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INFLATION États-Unis/zone euro : différentes réponses face au problème de l’immobilier

Alors que les États-Unis redoutent une récession du marché immobilier et son impact négatif sur l’économie, la Banque centrale européenne craint au contraire un emballement du crédit immobilier en Europe et relève ses taux, au risque d’étouffer la reprise. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a porté le taux directeur de la banque de 3 à 3,25 % jeudi, laissant attendre une nouvelle hausse à 3,50 % d’ici à la fin de l’année, en grande partie pour calmer la hausse des encours de crédits immobiliers, qui concourt selon lui à faire grimper les prix de l’habitat. « Sur l’ensemble de la zone (euro), la dernière statistique que j’ai, c’est +11,1 % (de croissance des encours de crédit immobilier). C’est beaucoup », a-t-il déclaré. Pourtant, malgré le dynamisme des émissions de prêts, les prix ont commencé à marquer le pas dans l’immobilier en zone euro. « On était à 15 à 20 % de hausse des prix par an ces dernières années et à fin 2006 on est plutôt à 5,7 % », fait remarquer Évariste Lefeuvre, d’Ixis. Aux États-Unis, où les prix de l’immobilier ont baissé au mois d’août pour la première fois depuis onze ans et où les reventes de logements continuent à baisser, c’est la santé de l’économie qui inquiète, bien plus que les émissions de crédit. Pour le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, la « correction importante » actuellement subie par marché de l’immobilier aux États-Unis « va probablement amputer la croissance d’un point au second semestre et probablement un peu aussi l’an prochain ». Pour Évariste Lefeuvre, d’Ixis Corporate and Investment Bank, ces attitudes illustrent les différences de philosophie entre les deux Banques centrales. La Fed considère que sa mission est de faire « de la gestion des risques », alors que la BCE estime que la sienne est avant toute chose de contrôler l’inflation. Or, pour la BCE, une accélération de l’offre de prêts équivaut à un risque inflationniste, même s’il « n’y a pas de corrélation prouvée », souligne M. Lefeuvre. La Fed a commencé bien avant la BCE à s’inquiéter d’un emballement du marché de l’immobilier et à relever ses taux, elle ne s’est jamais inquiétée de la hausse des émissions de crédits, ajoute-t-il. L’autre différence majeure, c’est le poids représenté par le marché de l’immobilier dans la croissance du pays. Aux États-Unis, les ménages ont souscrit des crédits ou des augmentations de crédits indexés sur la prise de valeur de leur bien immobilier. Si les prix de l’habitat s’effondrent, la consommation, poumon de l’économie américaine, en pâtirait, explique Clemente de Lucia, économiste de BNP-Paribas. Or, en Europe, l’hypothèque est largement moins utilisée : en France, par exemple, la majorité des prêts immobiliers sont garantis par une caution financière. Dans ce contexte, l’objectif de la BCE est avant tout de « casser le plus vite possible la hausse des prix afin d’éviter une chute plus brutale plus tard », car elle estime que l’immobilier est arrivé « en haut de cycle », juge Laurent Quignon, autre économiste de BNP-Paribas. Le sénateur UMP Roger Karoutchi, rapporteur du budget logement au Sénat, a en tout cas jugé hier que le président de la BCE devrait parvenir à ses fins et que la nouvelle hausse des taux directeurs pourrait « conduire à une baisse des prix de l’immobilier en France dans les prochains mois ». Un avis partagé par la plupart des économistes. Pour Évariste Lefeuvre, le principal problème de la BCE l’an prochain ne devrait plus être le marché immobilier, voué à un net ralentissement, mais l’Allemagne, où la hausse de la TVA pourrait avoir des effets très négatifs sur la croissance de la zone euro.

Alors que les États-Unis redoutent une récession du marché immobilier et son impact négatif sur l’économie, la Banque centrale européenne craint au contraire un emballement du crédit immobilier en Europe et relève ses taux, au risque d’étouffer la reprise.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a porté le taux directeur de la banque...