiers ministériel de blocage, ou « de garantie », selon la terminologie pudique adoptée par Nasrallah ? À quoi vise un élargissement du gouvernement ? À y faire entrer Aoun seulement ? Ou à rajouter également des sièges pour des forces prosyriennes non représentées au Parlement. Quels seraient les objectifs et les missions de l’Exécutif rénové ? S’agirait-il de faire capoter le tribunal international et la 1701 ? Et, du coup, rendre la majorité effectivement « illusoire » ? En la plaçant devant l’alternative suivante : se soumettre, ou faire face à des mouvements de rue. Pour qu’ensuite l’on ne parle plus du gouvernement, mais d’élections législatives anticipées. Des cadres majoritaires s’insurgent contre l’attitude des opposants, plus particulièrement de leur fer de lance, le Hezbollah, qui avance la double menace de la rue et des élections anticipées, sans même consulter son partenaire, meneur de dialogue, le président Berry, lequel, selon les majoritaires, ne peut qu’être embarrassé dans son action de rapprochement-apaisement par l’offensive du Hezb. Une parenthèse : selon l’un de ses visiteurs, le président Berry serait favorable à un élargissement du gouvernement. Pour y faire place à des aounistes, mais à condition que des ministres initialement mis sur le compte du président de la République rendent leur tablier. Une demande que Baabda, selon cette source, ne devrait pas mal accueillir. Car, depuis quelque temps, MM. Charles Rizk et Tarek Mitri ne sont plus en grâce aux yeux de M. Lahoud. Qui n’apprécierait plus tellement, non plus, M. Élias Murr. Et on lui préférerait son père, M. Michel Murr. Mais le président de la République accepterait-il de faire cadeau de sa part au général Aoun ? Ne voudrait-il pas que les « indésirables » soient remplacés par d’autres hommes bien à lui ? Distances Quoi qu’il en soit, si le Hezbollah, aux dires des majoritaires, ne prend pas en compte le président Berry, ce dernier n’est pas tout à fait en reste. Certes, son ordre du jour pour les concertations rejoint celui du 8 Mars. Mais, par contre, il n’est pas du tout, selon ses visiteurs, pour le recours à la rue ni pour des législatives anticipées. Il n’a pas non plus l’intention, selon les mêmes sources, de suivre l’exemple du Hezb si ce dernier venait à retirer ses ministres du gouvernement. Il n’ordonnerait pas non plus à ses députés de ne plus assister aux séances parlementaires ou de démissionner, si le Hezb décidait de retirer ses représentants de l’hémicycle. Contrairement donc à ce qu’ont pu escompter les radicaux prosyriens, M. Berry n’a pas, pour le fond, changé de ligne. Fin août dernier, lors de la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr, il qualifiait dans un discours le gouvernement Siniora de cabinet de la Résistance. Il avait du reste rendu hommage, lors de la guerre de juillet, au président du Conseil. Se démarquant d’un Hezbollah parti à l’assaut du gouvernement et de son chef, en menaçant de révéler « ce qui se passe dans les chambres noires », et en déchaînant sa chaîne télé contre M. Siniora. Retour aux majoritaires. Ils répliquent, au sujet du tiers de blocage, qu’il n’en est pas besoin. Puisque la règle de jeu établie veut que les décisions soient prises en Conseil des ministres à l’unanimité ou, en tout cas, à l’amiable. Ils ajoutent qu’il n’est pas question de marginaliser la fraction chiite. À preuve, l’étroite coordination-coopération entre les présidents Siniora et Berry lors de la guerre de juillet. Il n’y a eu de vote envisagé, notent-ils, que pour le statut du tribunal international. Mais c’est justement pour entraver le lancement de cette instance, objectif capital pour Damas, ainsi que la 1701 que les prosyriens veulent ce tiers de blocage. En outre, et la parole est de nouveau aux majoritaires, l’instabilité du Liban reste le but recherché par ceux qui veulent dresser ce pays contre la communauté internationale et la 1701, pour exercer de la sorte une pression accrue sur les USA, afin qu’ils modifient leur projet régional et mettent de l’eau dans leur vin face à l’axe syro-iranien. Cependant, il subsiste des facteurs purement locaux, sans lien véritable avec la lutte des axes extérieurs. Ainsi en est-il de la promesse que le Hezbollah aurait fait aux aounistes de tout tenter pour les introduire dans l’Exécutif. La majorité riposte en faisant valoir qu’un cabinet dit d’union nationale serait synonyme de paralysie étatique, en raison du tiers de blocage. Et qu’en tout cas, cela saboterait la vie démocratique et le principe de séparation des pouvoirs. Sans compter la faculté pour le Parlement de demander des comptes au gouvernement. Et pour finir, posée par un député majoritaire, la sempiternelle question : « Le Hezbollah, qui tient tant à la participation de tous, a-t-il fait participer quelqu’un à sa décision de guerre ? » Philippe ABI-AKL
Le conflit des axes, euro-américain v/s syro-iranien, bat son plein. Accusée par les prosyriens de faire le jeu de Washington, la majorité proteste avec véhémence. En soulignant qu’à ses yeux, il n’y a que le Liban qui compte. Et que, justement, il faut soustraire le pays à la lutte des axes. Car, maillon faible de la chaîne, il en devient facilement la lice de confrontation. Et en...