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Les lecteurs ont voix au chapitre

Le général et nous Peut-on aujourd’hui encore, et après toutes les misères que notre pays a traversées, entre autres par la faute du général, suivre aveuglément quelqu’un ? Il n’est plus permis de scander un nom et de porter aux nues un homme qui ne fait et qui n’a toujours fait que chercher à être calife à la place du calife. Que l’un des aounistes essaie de m’expliquer logiquement le front CPL-Hezbollah-Frangié-Wahhab-Arslan-Karamé-Michel Murr. Que quelqu’un me dise la logique dans le fait d’attaquer le premier gouvernement libanais libéré de la tutelle syrienne, et ce, ironie du sort, avec l’appui de groupes ouvertement prosyriens ?! Je sais, on va me sortir la lutte contre la corruption qui gangrène le pays et autres opérations « mains propres » dont le général se veut l’unique garant. Le problème, c’est que les opérations anticorruption et compagnie, sur lesquelles le chef du CPL a bâti son image de marque, il les a déjà essayées et il a, pour le moins, disons, échoué. Souvenons-nous, ne serait-ce que par égard pour le sang des innocents qui ont payé cher le prix d’une opération « mains propres » qui nous a ramenés à l’âge de pierre et qui nous a laissé un pays en parfaite déconfiture, un certain 13 octobre 1990. N’oublions pas aussi, avant de lancer aveuglément des pierres que notre leader nous met en main, que les personnes attaquées par le général sont celles-là mêmes qui nous ont sorti de l’abîme sans fin dans lequel nous étions plongés – est-il utile de rappeler par la faute de qui ? N’oublions pas que certaines de ces personnes ont payé de leurs vies le prix d’un Liban enfin libéré de l’encombrante Syrie. Que veut le général aujourd’hui ? Pourquoi attaque-t-il si directement le Premier ministre, auquel, soit dit en passant, je ne voue pas de sympathie particulière ? Notre ami doit être nostalgique du temps où il s’était proclamé président... Joumana DEBS Avocate au Barreau de Beyrouth Questions à Ibrahim Kanaan Je suis une simple citoyenne sans aucune attache politique et, ces temps-ci, je suis complètement déboussolée, comme la majorité des Libanais qui ne demandent qu’à vivre en paix. J’ai pensé que vous pourriez peut-être dissiper un peu de mon désarroi. 1- Quel événement allez-vous célébrer le 15 octobre ? Est-ce la mort ou la disparition de centaines de jeunes soldats ? Est-ce le départ précipité du général Aoun pour l’ambassade de France ? Est-ce l’attaque du palais de Baabda qui a consacré la mainmise syrienne sur le Liban ? Cette date-là, à mon avis, ne représente pas un jour de gloire ni pour vous ni pour le Liban. 2- Je vous ai entendu l’autre soir annoncer avec passion et conviction à la télévision que votre parti était pour la formation d’un tribunal international dans l’affaire Hariri, pour la délimitation des frontières et les relations diplomatiques avec la Syrie. Cela m’a fait plaisir, mais je me suis demandé pourquoi réclamer la chute d’un gouvernement qui applique les grandes lignes de votre parti ? 3- Êtes-vous vraiment convaincu que c’est le gouvernement qui est responsable de la guerre du 12 juillet parce qu’il a été incapable de désarmer le Hezbollah ? 4- Si le général Aoun devient président de la République, comme vous le souhaitez, pourrait-il œuvrer au désarmement du Hezb qui est, en ce moment, son allié ? 5- Je suis sûre que votre parti ne souhaite pas vider la 1701 de son contenu et provoquer le départ de la Finul 2, mais mesurez-vous les dangers de vos prises de position anti-14 Mars, au sujet de la Finul ? Mona KARAM « Ainsi Pont-Pont-Pont » Cinquante jours après la fin des hostilités, les ponts détruits sont toujours l’une des plaies quotidiennes des Libanais. Tous les crédits n’ayant pas encore été votés, toutes les aides n’étant pas encore parvenues à destination, la question de la réparation des ponts reste toujours en souffrance et les Libanais ne savent plus à quel ponte se vouer. Tous les ponts ? Non, les ponts du Casino et de Adma ne semblent poser aucun problème aux responsables car personne ne s’occupe de les restaurer et aucun ouvrier n’y a encore été vu en train de réparer... cinquante jours après la fin du conflit. Scène de la vie quotidienne : voulant rentrer de Adma vers Beyrouth, j’ai deux ponts détruits à enjamber. Je me dirige donc vers le Casino pour prendre la transversale côtière, où je tombe sur un policier qui m’indique que je dois aller vers Nahr Ibrahim (5 kilomètres plus loin) pour prendre le « lungo mare » car, après 16 heures, la descente devient montée pour les voitures. Je tente de lui expliquer que je ne le savais pas et que je ne suis qu’à 50 mètres de la route côtière ; il s’énerve et me dit : « Vous ne voyez donc pas les nouvelles à la TV ? » Je lui réponds qu’il n’y a que celles d’Antenne 2 qui me branchent. Il me rabroue en me disant : « Non, c’est non, il faut aller 5 kilomètres plus loin, sinon rien ! » Le détour m’a pris 40 minutes à cause de l’embouteillage alors que le temps (pour moi) est précieux et que lui a tout son temps. Pauvre Liban, combien d’eau devrait couler (sous tes ponts) pour dépasser tout cela ? Jean-Claude NAHAS Gymnastique compliquée Entre nous Libanais et en ce qui concerne nos chers politiciens, nous marchons sur des œufs. Pour ceux qui, comme moi, voient que la liberté nationale est avant tout une liberté de pensée individuelle non assujettie, non intéressée et non adulatrice, la route est semée de mines. Un peu à l’image de la rivalité entre frères. Si on critique une figure politique, il faut absolument critiquer l’autre, simultanément si possible, sinon on pourrait penser à tort qu’on l’idolâtre. Si on clame qu’on est d’accord sur un point en particulier avec untel, il faut tout de suite clarifier qu’on n’abhorre pas tel autre. Cette gymnastique devient vraiment compliquée. Nos paroles prennent des longueurs démesurées et tous les signes de ponctuation de la langue française sont incapables de gérer nos mots, de clarifier notre message. Que faire ? Une solution serait de ne pas parler politique avec notre entourage et amis, car le risque est trop grand de les perdre en chemin. Ou d’avoir une sorte de double vie. L’une publique, où on est soit polycourant (comme polyvalent), soit apolitique – cette dernière attitude n’est pas garantie, pour certains, le fait d’être apolitique revenant à soutenir l’autre camp – et l’autre privée, réservée à une minorité de nos amis, ceux qui ne risquent pas de nous juger. Face à ce dur problème, reste une autre solution, idéale celle-là. Elle prend la forme de sérieux efforts individuels et collectifs d’élargir notre esprit, d’amadouer nos sentiments, de retenir nos impulsions, d’accepter qu’on nous critique et de choisir un ton affable pour désapprouver. Car, entre nous, perdre des amis est grave, mais être dénué d’esprit critique est fatal. Roula DOUGLAS
Le général et nous

Peut-on aujourd’hui encore, et après toutes les misères que notre pays a traversées, entre autres par la faute du général, suivre aveuglément quelqu’un ? Il n’est plus permis de scander un nom et de porter aux nues un homme qui ne fait et qui n’a toujours fait que chercher à être calife à la place du calife. Que l’un des aounistes essaie de m’expliquer...