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Actualités - CHRONOLOGIE

Peu d’options militaires pour les États-Unis

Mercredi dernier, le négociateur américain dans le dossier nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, était direct sur le sujet : « Les États-Unis ne vivront pas avec une Corée du Nord nucléaire. Nous n’allons pas l’accepter. » Selon des experts américains interrogés par l’AFP, les États-Unis ont cependant très peu d’options militaires. Ils disposent de sous-marins et de navires de guerre dans le Pacifique et de bombardiers B-52 basés sur l’île de Guam, qui peuvent tirer des missiles de croisière sur la Corée du Nord. Les États-Unis ont aussi environ 28 000 militaires déployés en Corée du Sud, dont l’armée compte 670 000 membres. Pour les responsables militaires américains, cela ne suffirait toutefois probablement pas face à une invasion nord-coréenne. L’armée de la Corée du Nord est, en effet, forte de 1,2 million d’hommes et dispose de stocks d’armes chimiques, de 11 000 pièces d’artillerie et de missiles à courte et moyenne portée, dont certains pourraient être équipés d’une tête nucléaire. Certains missiles peuvent aussi atteindre le Japon et les 40 000 militaires américains qui y sont déployés, selon des experts. « Une fois un conflit lancé, il n’y a aucun moyen de savoir où les Nord-Coréens s’arrêteraient », résume Michael O’Hanlon, un spécialiste des affaires militaires à la Brookings Institution. Une action militaire américaine serait en outre difficile à justifier et serait dénoncée par la Corée du Sud et la Chine, qui redoutent un afflux de millions de réfugiés, tout autant si ce n’est plus qu’une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, estiment les experts. Dans l’hypothèse d’une action, les États-Unis seraient aussi confrontés à la difficulté d’une riposte militaire efficace. « Qu’attaquerions-nous ? » demande Robert Einhorn, ex-secrétaire d’État adjoint chargé de la Non-prolifération. Selon Washington, la Corée du Nord dispose d’un programme d’enrichissement d’uranium lui permettant d’avoir une dizaine d’armes nucléaires. Mais, précise Robert Einhorn, « nous n’avons aucune idée de l’endroit où elles se trouvent ». Bruce Bennett, spécialiste de la Corée du Nord à la Rand Corporation, considère qu’une frappe aérienne américaine pourrait mettre hors service le petit réacteur nucléaire de Yongbyon, soupçonné d’alimenter la Corée du Nord en plutonium. Mais avec le risque de créer un nuage radioactif dans la région. Deux autres réacteurs, non achevés, pourraient aussi être détruits à Yongbyon. Cela limiterait la future production de plutonium de Pyongyang, mais ne réglerait en rien sa capacité actuelle à en produire. Les États-Unis pourraient aussi imposer un blocus naval pour empêcher tout transfert de matériels liés au programme nucléaire nord-coréen. Washington a d’ailleurs déjà lancé un programme multinational baptisé « Proliferation Security Initiative » pour intercepter des navires ou des avions soupçonnés d’acheminer des armes de destruction massive. Mais ce dernier « a des failles », a reconnu le secrétaire d’État à la Défense, Donald Rumsfeld. En conséquence, les États-unis devraient jouer par la bande en intensifiant leurs pressions sur la Chine et d’autres États de la région afin d’essayer de contenir Pyongyang, voire même de contribuer à un changement de régime en Corée du Nord, selon des experts. « Les États-Unis ont deux options : accepter une Corée du Nord nucléaire ou lui faire changer de régime », estime Ralph Cossa, du Center of Strategic and International Studies. Jusqu’à présent, Washington n’a toutefois pas de programme particulier pour promouvoir la démocratie en Corée du Nord, à la différence de ce qui existe pour l’Iran et Cuba. La Chine, principale soutien de Pyongyang, devrait à cet égard être soumise à de fortes pressions américaines pour obtenir un renforcement des sanctions pesant sur celle-ci. « J’ose espérer que les Chinois se sentent humiliés et en colère contre la Corée du Nord, et qu’ils vont maintenant adopter une position ferme », précise l’expert. Certains experts estiment toutefois que les sanctions n’apporteront pas de solution à la crise nucléaire. « Les sanctions seules ne suffiront pas à forcer la Corée du Nord », estime Joseph Cirincione, expert du Center for American Progress. « On ne peut pas les forcer à renoncer (aux armes nucléaires). L’histoire le montre. Aucun pays n’a jamais renoncé à un programme nucléaire ou à des armes nucléaires par la force, mais beaucoup l’ont fait parce qu’ils ont été convaincus de le faire », précise-t-il. Seul un accord négocié pourra résoudre la crise, conclut-il.
Mercredi dernier, le négociateur américain dans le dossier nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, était direct sur le sujet : « Les États-Unis ne vivront pas avec une Corée du Nord nucléaire. Nous n’allons pas l’accepter. » Selon des experts américains interrogés par l’AFP, les États-Unis ont cependant très peu d’options militaires. Ils disposent de sous-marins et de...