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«Al-Jemmayzeh» au XVe siècle

Al-Jemmayzeh, cet ancien quartier de Beyrouth qui fait l’objet d’une campagne pour préserver son caractère historique (voir L’Orient-Le Jour du mercredi 20 septembre 2006), est cité par un auteur druze du XVe siècle, l’émir Saleh ibn Yahya. Parlant de l’un de ses valeureux ancêtres établi à Beyrouth vers 1333, l’émir Nasser el-Din Hussein, l’auteur indique que « quand Nasser el-Din quittait Beyrouth, il ne se retournait qu’en deux endroits : à al-Jemmayzeh, avant d’arriver à la montagne, puis à al-Chaghur, pour vérifier si des membres de sa suite et des pages à lui l’avaient quitté ». Al-Jemmayzeh se situait donc en dehors du périmètre habité de Beyrouth à l’époque mameluke (XIV-XVe siècle), la petite cité étant essentiellement centrée plus au sud sur son port gardé par deux tours. Les émirs du Gharb à l’époque de l’ancêtre Nasser el-Din (mort en 1350) avaient établi leurs quartiers près du port pour mieux pouvoir défendre la cité contre les attaques des Francs. Ceux-ci, qui avaient été expulsés de Beyrouth en 1291 par les Mameluks après environ 200 ans de présence presque continue en ce lieu, tentaient constamment d’y revenir à partir de Chypre qu’ils contrôlaient encore ; c’est la raison pour laquelle les émirs qui appartenaient au grand clan druze des Buhturs avaient été chargés par les Mameluks basés au Caire de défendre Beyrouth, recevant en échange de leurs services des fiefs dans la montagne surplombant Beyrouth jusqu’à Damour : le Gharb. Mis à part al-Jemmayzeh, l’auteur Saleh ibn Yahya mentionne dans son ouvrage appelé Târîkh Bayrût (Histoire de Beyrouth) plusieurs endroits situés à l’intérieur et aux alentours de Beyrouth, notamment al-Achrafieh. Ce dernier lieu, quoique situé comme al-Jemmayzeh en dehors de la cité, était habité au XIVe siècle par un clan druze, celui d’un certain Ismaïl ben Hilal d’al-Achrafieh. Cet Ismaïl vivait dans une grande magnificence. Un jour qu’un sultan mameluk débarqua en un lieu connu sous le nom de « demeure des sultans » situé en face d’al-Achrafieh, Ismaïl le reçut et lui offrit notamment un repas matinal qui comportait cent moutons rôtis. Le sultan pensa que c’était le plat de résistance, mais une heure ou deux plus tard, on apporta le grand service. Le sultan en fut dans l’admiration et fit remettre à Ismaïl une robe d’honneur. Puis après cette halte, il s’en alla au-delà d’al-Achrafieh de peur qu’Ismaïl ne fasse assaut de générosité avec lui. D’autres quartiers actuels de Beyrouth sont mentionnés dans le même ouvrage du XVe siècle en tant que fiefs des émirs du Gharb, tels que la ferme, « mazraat », de Bawshriyeh et celle de Dekwaneh, ainsi que des loyers d’oliviers et les revenus d’une savonnerie à Jdaydet Beyrouth. Du côté de la mer, Saleh ibn Yahya mentionne « al-Sanbatieh », qui a plus tard donné son nom à une porte dans les remparts de la ville à l’époque ottomane, « Bab al-Santiyeh », puis à un cimetière musulman ; ce lieu se trouvait à l’époque à l’extérieur de Beyrouth vers le sud-ouest, tout comme al-Jemmayzeh qui s’étendait au nord de la petite ville. Ray J. MOUAWAD
Al-Jemmayzeh, cet ancien quartier de Beyrouth qui fait l’objet d’une campagne pour préserver son caractère historique (voir L’Orient-Le Jour du mercredi 20 septembre 2006), est cité par un auteur druze du XVe siècle, l’émir Saleh ibn Yahya. Parlant de l’un de ses valeureux ancêtres établi à Beyrouth vers 1333, l’émir Nasser el-Din Hussein, l’auteur indique que « quand...