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Actualités - ANALYSE

Analyse Avec la bombe, Pyongyang a voulu renforcer sa position face à Washington

En procédant à son premier essai nucléaire, qui pourrait être suivi par d’autres, le régime nord-coréen cherche à renforcer sa position face aux États-Unis, à galvaniser son armée et à rassembler derrière lui une population affamée, estiment des analystes. « Pyongyang a dû juger qu’il serait mieux de négocier en position de force en tant que puissance nucléaire », commente le professeur Kim Yeon-chul, de l’Université de Corée. Le régime a « apparemment décidé de procéder à un essai nucléaire après l’absence de réaction des États-Unis à ses menaces précédentes », souligne-t-il. De nombreux observateurs notent en effet le crescendo des actes de Pyongyang depuis l’arrivée au pouvoir de George W. Bush et l’aggravation des tensions qui a suivi. Le Nord s’est d’abord retiré du Traité de non-prolifération (TNP) nucléaire, puis a extrait du combustible irradié d’un réacteur, avant de procéder au tir d’essai de sept missiles, puis enfin à cet essai nucléaire annoncé lundi. Chaque étape avait pour but de contraindre les États-Unis, dans un premier temps, à accepter un dialogue bilatéral puis, par la suite, à lever les sanctions financières imposées en septembre 2005 à des entités du Nord accusées de blanchiment d’argent. À chaque « acte de provocation », des mesures de représailles ont été prises contre Pyongyang. Mais à chaque fois, le régime les a ignorées. Ce sera la même chose si le Conseil de sécurité de l’ONU, qui se réunit à nouveau ce mardi, décide de sanctions contre le Nord. « Je crois que le prochaine carte que le Nord va jouer s’il y a une escalade est de proférer des menaces de guerre, ce qu’il a fait en 1993-1994 quand il a menacé de transformer Séoul en océan de feu », rappelle Peter Beck, directeur pour l’Asie du Nord-Est de l’organisation indépendante International Crisis Group. Déjà, le fait que Washington a décidé de rechercher des sanctions pourrait pousser le Nord à l’escalade. « Je crains que le Nord ne se prépare à procéder à une autre essai ou peut-être émettre des déclarations encore plus provocantes », avertit M. Beck. « La Corée du Nord va sortir une nouvelle carte, comme des menaces de transférer de la technologie nucléaire ou des tirs d’essai de missiles qui peuvent transporter des ogives nucléaires », renchérit Cheon Seong-whun, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale (public). Selon lui, l’essai annoncé lundi était également destiné à maintenir le contrôle sur les 23 millions de Nord-Coréens, dont l’alimentation dépend d’ailleurs en partie de l’aide humanitaire internationale. Kim Jong-il a également voulu galvaniser son armée pléthorique, forte de 1,1 million de soldats. « Il est plus que douteux que des sanctions ou des pressions vont réussir à forcer le Nord à renoncer à son armement nucléaire », conclut lui aussi Kim Yeon-chul, de l’Université de Corée. PARK Chan-kyong/AFP
En procédant à son premier essai nucléaire, qui pourrait être suivi par d’autres, le régime nord-coréen cherche à renforcer sa position face aux États-Unis, à galvaniser son armée et à rassembler derrière lui une population affamée, estiment des analystes. « Pyongyang a dû juger qu’il serait mieux de négocier en position de force en tant que puissance nucléaire »,...