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Actualités - CHRONOLOGIE

FMI - La première phase de la réforme consistait à augmenter des quotes-parts au capital du Fonds L’UE confrontée à une remise en cause de sa représentation

La réforme des droits de vote au sein du Fonds monétaire international (FMI) va contraindre l’Union européenne, si elle ne veut pas en être la grande perdante, à se poser sérieusement la question d’une représentation consolidée, voire unifiée, estiment des experts européens. La surreprésentation actuelle de l’Europe, et notamment de ses petits États membres comme la Belgique, les Pays-Bas ou la Suède, au détriment des grands pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, est en effet invoquée de manière insistante par les avocats de cette réforme, principalement les États-Unis. « Si les Européens jouent la montre, ils se feront imposer la réforme », estime l’économiste Jean Pisani-Ferry, directeur du laboratoire économique bruxellois Bruegel. « Ils doivent au contraire prendre l’initiative et vendre cher une solution acceptable pour les autres », dit-il, en regrettant la prédominance actuelle des intérêts de boutique. La première phase de la réforme, présentée le 31 août par le directeur général du FMI Rodrigo Rato, augmente les quotes-parts au capital du Fonds (qui déterminent le poids respectif des pays membres) de quatre pays particulièrement sous-représentés au regard de leurs poids économique actuel : la Chine, la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie. Mais d’ici à 2008, le FMI devrait adopter une nouvelle formule, remplaçant un mode de calcul remontant à sa création en 1944, qui redistribuera logiquement les droits de vote en faveur des économies émergentes. Au FMI, « l’Europe est potentiellement très forte, mais elle est divisée et pèse en réalité très peu », a souligné un responsable proche des autorités monétaires belges. « L’Europe se fait surtout remarquer par son manque de leadership, par son incapacité à se mettre en situation de responsabilité globale » à l’inverse des États-Unis, renchérit M. Pisani-Ferry. Pour le responsable belge, la campagne actuelle de « stigmatisation d’un certain nombre de petits pays » fait oublier que le vrai problème est « le fonctionnement du FMI, de son conseil d’administration, du pouvoir exercé par le G7 (des grands pays industrialisés) et un pays dominant (les États-Unis) en particulier ». Même si on va rarement au vote au FMI, Washington, rappelle-t-on, dispose d’un veto avec une quote-part de 17,5 %, puisque toute décision importante requiert 85 % des droits de vote. « La question n’est pas la Belgique contre la Chine », s’indigne le responsable belge, en rappelant au passage que le royaume représente au conseil d’administration du FMI une « constituante » de dix pays, dont la Turquie. Les directeurs exécutifs des petits pays « sont très appréciés au FMI, parce qu’ils jouent un peu le rôle des administrateurs indépendants pour une entreprise », dit-il. La seule manière pour l’Europe de compenser, et même au-delà, la réduction des droits de vote de ses pays membres (aujourd’hui plus de 32 % en cumul pour les 25) serait de parler d’une seule voix. « Une réflexion fondamentale doit s’ouvrir en Europe sur ce sujet », estime la même source, en soulignant la difficulté présente de simplement coordonner les positions des Européens. « Les politiques doivent s’impliquer », ajoute-t-il. Pour Jean Pisani-Ferry, c’est bien le président de l’Eurogroupe, le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui devrait lancer le débat. « Nous avons réussi à faire exister la zone euro dans les consultations internationales », souligne-t-il, le FMI examinant désormais la zone elle-même dans sa surveillance des économies des pays membres. De toute façon, estime le patron de Bruegel, « la prise en compte de la dimension régionale par le FMI » se pose aujourd’hui pour l’Europe, et certainement demain pour l’Asie, et constituerait « une évolution assez forte du système multilatéral », au-delà des seules questions monétaires et financières.
La réforme des droits de vote au sein du Fonds monétaire international (FMI) va contraindre l’Union européenne, si elle ne veut pas en être la grande perdante, à se poser sérieusement la question d’une représentation consolidée, voire unifiée, estiment des experts européens.
La surreprésentation actuelle de l’Europe, et notamment de ses petits États membres comme la...