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Actualités - REPORTAGE

Harcèlement et violences en nette augmentation contre les Arabo-Américains « Dur de s’appeler Ahmad aux États-Unis »

Cinq ans après le 11-Septembre, le nombre d’affaires de harcèlement, d’agression et de discrimination contre des Arabes et des musulmans aux États-Unis ne cesse d’augmenter. Selon les dernières études, la plupart de ces comportements islamophobes ont lieu sur le milieu de travail et dans les aéroports où toute personne ayant des « traits moyen-orientaux » est quasi automatiquement sujette à des mesures de sécurité très strictes, souvent qualifiées de discriminatoires. Face à cette situation, les associations de droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme. Même si les Noirs restent de loin les premières victimes d’actes racistes aux États-Unis, la progression des agressions contre des musulmans ou des personnes d’origine moyen-orientale, est de plus en plus inquiétante. Selon le dernier rapport du Conseil pour les relations américano-musulmanes (CAIR), plus de 1 970 cas de harcèlement, d’agression et de discrimination ont été enregistrés en 2005, soit une augmentation de 29,6 % par rapport à l’année précédente, qui avait déjà été marquée par une progression de près de 50 %. La hausse la plus importante concerne les atteintes aux droits civiques, le harcèlement verbal et les discriminations sur les lieux de travail. Être musulman en Californie Dans son rapport, l’association note que la Californie est l’État d’où provient le plus grand nombre de plaintes pour actes de discrimination. CAIR a enregistré près de 380 cas d’agressions en Californie en 2005, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2004. La plupart de ces actes de discrimination proviennent du milieu professionnel. La Commission pour l’égalité du droit au travail aux États-Unis rapporte à ce titre l’histoire d’une jeune Arménienne d’origine syrienne travaillant dans un restaurant à Los Angeles où elle était constamment traitée de « Mme Ben Laden », bien qu’elle soit de religion chrétienne. La jeune femme était constamment harcelée à cause de son habitude de suivre les nouvelles sur la chaîne al-Jazira dans le restaurant. Le Centre de recherche sur la discrimination, une organisation américaine à but non lucratif, assure cependant que la plupart des cas de discrimination sur le lieu de travail concernent principalement les musulmans en raison de leurs noms. En effet, dans une étude effectuée en 2004, le centre a envoyé près de 6 000 curriculum vitae fictifs à des entreprises privées d’embauche à travers l’État californien. Selon l’organisation, tous les « demandeurs » de travail sont qualifiés de manière similaire. Les seules différences entre les CV portent sur les noms clairement « identifiables » comme relatifs aux groupes communautaires blanc, noir, latino, asiatique ou arabe. L’étude a ainsi démontré que le nom « Heidi McKenzie » a reçu le plus grand nombre de réponses (36,7 %), alors que « Abdul Aziz Mansour » a obtenu le plus bas score (23 %). « On dirait la Syrie » Parmi les nombreuses mesures de sécurité adoptées après les attentats contre le World Trade Center en 2001, les agents du FBI ont notamment été autorisés à arrêter tout immigrant suspecté d’avoir des liens avec des organisations « terroristes ». En conséquence, selon les dernières statistiques du département de la Justice, les Arabes aux États-Unis ont beaucoup plus peur d’affronter des policiers ou des agents de l’immigration que d’être victimes d’un acte racial. « On dirait la Syrie », déplore ainsi un Arabo-Américain cité dans une étude du centre de recherche Vera Institute for Justice sur la discrimination aux États-Unis. « Si quelqu’un désire se venger de vous, il n’a qu’à appeler la police et vous accuser d’avoir des liens avec des terroristes », explique cet homme. « Il est dur de s’appeler Ahmad ces jours-ci en Amérique », déclare un autre Arabo-Américain qui assure, dans un article paru dans le New York Times, avoir été victime de discrimination par les autorités sécuritaires à l’aéroport de Las Vegas en novembre 2004. Ahmad Ahmad raconte qu’un jeune policier noir lui a soufflé à l’oreille pendant qu’il lui passait les menottes aux mains : « Hé, mec ! Maintenant, tu sais comment ça se passait pour les Noirs dans les années 60. » L’éducation est la clé Pour Arslane Iftikhar, directeur juridique du CAIR, l’augmentation du nombre de cas de discrimination contre les musulmans aux États-Unis est due, d’une part, à la méconnaissance générale des Américains de l’islam et, d’autre part, au « flot de rhétorique antimusulmane » déversé sans contrôle sur les sites Internet et de nombreux médias. « La haine gagne du terrain. Mais l’éducation est la clé. Il faut simplement que les gens comprennent que leurs collègues ou leurs voisins musulmans sont des citoyens qui respectent la loi », explique M. Iftikhar. Toutefois, pour de nombreux experts, ce sont principalement les développements politiques sur la scène internationale qui sont responsables de l’augmentation des actes discriminatoires contre les Arabes, et les musulmans aux États-Unis et dans le monde entier. Rania MASSOUD
Cinq ans après le 11-Septembre, le nombre d’affaires de harcèlement, d’agression et de discrimination contre des Arabes et des musulmans aux États-Unis ne cesse d’augmenter. Selon les dernières études, la plupart de ces comportements islamophobes ont lieu sur le milieu de travail et dans les aéroports où toute personne ayant des « traits moyen-orientaux » est quasi automatiquement...