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Actualités - OPINION

L’État dans tous ses états

Le Hezbollah ne sera jamais désarmé ou éliminé par la force. Israël s’en est rendu compte lors de la dernière guerre. Pour résoudre le problème qu’ il pose, il faut résoudre les problèmes qui ont causé son apparition, à savoir, l’absence de l’État, de la protection sociale qu’il est censé assurer aux plus pauvres et aux plus démunis, mais aussi la marginalisation d’une communauté depuis l’indépendance, en 1943. C’est bien pourquoi le Hezbollah est apparu en sauveur aux yeux d’une grande partie des Sudistes. Cet État dans l’État ne prélève pas d’impôts, ni directs ni indirects, de la population sudiste. Il offre pourtant de nombreux services: du travail pour la population active, une branche armée qui protège la population de l’ennemi et puis, quand la guerre est terminée, il offre généreusement un an de loyer à ceux qui ont perdu leur maison. En quelque sorte, cet État est idéal. Il offre tout sans rien demander. Mais un seul bémol comme même: d’où se procure-t-il tout cet argent? La population qui profite de ses services ne veut même pas le savoir et sayyed Nasrallah ne répond jamais à cette question. À mon avis, la solution à ce problème ne consiste pas à supprimer le Hezbollah mais à le dissoudre, car, comme le dit le dicton connu par tous les chimistes: «Rien ne se perd, rien ne se crée mais tout se transforme.» Il faut donc transformer le Parti de Dieu – dont le secrétaire général a vivement critiqué l’État libanais dernièrement – en un ami de l’État libanais et établir un climat de confiance entre cet État et le Hezbollah. Cela passe par plusieurs points: – Le Hezbollah communique au gouvernement libanais, ou du moins au ministre de la Défense, tous les détails de son arsenal (armes, roquettes). Les deux parties décident de n’en rien révéler, selon la volonté de sayyed Nasrallah. – Un Conseil de défense, à durée limitée, est formé par des experts militaires du ministère de la Défense d’un côté, du Hezbollah de l’autre. Cet organisme, composé d’une dizaine de membres, aura pour fonction de prendre des décisions au niveau militaire et sera chargé de la coordination entre le Hezbollah et l’État. Les armes du Hezbollah et de l’armée ainsi que leurs effectifs seront à sa disposition. – Le Hezbollah communique uniquement au gouvernement le montant de son budget pour la reconstruction. Ici aussi, une coordination doit être établie entre lui et le gouvernement pour la reconstruction des zones sinistrées. Laisser le Hezbollah reconstruire tout seul les villages détruits représenterait un suicide politique pour l’État, qui aura une occasion en or de redorer son blason aux yeux des chiites. – La question sociale est primordiale. Une cellule de crise doit être formée, comprenant des membres du ministère des Affaires sociales et ceux qui sont en charge de ce département du côté du Hezbollah. Les moyens que possèdent le Hezb et l’État seront à la disposition de cette cellule, laquelle aura pour rôle d’assurer un toit aux plus démunis notamment. – Le Hezbollah annonce publiquement qu’il renonce à toute aide militaire ou humanitaire venant d’Iran, de Syrie ou d’ailleurs, et invite les donateurs à adresser leurs dons au Conseil de défense ou à la cellule de crise. – Le Hezbollah annonce qu’il respecte l’État libanais et qu’il travaillera pour la construction d’un État fort, ce qui impliquerait sa dissolution. Attention! Dissolution ne signifie pas disparition... – Le Hezbollah se résout à critiquer sévèrement tout propos du président syrien critiquant M. Siniora ou les forces du 14 Mars. Le Hezbollah est une vraie force politique. Utilisons-la pour le bien de l’État et ne nous bornons pas à la combattre. Il faut juste lui ôter sa raison d’être: la privation, la guerre et la pauvreté des régions du Sud. Nous voulons un seul État fort au Liban et non plus un État dans l’État. Khalil CHÉHADÉ
Le Hezbollah ne sera jamais désarmé ou éliminé par la force. Israël s’en est rendu compte lors de la dernière guerre. Pour résoudre le problème qu’ il pose, il faut résoudre les problèmes qui ont causé son apparition, à savoir, l’absence de l’État, de la protection sociale qu’il est censé assurer aux plus pauvres et aux plus démunis, mais aussi la marginalisation d’une...