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FESTIVAL DU FILM - « Volver » au cinéma Concorde, les 8, 9 et 10 octobre Almodovar, au nom de toutes les femmes

Aucun autre hommage n’aurait pu être plus émouvant ! Aucun prix plus honorifique ! En décernant aux femmes de Pedro Almodovar le prix de la meilleure interprétation féminine (ou plutôt des meilleures interprétations féminines) pour son dernier-né, « Volver », le jury de Cannes (2006) a visé juste. « Volver » s’inscrit dans la lignée « almodovarienne » et revendique, une fois de plus, cette place de choix qu’occupent les femmes dans l’univers du cinéaste espagnol. Une relation unique qu’il entretient avec les filles d’Ève et qui éclate au grand écran, pour le bonheur des aficionados de l’homme de la Mancha. Qui ne se souvient pas de Kika, de Talons aiguilles ou encore de son premier film Pepi Luci, Bom et autres filles du quartier (1980)? Il y a eu également La fleur de mon secret, Femmes au bord de la crise de nerfs, Parle avec elle et surtout le sublissime Tout pour ma mère. Treize films plus tard, c’est le tour de Volver, et la faconde narrative d’Almodovar, doublée de son amour pour les femmes, n’a toujours pas tari. Le cinéaste madrilène a gagné en maturité, en sobriété et en dépouillement. Et le vrai visage de la femme a pris forme sous son pinceau cinématographique. Cette admiration profonde vouée aux femmes se profilait déjà discrètement dans La fleur de mon secret, où le cinéaste montrait une séance de simulation organisée dans un hôpital. Il s’agissait pour les infirmières de s’entraîner à annoncer une mauvaise nouvelle aux parents. «J’ai assisté à de telles séances dans la réalité et j’ai été très impressionné par la facilité avec laquelle les infirmières jouaient le rôle d’une épouse ou d’une mère qui vient de perdre un être cher. Elles étaient bien supérieures aux médecins dans ce rôle. J’ai donc commencé à écrire en pensant à cette faculté qu’ont les femmes de feindre, de jouer et d’improviser quand elles ont à affronter les événements de la vie», avoue Almodovar. Ces portraits de femmes subtilement brossés vont s’affiner avec le temps. Évidemment, le réalisateur n’est pas le premier à aimer les femmes et à leur consacrer une place importante dans sa filmographie. Il y avait, bien sûr, l’incomparable Mister Hitchcock qui les sublimait avec ses gros plans et son zoom à donner le vertige. Si bien que certains critiques prétendaient qu’il aimait tellement ses actrices qu’il les emprisonnait dans le cadrage de sa caméra. Sous son regard, les Tippi Hedren (Birds), Grace Kelly ou autres devenaient des icônes. Plus tard, Lars von Trier renouvellera cette expérience à la limite de la claustrophobie avec l’actrice Émily Watson dans Breaking the Waves. Les réalisateurs français ne sont pas en reste. C’est sans aucun doute François Truffaut qui a le plus parlé des femmes. Durant toute sa vie, il se serait servi de sa pellicule pour leur faire une longue et belle déclaration d’amour. Une filmographie qui prenait également l’allure d’une biographie. Héritières de la grande Magnani Almodovar, lui, a une toute autre manière de magnifier la femme. Nourricière et maternelle, elle assure à ses yeux cette chaîne ininterrompue qui existe depuis le début des âges. «Elles me passionnent, dit le réalisateur espagnol. Il suffit de les écouter et de les observer. Chez moi, cette curiosité remonte à l’enfance. Je me souviens de ma mère et de ma grand-mère qui arrivaient à éviter les drames grâce à ce don qu’elles avaient de jouer la comédie.» Le cinéaste devient d’un coup dompteur de femmes. Maîtrisant tantôt leurs sensibilités ou leur laissant libre cours jusqu’à éclabousser l’écran, son regard est pourtant toujours empreint de pudeur. C’est autour de ces caractères féminins différents, mais tellement imbriqués l’un dans l’autre, que le réalisateur va tisser sa trame. À la fois narrateur et fabulateur, réaliste malgré cette espèce de couverture surréelle, Almodovar raconte des histoires. En décortiquant dans Volver les coutumes et les mœurs de la Manche, sa terre natale; en épluchant leurs manies et leurs superstitions, il effectue l’anthropologie minutieuse des classes sociales espagnoles. C’est dans ce terreau qu’il y retrouve les plus beaux récits, des histoires de vie. «Cosas de mujeres» (Des trucs de bonnes femmes ). Cette phrase énoncée par Raimonda (Pénélope Cruz), qui n’a l’air de rien mais qui en dit long sur le regard porté par Pedro Almodovar sur le sexe féminin, fait allusion au cercle fermé des filles d’Ève. Un cercle où les secrets les plus obscurs, gardés par des Parques redoutables, sont véhiculés de génération en génération. Pâles figures fantomatiques, les hommes ne sont parfois que paysage dans l’univers d’Almodovar et qui ne sert qu’à mettre en valeur le rôle du sexe opposé. Oui, pour le cinéaste espagnol, tout est affaires de femmes. Elles seules possèdent les clefs d’un monde qui leur est réservé. Victoria Abril, Carmen Maura, Marisa Paradès ou Pénélope Cruz sont toutes des Anna Magnani. Mi-déesses, mi-femmes, tellement fortes mais si fragiles, elles font tourner le monde et plus particulièrement les moulins de cet infatigable Don Quichotte. Colette KHALAF

Aucun autre hommage n’aurait pu être plus émouvant ! Aucun prix plus honorifique ! En décernant aux femmes de Pedro Almodovar le prix de la meilleure interprétation féminine (ou plutôt des meilleures interprétations féminines) pour son dernier-né, « Volver », le jury de Cannes (2006) a visé juste. « Volver » s’inscrit dans la lignée « almodovarienne » et revendique, une...