Rechercher
Rechercher

Actualités

L’essai nucléaire nord-coréen illustre l’échec de la diplomatie chinoise

La Chine est sans doute le pays qui peut le plus influencer la Corée du Nord, mais l’essai nucléaire d’hier illustre l’échec de son approche diplomatique vis-à-vis de son imprévisible voisin, estiment les analystes. Depuis plus d’un demi-siècle, Pékin est le principal allié de Pyongyang, une relation forte née de la guerre de Corée (1950-1953) qui a vu les soldats chinois mourir pour le Nord communiste. Mais pour nombre d’analystes, le soutien idéologique aveugle de la Chine populaire à la dictature de la dynastie Kim lui a fait minimiser le danger nucléaire. « Aucun autre pays ne doit être plus embarrassé et plus inquiet que la Chine aujourd’hui », estime Ralph Cossa, du Pacific Forum CSIS, un groupe de recherches basé à Hawaï. Les experts s’accordent en effet à dire que la Corée du Nord n’aurait jamais pris le risque de défier la communauté internationale si elle n’était sûre de la protection de Pékin. Jusqu’à présent, la Chine, comme la Corée du Sud, a combattu la ligne dure des Américains et des Japonais dans la crise nucléaire nord-coréenne. Aux menaces et sanctions de Washington qui souhaite un changement de régime en Corée du Nord, Pékin a opposé sans relâche des efforts diplomatiques pour persuader Pyongyang de cesser son programme nucléaire. Depuis 2003, la Chine a accueilli plusieurs séries de pourparlers multilatéraux, dans une impasse depuis bientôt un an après le refus de la Corée du Nord de retourner à la table des négociations. Après l’essai nucléaire de lundi, la Chine a toutefois haussé le ton. « La Corée du Nord a ignoré les inquiétudes de la communauté internationale et a procédé de manière éhontée à un essai nucléaire », a ainsi déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. La Chine pourrait en outre avoir à relever l’un de ses plus grands défis diplomatiques depuis des années, estime Shi Yinhong, expert en relations internationales à l’Université du Peuple à Pékin. « La Chine va devoir résister aux pressions des États-Unis qui veulent des sanctions, en sachant que cela pourrait aboutir à un scénario catastrophe pour elle, l’effondrement du régime nord-coréen », suggère M. Yinhong. Non seulement la chute d’un régime communiste voisin qu’elle a porté à bout de bras serait un camouflet, mais la disparition de la dictature de Kim Jong-il risquerait d’entraîner un afflux de réfugiés nord-coréens à la frontière chinoise, un facteur de déstabilisation que le régime communiste veut écarter. Dans ces conditions, et malgré sa politique accommodante qui n’a pas empêché son voisin de passer à l’acte, il est peu probable que la Chine se rallie à la position américaine. « Même si la Chine est, j’en suis sûr, très en colère envers la Corée du Nord, je la vois mal couper les robinets de l’aide financière, alimentaire et énergétique », estime Brian Bridges, politologue à l’Université Lingnan de Hong Kong. La Chine est le principal fournisseur de matières premières et de bien d’autres produits à une Corée du Nord engluée depuis des années dans une grave crise économique qui en fait l’un des pays les plus pauvres de la planète. En 2005, elle a consacré à son voisin 92 % de ses aides alimentaires, contribuant pour près de la moitié (49 %) à l’aide totale reçue par la Corée du Nord, devant la Corée du Sud (36 % du total). Dans ce contexte, le gouvernement chinois a appelé « toutes les parties concernées à faire preuve de calme et à rechercher le dialogue pour permettre de résoudre la question pacifiquement ». Charles WHELAN/AFP

La Chine est sans doute le pays qui peut le plus influencer la Corée du Nord, mais l’essai nucléaire d’hier illustre l’échec de son approche diplomatique vis-à-vis de son imprévisible voisin, estiment les analystes.
Depuis plus d’un demi-siècle, Pékin est le principal allié de Pyongyang, une relation forte née de la guerre de Corée (1950-1953) qui a vu les soldats chinois...