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Les experts soulignent la nette rupture entre les deux pontificats Benoît XVI moins diplomate que Jean-Paul II ?

Depuis les attentats du 11 septembre, il y a cinq ans, l’image de l’islam dans le monde continue de se détériorer en étant faussement liée au terrorisme. Et les derniers propos du pape Benoît XVI sur la guerre sainte ont justement déclenché une polémique sans précédent parce qu’ils ont été interprétés par des millions de musulmans comme des propos liant l’islam à la violence. Malgré les regrets publics du Vatican, les experts soulignent la nette rupture entre le pontificat de Benoît XVI et celui de Jean-Paul II. Sandro Magister, vaticaniste de l’hebdomadaire L’Espresso, écrit sur son site Internet que Benoît XVI, ancien gardien rigoureux de la doctrine catholique, est partisan de « moins de diplomatie et davantage d’Évangile », contrairement à son prédécesseur Jean-Paul II qui communiquait habilement avec tous les leaders religieux. C’est ce critère, selon Magister, qui a conduit le pape à prononcer au cours de son voyage en Allemagne, la semaine dernière, des paroles aussi politiquement incorrectes et potentiellement explosives. Mohammad Sammak, secrétaire général de la commission pour le dialogue islamo-chrétien, nous rappelle que Jean-Paul II avait clairement fait la différence entre islam et terrorisme, juste après les attentats du 11 septembre. « Les regrets de Benoît XVI doivent servir de base pour reprendre le dialogue islamo-chrétien qu’avait soutenu son prédécesseur », indique M. Sammak. Selon lui, le pape actuel devrait être plus conscient de la situation des chrétiens au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique. « Jean-Paul II leur donnait une plus grande importance, et surtout aux chrétiens dans le monde arabe. Et le Liban, qu’il considérait comme un “pays message”, donne cet exemple de dialogue islamo-chrétien qu’il souhaitait, explique M. Sammak. Nous ne souhaitons absolument pas que la stratégie de dialogue qu’avait construite Jean-Paul II avec le monde musulman soit brouillée », insiste-t-il. Mais comment alors corriger cette image si détériorée de l’islam dans le monde ? De nombreux journaux se demandaient même, en début de semaine, si l’Occident devait renoncer à la liberté de pensée et accepter que l’islam devienne un tabou après les polémiques provoquées tant par la publication des caricatures de Mohammad, l’an dernier, que par les propos du pape Benoît XVI, mardi dernier. Bien que tous n’écartent pas la responsabilité du souverain pontife dans la crise, beaucoup soulignaient toutefois le risque pour le monde occidental de céder au chantage des islamistes. M. Sammak note à cet effet que le problème n’est pas dans les déclarations du pape, mais dans le timing du discours qui s’inscrit dans un contexte politique très sensible. « L’un des grands défis des musulmans aujourd’hui est d’empêcher certains extrémistes, qui sont de mauvaise foi, de nuire à l’image de l’islam dans le monde. Malheureusement, les autorités religieuses musulmanes, comme l’Organisation de la conférence islamique (OCI), prennent très peu d’initiative à ce sujet », indique M. Sammak. En 2005, l’OCI avait chargé une commission constituée de 35 experts musulmans – dont Mohammad Sammak – d’améliorer l’image de l’islam dans le monde occidental à travers les médias et les institutions culturelles et académiques. « Bien que de nombreux projets aient été approuvés, rien n’a été entrepris jusqu’à ce jour. Je ne suis pas dans une position de blâmer l’OCI pour son inaction, mais nous avons besoin d’agir rapidement car cette crise a un effet boule de neige », poursuit M. Sammak. La polémique, bien que relativement contenue, risque de s’aggraver à l’avenir s’il n’y a pas de sensibilisation sérieuse au sujet de l’islam, surtout dans le contexte politique actuel. Beaucoup, dans le monde musulman, parlent de « complot américano-sioniste », comme le guide suprême iranien, Ali Khamenei. En Arabie saoudite, le journal al-Yom estime que les propos du pape s’inscrivent dans le courant de pensée des néoconservateurs américains. Pour de nombreux experts, la stratégie du Vatican envers l’islam est désormais « à reconstruire » entièrement. Rania MASSOUD
Depuis les attentats du 11 septembre, il y a cinq ans, l’image de l’islam dans le monde continue de se détériorer en étant faussement liée au terrorisme. Et les derniers propos du pape Benoît XVI sur la guerre sainte ont justement déclenché une polémique sans précédent parce qu’ils ont été interprétés par des millions de musulmans comme des propos liant l’islam à...