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Actualités - interview

Interview - La ministre française de la Défense souhaite des « progrès rapides » dans l’application de l’embargo sur les armes Alliot-Marie : Le Liban-Sud doit passer entièrement sous le contrôle de l’armée libanaise, avec l’aide de la Finul Plus

Attendue lundi prochain à Beyrouth pour son premier déplacement au Liban depuis le début de la crise, le 12 juillet, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, souligne, dans une interview à « L’Orient-Le Jour », la nécessité de faire du Liban-Sud « une région entièrement contrôlée par l’armée libanaise, avec l’aide de la Finul renforcée ». Mme Alliot-Marie exprime en outre le souhait de la France que des « progrès rapides » soient réalisés dans la sécurisation des frontières du Liban et la mise en œuvre de l’embargo sur les armes prévu par la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Réaffirmant l’engagement constant de Paris aux côtés du Liban, Mme Alliot-Marie rappelle que « la France, plus que d’autres, connaît le prix du sang pour cet engagement ». «La France est un partenaire des plus actifs au service de la paix et de la reconstruction du Liban. Lorsque l’ONU a souhaité envoyer une force pour mettre en œuvre la résolution 1701, nous avons posé certaines conditions à l’augmentation de notre contribution à la fois pour assurer l’efficacité de la mission et pour garantir la sécurité de nos hommes. Il n’était pas question d’engager nos soldats dans une mission difficile sans ordres clairs, ni alliés en nombre suffisant. Plus que d’autres, la France connaît le prix du sang pour son engagement aux côtés du Liban », affirme Mme Alliot-Marie. « Du Liban et d’Israël, la France a obtenu l’assurance que la force (de l’ONU) serait à même de remplir sa mission sur le terrain. La France a demandé au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, une chaîne de commandement et des règles d’engagement garantissant la légitime défense, la libre circulation de la Finul renforcée et permettant que l’ordre de riposte puisse être donné à nos forces. Ces garanties étaient d’ailleurs tout autant attendues des autres pays européens impliqués que de nous-mêmes », ajoute-t-elle. « Nos soldats, engagés depuis quelques jours sur le terrain, ont aujourd’hui une chaîne de commandement claire, des ordres explicites, des règles d’engagement robustes, une sécurité supérieure et une participation des alliés consistante. » « Dans la situation actuelle, notre approche et nos objectifs politiques sont connus : affirmer la souveraineté du Liban et permettre le déploiement de l’armée libanaise, assurer la sécurité de la frontière, œuvrer à la construction d’un Proche-Orient apaisé et démocratique, ce qui passera par la négociation d’une solution durable et un règlement des contentieux entre les différents États de la région », poursuit la ministre, selon laquelle « la résolution 1701 offre le cadre d’une solution durable pour la souveraineté du Liban sur la totalité de son territoire et pour la sécurité d’Israël. Ainsi chacun est placé devant ses responsabilités. » « La France souhaite des progrès rapides concernant la sécurisation des frontières et le contrôle de l’embargo sur les armes. La résolution 1701 – et notamment ses paragraphes 14 et 15 – prévoit que le gouvernement libanais doit renforcer les contrôles aux frontières afin d’assurer le respect de l’embargo sur les armes », rappelle Mme Alliot-Marie. « Le président de la République, M. Jacques Chirac, a donné une réponse positive à la demande du secrétaire général des Nations unies pour que la France, qui a maintenu son dispositif dans le cadre de l’opération Baliste, accompagne utilement les efforts du gouvernement libanais, et assure, à titre transitoire, la surveillance des côtes libanaises aux côtés de bâtiments italiens et grecs en attendant la mise en place du dispositif allemand, poursuit la ministre, expliquant que le dispositif français (…) est constitué des deux frégates Cassard et Montcalm et de leurs hélicoptères déjà sur zone et d’un transport de chalands de débarquement. Il s’est déployé dans la zone des 6 à 12 milles nautiques, dès que les Israéliens ont levé le blocus maritime. » « Cette participation est un appui transitoire à la marine libanaise pour l’aider à assurer la surveillance de ses côtes, en attendant la mise en place définitive de la composante maritime de la Finul. Nous nous réjouissons que ce déploiement ait contribué à la levée du blocus maritime », souligne-t-elle. « L’attachement des Français au Liban est connu » Interrogée sur sa visite prochaine à Beyrouth, Mme Alliot-Marie répond : « Je ne me suis pas rendue au Liban lors du déclenchement de la crise en juillet dernier car je ne souhaitais pas, par ma venue, perturber la mission des personnels engagés dans l’opération Baliste d’évacuation et de protection des ressortissants. J’ai considéré qu’ils avaient plus et mieux à faire que d’accueillir leur ministre à ce moment-là ! En revanche, j’ai tenu à apporter mon soutien à nos troupes en me rendant à Larnaca. » « Les militaires français qui œuvrent au service de la paix sur des théâtres extérieurs difficiles savent que je n’hésite jamais à me rendre auprès d’eux pour leur témoigner mon soutien et celui de nos concitoyens. Je serai très heureuse de retrouver le Liban, pays pour lequel j’éprouve comme tous les Français une profonde amitié », dit-elle. « La France joue un rôle particulier au Liban. Notre relation est extrêmement ancienne et étroite. L’attachement des Français au Liban est connu et je crois réciproque. » « Dès le début de la crise, en quatre jours seulement, la France s’est mobilisée selon la volonté du président Chirac. Nos premiers renforts parvenaient à Chypre et à Beyrouth dès le 17 juillet dernier pour porter assistance aux populations civiles et pour évacuer les ressortissants qui le souhaitaient. La résolution 1701, élaborée largement à l’initiative de notre pays, et adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies le 11 août, a permis de mettre un terme aux combats. Face aux souffrances et destructions innombrables dans ce pays si proche de nous et dans cette région si sensible pour la paix dans le monde, la France a réagi immédiatement aux besoins les plus urgents pour faire parvenir de l’aide humanitaire, souvent d’ailleurs dans des conditions difficiles », relève Mme Alliot-Marie. « Parallèlement à l’application de la résolution 1701, il faut maintenant aider le Liban à se reconstruire. Le gouvernement libanais a établi ses priorités en matière de reconstruction. Nous répondons donc à ses priorités et à ses demandes avec une aide de près de 40 millions d’euros. L’acheminement en urgence de 15 ponts métalliques Bailey pour lesquels notre pays a mobilisé également près de 200 soldats du génie constitue une contribution française décisive au rétablissement des communications routières, cela devrait favoriser à la fois le déploiement de l’armée et de la Finul et le retour des personnes déplacées. L’ambassadeur de France au Liban, M. Bernard Émié, a d’ailleurs inauguré le 7 septembre, à Damour, en présence des ministres français et libanais des Transports, MM. Dominique Perben et Mohammad Safadi, le premier de ces ponts. » « La conférence de Stockholm du 31 août 2006 était destinée à couvrir les besoins immédiats de reconstruction du Liban, notamment dans le secteur des infrastructures, de la santé et de l’éducation. Au-delà, la France continuera à accompagner le Liban dans son effort de redressement afin de faire en sorte que les efforts que le Liban a consentis depuis de nombreuses années ne soient pas, aujourd’hui, réduits à néant. » La coopération avec l’armée libanaise « Il faut bien rappeler que l’action de la France s’inscrit dans le cadre de la résolution 1701 des Nations unies qui définit les missions de la Finul renforcée. C’est d’une part, le contrôle de la cessation des hostilités et d’autre part, l’accompagnement et l’appui des forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans le sud du pays », réaffirme la ministre. « Il ne s’agit donc pas d’une action unilatérale de la France mais bien de celle de la Finul, d’une opération relevant des Nations unies et qui ne vient pas se substituer à l’action de l’armée libanaise », insiste-t-elle. « Je note, avec satisfaction, que l’arrivée des premiers renforts de la Finul a effectivement donné un nouvel élan au mouvement parallèle du retrait israélien et du déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud. Je me réjouis de constater que les réunions tripartites « armée libanaise – armée israélienne – Finul » se déroulent dans de bonnes conditions et permettent la mise en œuvre effective du dispositif prévu par la résolution 1701. » « Je ne vous surprendrai pas en vous disant que la France demeure ouverte, plus que jamais, aux sollicitations que lui adresseront les autorités libanaises en matière de coopération et de défense. Un dialogue important existait déjà sur cette question et ce, bien avant la crise de juillet 2006. J’avais rencontré M. Fouad Siniora au mois de février. Nous nous sommes entretenus au téléphone à plusieurs reprises depuis ce premier contact », ajoute Mme Alliot-Marie. « Nous venons de répondre favorablement à la demande de l’armée libanaise de cession gratuite de matériels de transmissions, de campement et de maintenance de véhicules de l’avant blindé (VAB). Plus encore que du matériel, nous sommes prêts à contribuer à la formation accélérée de l’armée libanaise. D’une manière générale, pour la France, toute aide émanant de la communauté internationale en faveur du Liban doit s’ajouter à la volonté et aux efforts des Libanais, et non s’y substituer », souligne-t-elle. « En ce qui concerne la contribution française à la Finul, notre participation est exclusivement régie par les textes qui définissent son concept opérationnel, sa chaîne de commandement et ses règles d’engagement. D’une manière générale, la France a toujours apporté son soutien au gouvernement du Premier ministre libanais, Fouad Siniora, et elle a toujours tenu à affirmer l’autorité du gouvernement libanais afin qu’il recouvre le monopole de l’utilisation de la force sur l’ensemble de son territoire, y compris le sud du pays. Cette région doit devenir une zone entièrement contrôlée par l’armée libanaise avec le soutien de la Finul renforcée », lance-t-elle. « Nous renouvelons au Premier ministre notre confiance pour prendre toutes les mesures concrètes qui s’imposeront, à l’instar de la création, au sein de son cabinet, à la suite de la conférence de Stockholm, d’une cellule pour l’aide et le redressement chargée d’assurer la coordination des efforts de reconstruction », conclut Mme Alliot-Marie. Propos recueillis par Élie MASBOUNGI

Attendue lundi prochain à Beyrouth pour son premier déplacement au Liban depuis le début de la crise, le 12 juillet, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, souligne, dans une interview à « L’Orient-Le Jour », la nécessité de faire du Liban-Sud « une région entièrement contrôlée par l’armée libanaise, avec l’aide de la Finul renforcée ». Mme...