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L’horreur de la guerre affecte moins les enfants des partisans du Hezbollah

Les convictions religieuses protègent les enfants contre les traumatismes de la guerre, assurent des thérapeutes, et les familles liées au Hezbollah semblent avoir mieux résisté à la récente offensive d’Israël au Liban. C’est ce que montre le reportage de Roula Kabbara, de l’AFP. Insomnie, cauchemar, anxiété, irritabilité, agressivité, maux d’estomac, repli sur soi et même amnésie sont les symptômes les plus répandus chez les enfants qui ont traversé des épisodes de violence et d’horreur. Mais la force morale des parents et l’admiration qu’inspirent aux familles les chefs du parti de Dieu sont de puissants palliatifs, assurent les spécialistes. « Hassan Nasrallah a accompli l’essentiel du travail de soutien psychologique durant la guerre », explique en souriant la psychologue Ola Ataya. « Maintenant, c’est à nous d’agir », assure la jeune femme qui coordonne le travail de l’association Samidoun, un groupe laïc de secours psycho-social qui compte 44 volontaires. Cette jeune femme, qui a travaillé dans des centres de déplacés à Beyrouth, reconnaît avoir été frappée par « la sérénité émanant des familles chiites animées par l’idée du sacrifice chère au Hezbollah ». Elle la compare à la colère qui habitait celles du village sunnite de Marouahine, théâtre d’un des premiers massacres de la guerre lorsque vingt-trois civils ont été brûlés vifs dans un convoi. « Ils fulminaient contre cette guerre », se souvient-elle. Pour la psychanalyste Anicée el-Amine Merhi, qui participe à l’élaboration d’un plan national de soutien psychologique, le degré de déséquilibre des enfants dépend de l’attitude des parents. « Si les parents sont là et protègent leurs enfants, ils peuvent minimiser au maximum les dégâts, garantit-elle. Cela ne signifie pas que l’événement ne sera pas enregistré dans l’inconscient de l’enfant, mais ce ne sera pas de manière pathologique. » Ce docteur en psychologie considère que « la foi dans la victoire contre un ennemi offre aux sympathisants du Hezbollah une équanimité face aux malheurs et cette attitude procure à leurs enfants un sentiment de protection ». Par contre, le cas d’un garçonnet de 7 ans, Tarek, originaire de Marouahine, a illustré combien l’attitude des parents peut influencer les réactions d’un enfant dans un environnement de violence. Lorsque le Dr Merhi a rencontré Tarek dans un centre de réfugiés à Beyrouth, il était atteint d’une paralysie faciale. Il avait assisté à la mort de plusieurs de ses copains, mais la psychanalyste a pu établir que sa paralysie n’est survenue qu’après un acte de violence commis par son père sur un autre déplacé. « C’était une réaction face à son père, assure-t-elle. Tant que l’enfant voit son père gérer la situation, il n’est pas effrayé, même face au trépas, car il ne saisit pas la représentation de la mort. C’est seulement quand le père perd le contrôle, qu’il détruit son enfant. » Après trois jours de jeux et de dessins, la paralysie de Tarek a disparu. « C’était facile à rattraper, car chez les enfants ces troubles ne sont pas consolidés », note Mme Merhi. M. Walid Oueini, professeur de psychologie à la Lebanese American University de Beyrouth, estime, lui, que la pire des choses est l’incertitude. « Je pense que les enfants dont les parents étaient hostiles à ce conflit avec Israël, qui ont entendu des explosions et ont vu les destructions à la télévision, sont parfois sujets à une angoisse plus effrayante que ceux qui ont subi directement la guerre. Chez les partisans du Hezbollah, ils sont tous sur la même longueur d’onde, à savoir que la guerre et les destructions valaient la peine. » Mais, prévient-il, il y a un côté négatif à cette façon de voir. « La guerre et la mort sont pour un enfant l’équivalent d’un abus sexuel, remarque-t-il. D’un côté, l’enfant devient mûr, conscient des choses de manière prématurée, et, de l’autre, c’est toujours un être naïf. Il a découvert la mort, le sang et pourtant c’est un enfant qui a besoin de jouer. On lui inculque la colère et la revanche. Pourtant, il est fondamental qu’il sache qu’il y a autre chose que la violence. Les enfants ne peuvent pas assumer ce lourd fardeau. »
Les convictions religieuses protègent les enfants contre les traumatismes de la guerre, assurent des thérapeutes, et les familles liées au Hezbollah semblent avoir mieux résisté à la récente offensive d’Israël au Liban. C’est ce que montre le reportage de Roula Kabbara, de l’AFP.
Insomnie, cauchemar, anxiété, irritabilité, agressivité, maux d’estomac, repli sur soi et même...