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Actualités - OPINION

Éclairage La grève des fonctionnaires palestiniens, un mouvement social mais aussi politique

La grève des fonctionnaires palestiniens reflète l’exaspération de la rue face à la crise financière, mais permet aussi au Fateh, le parti du président Mahmoud Abbas, d’accentuer la pression sur le gouvernement contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, estiment des analystes. Les fonctionnaires observent une grève illimitée depuis samedi à l’appel de leurs syndicats, proches du Fateh, pour réclamer le versement de leurs salaires, impayés ou très partiellement reçus depuis mars, date de l’entrée en fonctions du Hamas et la suspension des aides internationales directes. Le mouvement, largement suivi, perturbe fortement les services publics, en tête desquels les écoles, et risque de les paralyser entièrement si la grève s’étend. « Cette grève est un message clair des Palestiniens au gouvernement et au monde : c’en est assez de ne pas recevoir de salaire, c’en est assez du blocus, c’en est assez des opérations militaires israéliennes, c’en est assez du bouclage des territoires », affirme l’analyste et écrivain palestinien Hani Habib. Les donateurs occidentaux – principalement l’Europe et les États-Unis – considèrent le mouvement Hamas comme une organisation terroriste et ont décidé de couper leurs aides financières directes au gouvernement palestinien qui en est issu. La crise financière et politique dans les territoires – aggravée par les opérations israéliennes meurtrières dans la bande de Gaza lancées en juin après l’enlèvement d’un soldat – paraît sans issue, et le Fateh tente de tirer son épingle du jeu en profitant des difficultés du gouvernement Hamas, estime le Dr Abou Alaa, professeur de littérature à Gaza. « Cette grève s’inscrit dans le cadre de la bataille politique entre le Hamas et le Fateh qui a éclaté après la victoire du Hamas en janvier et la formation du gouvernement », explique-t-il. « La souffrance des Palestiniens est, bien sûr, à l’origine du mouvement, mais elle est aussi instrumentalisée » par le Fateh, ajoute le professeur. Le Fateh, qui a perdu son hégémonie après 10 ans de pouvoir sans partage, mise notamment sur le ras-le-bol des Palestiniens pour revenir sur le devant de la scène, à travers un gouvernement d’union nationale qui pourrait permettre une reprise des aides internationales. « Le Fateh utilise la grève pour parvenir à la formation d’un gouvernement d’union nationale » car « c’est la seule porte de sortie », estime le Dr Abou Alaa. « La grève contraindra le Hamas à intensifier les discussions avec le Fateh pour former ce gouvernement », dit-il. Discours de Haniyeh Persuadés que le moment est propice pour arracher des concessions du Hamas, les responsables du Fateh mettent ouvertement la pression sur le mouvement radical. Le chef du groupe parlementaire du Fateh, Azzam el-Ahmad, a ainsi affirmé hier que le président Abbas « pourrait dissoudre le gouvernement avant la fin du mois » si l’impasse persistait. Il a accusé le Hamas d’être « impuissant » et de ne pas « s’attaquer sérieusement aux raisons du blocus », en référence aux conditions posées par la communauté internationale pour reprendre le versement des aides : reconnaissance par le gouvernement Hamas du droit à l’existence d’Israël, des accords signés avec Israël et renoncement à la violence. « Certains essaient d’utiliser la grève et de l’étendre pour dénigrer le gouvernement », a accusé, pour sa part, le Premier ministre Haniyeh hier. « Nous mettons en garde contre ces actes qui peuvent avoir de dangereuses conséquences sur la situation sociale et l’unité nationale », a-t-il ajouté. Le porte-parole du gouvernement palestinien a par ailleurs annoncé hier que Ismaïl Haniyeh prononcera dans les prochains jours un discours portant sur la crise financière, la situation sécuritaire et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Selon la presse palestinienne, il pourrait prononcer ce discours jeudi.
La grève des fonctionnaires palestiniens reflète l’exaspération de la rue face à la crise financière, mais permet aussi au Fateh, le parti du président Mahmoud Abbas, d’accentuer la pression sur le gouvernement contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, estiment des analystes.
Les fonctionnaires observent une grève illimitée depuis samedi à l’appel de leurs syndicats, proches du...