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Coopération Le PNUD au chevet du Liban avec un « nouveau multilatéralisme » comme maître mot GENÈVE - de notre correspondant Zahi HADDAD

Deux jours durant, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), basé à Genève, a mené les débats sur la situation qui prévaut au Liban avec, dans les mains, l’ambitieux programme « ART-Gold Lebanon ». Objectif de l’opération : soutenir un nouveau type de multilatéralisme pour coordonner l’aide internationale destinée au Liban. Née en 2004, l’initiative ART (Appui aux réseaux territoriaux) soutient, sous le sigle Art-Gold, des programmes-cadres nationaux de coopération pour la gouvernance et le développement local. Il s’agit là de créer « un contexte institutionnel organisé de façon à ce que les différents acteurs nationaux et internationaux puissent contribuer au développement humain d’un pays de manière coordonnée et complémentaire ». En d’autres termes, ART cherche à mobiliser les ressources des différentes agences onusiennes et du secteur privé, et à associer les gouvernements nationaux, régionaux et locaux, le tout en favorisant la participation des collectivités locales concernées. Objectif affiché : atteindre, grâce à cette mobilisation, les « Objectifs du millénaire pour le développement » (OMD) adoptés en 2000 par l’ONU (voir encadré). À l’heure actuelle, près d’une trentaine de pays bénéficient de ce programme. Au Liban, « Art-Gold » a été lancé quelques semaines avant la guerre de juillet-août, dont les conséquences ne font que renforcer l’opportunité d’un tel engagement. Les représentants de dix-sept collectivités locales libanaises, du CDR et du ministère de l’Intérieur ont d’ailleurs exposé les besoins actuellement non couverts et l’urgence dans laquelle se trouvent les municipalités libanaises. L’engagement italien et la « caution Mauroy » Autour de ces représentants, une centaine de personnes, déléguées par diverses agences onusiennes et missions diplomatiques basées à Genève, en sus de quelques réseaux internationaux de villes et municipalités européennes, se sont déclarées « émues par les témoignages » présentés et ont évoqué la possibilité de s’engager aux côtés de l’Italie, initiatrice du projet, qui a déjà promis une aide de neuf millions de dollars. Mais, au-delà de la solidarité, Rosa Villeco Calipari, sénatrice italienne, a rappelé que « nous avons surtout besoin d’efficacité et de créativité » loin de toute « attitude paternaliste et de modèles occidentaux » directement applicables. Véritable caution de la conférence, Pierre Mauroy, ancien Premier ministre français et actuel président de la Communauté urbaine de Lille, a pour sa part exprimé sa « sympathie » et sa « solidarité » envers le peuple libanais et a salué l’initiative du PNUD qui « offre un cadre institutionnel » devant permettre aux projets de se mettre en place. « J’espère que ce que nous entreprenons aujourd’hui nous permettra de raviver l’espoir et de nous conduire à la paix », a-t-il encore ajouté. Quelques limites Généralement perçu comme une initiative innovante, ce « nouveau multilatéralisme » a laissé, en coulisses, quelques participants dubitatifs quant au « langage diplomatique » de certains gouvernements et agences onusiennes et à leur aptitude à aller de l’avant. Représentants de collectivités locales européennes, ils préfèrent, pour l’heure, les structures plus légères qu’ils ont déjà mises en place dans leurs relations bilatérales de ville à ville. Un délégué a également exprimé des réserves liées à « une planification encore floue » et s’est surtout interrogé quant à la place que peuvent occuper de petits donateurs face aux poids lourds du Golfe et au milliard de dollars injecté au Liban. Côté suisse, Berne a consenti une aide de quinze millions de francs suisses, qui fait suite à la première tranche d’urgence de cinq millions envoyée cet été. Cette somme, à partager entre le Liban et la Palestine, financera des projets ciblés permettant un redémarrage rapide : accès à l’eau, construction d’abris pour l’hiver, nettoyage environnemental, reprise du travail agricole précédé d’un travail de déminage, etc. À ce dernier titre, les délégués ont souligné le risque que font peser les bombes non explosées sur les efforts de reconstruction. L’unanimité semble s’être aussi faite sur la nécessité de combiner, dans un pays qui compte pas moins de 944 municipalités, le travail de coordination du gouvernement avec une certaine autonomie locale, le tout en gardant l’humain au centre des préoccupations. À n’en point douter, le multilatéralisme façon « Art-Gold » demandera un formidable effort de coordination, pour lequel Pierre Mauroy s’est d’ailleurs engagé avec beaucoup de conviction. C’est seulement ainsi que l’ONU devrait pouvoir séduire, résister aux velléités centrifuges et à la fragmentation des efforts et concrétiser les OMD sur le terrain. Mais, pour l’heure, l’essentiel semble acquis : qu’elle soit multiple ou multilatérale, la mobilisation en faveur du Liban monopolise les attentions.
Deux jours durant, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), basé à Genève, a mené les débats sur la situation qui prévaut au Liban avec, dans les mains, l’ambitieux programme « ART-Gold Lebanon ». Objectif de l’opération : soutenir un nouveau type de multilatéralisme pour coordonner l’aide internationale destinée au Liban.
Née en 2004, l’initiative ART...