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Actualités - CHRONOLOGIE

Poutine promet à Bush une enquête « objective » sur la mort de Politkovskaïa Géorgie, assassinat d’une journaliste : la Russie de nouveau sur la sellette

Trois mois après le sommet du G8, qui devait consacrer son retour parmi les grandes puissances, la Russie se retrouve sur la sellette avec sa campagne contre la Géorgie et le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a rompu son silence hier pour évoquer la « mort tragique » de la journaliste et promettre une « enquête objective ». La seule lecture des titres de la presse internationale et russe hier en dit long sur les affres dans lesquelles l’image de la Russie risque de retomber alors que Vladimir Poutine l’avait hissée au sommet en présidant cette année pour la première fois le G8, ce club informel des pays les plus industrialisés. « Le Kremlin silencieux sur le meurtre de sa détractrice », titrait le quotidien International Herald Tribune avec une grande photo en une de la journaliste. « Russie - Silence, on tue », renchérissait le quotidien français Libération après l’assassinat samedi en plein centre de Moscou de la journaliste d’opposition et spécialiste de la Tchétchénie Anna Politkovskaïa. À 18 mois de l’élection présidentielle, la Russie renoue ainsi avec l’image d’un pays chaotique où journalistes trop critiques, responsables politiques et hommes d’affaires sont tués par balles en pleine rue, le plus souvent en toute impunité. « Quel que soit l’auteur de ce crime, il montre que la Russie reste un État criminalisé, loin de la liberté de la presse, où la profession de journaliste peut être mortellement dangereuse », relève Evgueni Volk, analyste à la Fondation Héritage à Moscou. D’autre part, les enquêteurs sont toujours à la recherche d’indices sur l’assassinat de cette journaliste de 48 ans, retrouvée tuée à son domicile moscovite. Pour ses collègues, il ne fait aucun doute qu’elle a payé là le prix de sa virulente opposition aux autorités sur des questions épineuses comme la Tchétchénie. « L’assassinat d’Anna Politkovskaïa est une nouvelle attaque contre la démocratie, la liberté d’expression et l’ouverture en Russie », a estimé le syndicat des journalistes de Moscou. Le contrôle total naguère exercé sur les médias par le Parti communiste, au pouvoir jusqu’en 1991, avait laissé place à la démocratisation sous Boris Eltsine, après le démantèlement de l’URSS, mais Poutine y a mis un frein et a inversé la tendance. Toutefois, le président russe a promis hier à son homologue américain George W. Bush que « tous les efforts nécessaires » seraient entrepris pour mener une enquête « objective » sur l’assassinat d’Anna Politkovskaïa. Au même moment, la réaction disproportionnée de Moscou dans la crise russo-géorgienne des « espions », qui aurait dû se solder tout au plus par des expulsions de diplomates, a tout autant surpris la communauté internationale. Moscou a coupé toutes ses liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec Tbilissi et entamé une chasse aux Géorgiens illégaux en Russie, alors même que les quatre officiers russes arrêtés par Tbilissi pour espionnage étaient renvoyés dans leur pays. Retrouvant le langage musclé avec lequel il s’était illustré à propos de la Tchétchénie ou de la lutte contre le terrorisme, le président Vladimir Poutine n’a pas hésité à comparer la politique de la Géorgie à la terreur stalinienne et à se montrer menaçant contre « quiconque » s’adressera à la Russie sur le mode du « chantage et de la provocation ». « Chaque nouvel événement de ce genre porte un préjudice moral et politique croissant à la Russie », estime Sergueï Parkhomenko, éditorialiste à la radio Echo de Moscou. « Les actions politiques de la Russie tombent et celles de Géorgie montent. On commence à connaître la Géorgie dans le monde entier, on a de la compassion pour ce pays dont on ne savait rien hier, tandis que la Russie détériore son image et perd son prestige », poursuit-il. M. Volk déplore pour sa part une « ambiance de haine, de méfiance, de dictature rampante », « chaque opposant étant considéré comme un ennemi », qui porte incontestablement, selon lui, un « coup dur à l’image de la Russie ». D’autres se montrent plus circonspects alors que la Russie a reconquis, grâce à son pétrole et son gaz, une partie des attributs de sa puissance perdue lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. « Tant que l’Occident a besoin du gaz et du pétrole russe, il va mesurer son mécontentement en fonction de la hausse ou de la baisse du prix des hydrocarbures », affirme Vladimir Pribylovski, analyste au centre d’études Panorama. « La campagne antigéorgienne peut avoir plus d’impact que le meurtre (de Politkovskaïa) sur l’image de la Russie, mais celle-ci est déjà assez mauvaise », estime-t-il. « La Russie agit avec la grâce d’un éléphant dans un magasin de porcelaine et les Occidentaux croient qu’elle menace la paix universelle », ajoute M. Pribylovski.
Trois mois après le sommet du G8, qui devait consacrer son retour parmi les grandes puissances, la Russie se retrouve sur la sellette avec sa campagne contre la Géorgie et le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a rompu son silence hier pour évoquer la « mort tragique » de la journaliste et promettre une « enquête objective...