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Actualités - CHRONOLOGIE

Le père Marwan Tabet prône «l’éducation à la citoyenneté» pour la nouvelle année L’école catholique met en garde contre la montée de l’intégrisme, les problèmes économiques et l’émigration

Avec 193000 élèves, soit 23% de l’ensemble des élèves du pays, et 40% des élèves du secteur privé, l’école catholique représente le groupe éducatif privé le plus important. À moins de 10 jours de la rentrée scolaire du secteur privé, fixée au 9 octobre, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Marwan Tabet, met en exergue les problèmes et les défis de l’école catholique et, de manière plus générale, de l’enseignement privé. Un secteur miné par les problèmes économiques, le fondamentalisme et l’émigration, que la guerre de juillet a irrémédiablement aggravés. Effacer les séquelles de la guerre est aujourd’hui le premier défi des écoles catholiques qui s’organisent en cellules de crise pour faire face aux traumatismes de guerre des enfants. Quant aux destructions des bâtiments suite aux bombardements israéliens, et dont le coût s’élève à environ 1 200000 dollars, elles seront prises en charge par les EAU. «Grâce à la promesse des Émirats arabes unis de reconstruire et de réparer toutes les écoles, nos élèves pourront reprendre le chemin de l’école à temps», indique le secrétaire général des écoles catholiques, tout en remerciant l’émir de Dubaï pour cette initiative. Au total, 27 écoles catholiques ont été touchées, dont 12 partiellement, principalement au Sud et à Nabatiyé, mais aussi à Baalbeck et à Jamhour. Grave crise financière C’est aussi sur fond de graves problèmes économiques que se déroulera la rentrée scolaire des écoles privées, de nombreuses familles n’ayant plus de ressources financières depuis la dernière guerre. «La réalité est dure pour ces familles, malgré les bourses scolaires et les aides de plus en plus substantielles accordées par les établissements scolaires», constate le secrétaire général des écoles catholiques, d’autant que l’État ne fait pas grand-chose pour les épauler. Au-delà de certaines situations individuelles particulièrement dramatiques, les institutions éducatives privées traversent à ce stade une importante crise financière qui risque de mettre leur existence en péril, d’autant que de plus en plus d’élèves se dirigent vers le secteur public. Désormais regroupées sous le sigle de l’Union des institutions éducatives privées du Liban, représentant 96 % des écoles privées du pays, elles ont aujourd’hui réussi à convaincre le ministre de l’Éducation de la gravité du problème. «Ce dernier a d’ailleurs donné son feu vert, précise le père Marwan Tabet, pour l’étude d’une carte éducative qui permettra à tous les élèves des écoles privées d’obtenir une subvention du gouvernement.» Mais ce projet verra-t-il réellement le jour? Nul ne peut le dire à l’heure actuelle. Un autre problème auquel devront désormais faire face les établissements privés est la montée du fondamentalisme et l’extrême politisation des élèves. «Comment stopper l’émergence du confessionnalisme et du sectarisme dans les écoles? Comment éviter les discordes à caractère politique?» se demande le père Tabet, précisant que les écoles catholiques devront adopter des axes éducatifs bien déterminés pour remédier à cette situation et effectuer des choix dont l’objectif représente une priorité nationale. Dans cette optique, le secrétariat des écoles catholiques a proposé à ses écoles le thème de «l’école catholique et l’éducation à la citoyenneté». Un thème qui aborde les trois grands axes du «citoyen et de l’environnement», de «l’interaction humaine et du bien commun», et finalement de «la citoyenneté qui s’apprend et se pratique». À travers ces thèmes, les écoles catholiques entreprendront au cours de l’année scolaire «l’éducation de leurs élèves à la solidarité, aux droits de l’homme, à la paix et au patrimoine libanais», explique ainsi le père Tabet. Défenseur de la convivialité islamo-chrétienne Le secrétaire général des écoles catholiques aborde aussi avec appréhension le problème politico-social et l’incertitude au niveau de la situation sécuritaire qui affectent les progrès intellectuels de l’enfant. «Le travail éducatif nécessite de la quiétude. Or les élèves sont constamment dans l’inquiétude, alors que leurs familles se bousculent aux portes des ambassades», constate-t-il, déplorant que l’école privée prépare les élèves libanais à l’émigration. «Que font aujourd’hui les chefs politiques, et notamment les chefs chrétiens, pour que les élèves des écoles catholiques restent au Liban? La situation va-t-elle permettre aux éducateurs d’accomplir leur tâche de former les citoyens de demain?» se demande-t-il. Pour répondre aux nouveaux défis, l’école catholique tient aujourd’hui à se positionner comme défenseur de la convivialité islamo-chrétienne, qui est à la base de la formule libanaise. Dans cette optique, elle lance un appel aux hommes politiques, afin qu’ils pensent à l’avenir des étudiants, comme citoyens de demain. Elle lance aussi un appel aux parents, leur demandant de dépolitiser leurs enfants et de leur apprendre à effectuer un discernement objectif des priorités sociopolitiques et communautaires. Elle lance de plus un appel aux éducateurs des écoles chrétiennes et musulmanes, les exhortant à s’éloigner du sectarisme et à remettre l’élève sur les axes directionnels basés sur les valeurs de vérité, de justice sociale et du bien commun. L’école catholique lance enfin un appel aux étudiants eux-mêmes, leur demandant de ne pas penser uniquement au quotidien, mais de se projeter comme leaders de demain et comme membres de la société du Liban de demain. Encore faudrait-il que les intéressés sachent tendre l’oreille et accepter de se remettre en question. DOSSIER RÉALISÉ PAR ANNE-MARIE EL-HAGE
Avec 193000 élèves, soit 23% de l’ensemble des élèves du pays, et 40% des élèves du secteur privé, l’école catholique représente le groupe éducatif privé le plus important. À moins de 10 jours de la rentrée scolaire du secteur privé, fixée au 9 octobre, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Marwan Tabet, met en exergue les problèmes et les défis de...