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Actualités - ANALYSE

Analyse Le nucléaire égyptien, nouvelle ère ou effet d’annonce politique ?

L’annonce par l’Égypte de la reprise de son programme nucléaire civil peut marquer le début d’une nouvelle ère ou n’être qu’un effet d’annonce politique, selon des analystes au Caire. Fin septembre, l’Égypte a annoncé la relance de son programme nucléaire civil après un gel de 20 ans, affirmant envisager la construction d’ici à 2020 d’au moins une centrale nucléaire tout au nord du pays, sur la côté méditerranéenne. Le premier dirigeant à avoir levé le voile sur ce dossier-clé a été Gamal Moubarak, fils du président Hosni Moubarak, présenté avec insistance comme son possible successeur à la tête de l’Égypte. Certains commentateurs estiment qu’il s’agit là d’une annonce politique, visant à donner de la popularité à Gamal Moubarak et à un régime pro-occidental qui pâtit, aux yeux des masses, de l’exemple iranien défiant l’Occident. « La radicalisation croissante des cercles politiques égyptiens a contribué à faire monter la pression sur l’Égypte sur ce sujet », estime Mohammad Sayed Said, chercheur au centre d’études stratégiques d’al-Ahram. Mais, selon lui, l’Égypte a certainement dû consulter au préalable Washington « pour ne pas donner l’impression de lancer un défi ». « Faire ce que font les Iraniens n’est pas dans le style du régime Moubarak », note-t-il. Mais à côté des interrogations sur les motivations de politique intérieure, le débat porte surtout sur la course au nucléaire et les implications régionales de la décision de l’Égypte, pays phare du monde arabe. Face à l’arsenal nucléaire israélien, et alors que la crise sur le dossier nucléaire iranien reste à la une de l’actualité mondiale, en plus du projet de la Turquie de construire trois centrales, l’Égypte ne pouvait rester sans agir, selon des analystes. « Ce n’est pas un hasard si l’annonce du Caire intervient alors qu’on s’interroge sur les activités nucléaires de l’Iran », note M. Said, pour qui « l’Égypte avait besoin d’établir une forme de légitimité » au Proche et Moyen-Orient. L’Égypte, qui a signé en 1968 le Traité international sur la non-prolifération nucléaire (TNP), soutient officiellement l’élimination des armes nucléaires dans la région et critique régulièrement Israël. Lancé sous Nasser dans les années 50, le programme égyptien s’est vite concrétisé par la création d’un centre de recherche, mais était de fait gelé depuis la catastrophe de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, en 1986. « Redonner vie à ce programme est faisable, et je crois que cela se fera », estime M. Said. Mais des experts pensent que la volonté égyptienne pourrait être mise à l’épreuve par des pressions qui s’exerceront sur l’Égypte en faveur de la signature d’un protocole additionnel au TNP, donnant de plus larges pouvoirs d’enquête à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Trois de ces experts ont affirmé dans un texte publié dans al-Masri al-Yom qu’une telle signature serait une « catastrophe » pour l’Égypte. « Cela permettra à des inspecteurs d’entrer en Égypte quand ils le veulent et d’aller partout, comme dans des écoles ou des hôpitaux, sans que l’on puisse s’y opposer », ont estimé l’ex-directeur de l’Institut de l’énergie atomique, Ezzat Abdel Aziz, le professeur de chimie nucléaire Hicham Fouad et un membre du Conseil scientifique, Abdel Fattah Helal. Toutefois, pour l’analyste Emad Gad, chercheur au centre d’études stratégiques d’al-Ahram, si les autorités étaient « vraiment sérieuses sur le programme nucléaire, elles n’auraient pas orchestré un tel spectacle ». « Se mettre au travail suffit dans ce cas », affirme-t-il. Jailan ZAYAN (AFP)

L’annonce par l’Égypte de la reprise de son programme nucléaire civil peut marquer le début d’une nouvelle ère ou n’être qu’un effet d’annonce politique, selon des analystes au Caire.

Fin septembre, l’Égypte a annoncé la relance de son programme nucléaire civil après un gel de 20 ans, affirmant envisager la construction d’ici à 2020 d’au moins une centrale...