L’islam en clandestinité

En écrivant ces quelques lignes, j’espère répondre à l’angoisse d’un merveilleux ami musulman, déçu par l’incompréhension de l’Occident face à l’islam et inquiet de la mission de défense du monde musulman dévolue aux islamistes-terroristes. Une religion convaincante n’a pas besoin d’être défendue par le glaive. La montée en puissance de l’islam dans le monde d’aujourd’hui se trouve dévoyée par les liberticides qui, loin de lui assurer la compréhension de l’Occident, ternissent à coup sûr sa dynamique mobilisatrice. Mais l’islam de la sagesse, paniquant devant l’intégrisme et ses souillures, semble amorcer un repli craintif, entrant dans une sorte de clandestinité passive. Et mon ami de préciser que l’islam quiétiste dont il se réclame est numériquement bien plus important que l’islam intégriste. C’est donc de cette majorité médiatiquement silencieuse qu’il faudrait tenir compte dans un éventuel débat. Déclarer péremptoirement que « haine et violence habitent le Livre de l’islam », c’est vouloir résoudre la question de la violence avant même de l’avoir posée. Rien donc ne justifie ni n’explique le silence offusqué des musulmans qui vivent leur Coran avec intelligence face aux haineuses exactions des policiers de l’esprit. Même Voltaire, défendant la liberté de pensée, a pu écrire en 1770 : « Tous les interprètes du Coran conviennent que sa morale est contenue dans ces paroles : recherchez qui vous chasse ; donnez à qui vous ôtez ; pardonnez à qui vous offense ; faites du bien à tous ; ne contestez point avec les ignorants. » Il semble bien que ce soit l’ignorance qui soit à l’origine du mal. Le dialogue des religions devrait donc s’instaurer dans le savoir et la vérité. Pour que réellement puisse exister et survivre dans cet Orient convulsif un « Liban-message » comme on a voulu généreusement l’étiqueter, il nous faut pratiquer un prosélytisme permanent, servir de tribune entre un Orient phagocyté par l’intégrisme et un Occident sceptique, et témoigner pour les libertés dans une région du monde que menace dangereusement l’intolérance. Il faudrait surtout se garder de condamner l’islam à la « réclusion identitaire ». Paul Ph. EDDÉ