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Actualités - CHRONOLOGIE

AUDIOVISUEL - Le public en est accro La loi des séries

Depuis 1951, les séries américaines envahissent le petit écran et connaissent un franc succès. Soumises aux contraintes de la petite lucarne (écran carré, formatage de la durée des épisodes, obligation de tenir le spectateur accroché), ces séries empruntent pourtant au cinéma ses modes de récit, ses structures dramatiques et ses codes esthétiques. Conditionnant le regard différemment, elles ont donc leur secret. Un secret qui, avec le temps, augmente le nombre des aficionados. Le mot série, qui vient directement de l’anglais, désigne des émissions, dont la périodicité est hebdomadaire, contrairement aux quotidiens soap operas. Il ne s’agit pas là d’un nouveau produit, mais il tend actuellement à devenir prolifique. Genre télé-fiction, les séries ont démarré avec I Love Lucy et ont atteint leur summum en 68-70, avec l’âge d’or de la télévision ( Mission Impossible, Le Saint, Peyton Place, Le Prisonnier, puis Dallas et Dynasty...). Plus de trente ans plus tard, les voilà ressurgies sur le petit écran, shootées à l’adrénaline, revitalisées avec une dynamique plus forte. Une machine qui s’emballe Caractères inédits, qui naissent, vivent et meurent à la télévision, les personnages sont le fruit de multiples concertations et nécessitent l’adoubement du téléspectateur pour voir leur vie virtuelle prolongée. Malgré la rapidité de l’action et son intensité dramatique exacerbée (Alias, 24 heures chrono), quelque chose dans les grandes séries actuelles se joue en profondeur. Celles-ci durent des années avec ce détail amusant que les personnages vieillissent en même temps que les téléspectateurs. Pour bien s’impliquer dans le déroulement de la série, il faut donc apprendre à connaître les personnages, voire s’identifier à eux. Ce phénomène d’identification a été révélé à partir de tests et de jeux qui dévoilent le caractère des spectateurs d’après les personnages qu’ils affectionnent le plus dans la série. Ainsi, qui n’a jamais rêvé de s’habiller comme Rachel, cuisiner comme Monica ou encore cohabiter avec des amis dans cette série de Friends qui a véhiculé rires et émotions durant des années? Quelle femme de trente ans peut prétendre n’avoir pas eu, une seule fois, une conversation identique à celles des trentenaires célibataires de Sex and the City? Les scénarios, résultats de travail en commun, sont très variés. Plusieurs scénaristes se retrouvent ainsi réunis à travailler sur une même série. Histoires de copains, de famille, d’agents secrets ou sujets mordants d’actualité politique. Ce sont autant de scénarios caustiques, amusants et délassants qui visent tous genres de publics. Tout comme les dramaturges, les scénaristes ont pour objectif de créer des fictions et redoublent donc de créativité. Eux-mêmes souvent producteurs de la série (encore un détail qui les distingue de la production cinématographique), ils effectuent un véritable brainstorming avec leur équipe avant de lancer une nouveauté. Faisant souvent appel à des spécialistes qui les aident à rendre la série plus crédible, ils parviennent à introduire leur audience dans les couloirs de la Maison-Blanche (West Wing), dans la trame policière de New York (NYPD) ou encore dans les salles d’opération des urgences avec (ER). Compétitivité dans les scénarios Contrairement au cinéma, le scénariste est la principale cheville ouvrière de la série. C’est dans ce climat de travail qu’a été créé le nouveau concept de 24 heures chrono, qui survit depuis cinq ans. Axée uniquement sur une action qui se déroule en vingt-quatre heures, l’idée se déploie sur un écran fragmenté en quatre ou «split-screen» (technique affectionnée particulièrement par Brian de Palma et Alfred Hitchkock). S’il tient en haleine un spectateur captif d’une capsule-temps, ce concept est élargi avec un zoom plongeant sur une des fenêtres de l’écran. Ce qui pousse le spectateur à centrer son attention sur une action tout en restant en alerte sur les trois autres qui ont lieu simultanément. La série Alias introduit une autre nouveauté. Avec la principale protagoniste Sydney Bristow qui change de visage comme si elle changeait de masque, le spectateur se voit introduit dans les méandres de la personnalité. Unique ou multiple? La fragmentation existe également, mais à un autre niveau. Le suspense est ainsi entretenu dans ce dédoublement parfois multiplié à l’infini. Magie de New York de Sex and the City ou tendresse des banlieues dans Desperate Housewives, le lieu est aussi un facteur important dans les séries. Chacun y trouve son compte. Le téléspectateur se laisse entraîner même s’il s’agit parfois d’aller sur une île déserte avec les rescapés d’un avion dans Lost, dernière recrue des séries. Quel que soit le cadre choisi, les grands thèmes de l’amour, de l’amitié et du sexe y sont traités avec avant-gardisme ou désuétude. Dans Sex and the City, à l’atmosphère «woody allenienne», sexe et intellect font bon ménage et il n’y a rien de mieux qu’une partie de jambes en l’air pour faire travailler les méninges. Alors que dans la banlieue cosy de Wisteria Lane, ce sont ragots, crimes et secrets de famille qui entretiennent l’action. Mode narratif le plus utilisé dans l’audiovisuel, et surfant entre fiction et réalité, les séries télévisées américaines mobilisent à partir du mois d’octobre des milliers de téléspectateurs partout dans le monde et font exploser l’audimat. Colette KHALAF
Depuis 1951, les séries américaines envahissent le petit écran et connaissent un franc succès. Soumises aux contraintes de la petite lucarne (écran carré, formatage de la durée des épisodes, obligation de tenir le spectateur accroché), ces séries empruntent pourtant au cinéma ses modes de récit, ses structures dramatiques et ses codes esthétiques. Conditionnant le regard...